Dans la grande rétrospective qu’il consacre à Fernand Léger (1881-1955), le centre Pompidou-Metz met en lumière un artiste qui réinvente sans cesse sa peinture. La superbe exposition qui démarre ce week-end permet de comprendre comment l’artiste fut au contact de la poésie, du cinéma, du spectacle et de l’architecture de son époque.
Fernand Léger est un « artiste qui sort du cadre de son chevalet », affirme la commissaire d’exposition Ariane Colondre. Vingt ans après Pompidou-Paris, Pompidou-Metz offre, dans une rétrospective qui ouvre ce week-end en galerie 1, une vision renouvelée de ce peintre de l’avant-garde cubiste qui a sans cesse joué sur le contraste des couleurs et des formes. «Pour moi, écrivait-il, la figure et le corps humain n’ont pas plus d’importance que des clefs ou des vélos.»
Si l’exposition messine présente les plus grands chefs-d’œuvre de l’artiste comme La Noce (1911-1912), La Partie de cartes (1917) ou Les Constructeurs (1950), elle révèle surtout un artiste qui s’est intéressé à la poésie, au cinéma, au spectacle et à l’architecture. Sur une centaine d’œuvres exposées, la moitié provient de Pompidou-Paris. « Fernand Léger a nourri une grande complicité avec le poète suisse Blaise Cendrars », rappelle Ariane Coulondre précisant que cette expérience s’en ressent sur sa peinture. « Dans son tableau Le Typographe (1919), on voit que la lettre a perdu sa signification et sert de repère. »
De la même manière, Léger, intéressé par le cinéma et fasciné par le personnage mécanique de Charlot, n’hésite pas à mettre son art au service des réalisateurs de son époque. Il conçoit les affiches du film La Roue d’Abel Gance et réalise les décors pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier, film qui sera projeté en plein air le 5 juillet sur le parvis du musée.
«Le beau est partout»
« En 1924, Léger réalise son propre film, Ballet mécanique qui est entièrement basé sur des contrastes d’objets. Il n’y a pas de scénario et pas d’acteurs. Il travaille le cinéma comme un peintre. » De la collaboration de Léger avec les Ballets suédois, le public découvrira notamment, l’immense rideau de scène qu’il a réalisé en 1922 pour Skating Ring . Un spectacle pour lequel il a aussi créé les costumes et les décors. « Cette thématique des danseurs va ensuite apparaître dans sa peinture », précise Ariane Coulondre. Il en sera de même avec le cirque, un art qui influence des toiles comme celles des Grands plongeurs noirs (1944) ou l’architecture moderne, qui trouve son paroxysme avec cette toile de 10 mètres baptisée Le Transport des forces (1937).
« Quand Léger dit que « le beau est partout », il a conscience que la vie est pleine de stimulations et que le beau n’est plus dans les musées. Il lui faut alors créer des œuvres aussi puissantes. » Un pari, à l’évidence, largement réussi.
Gaël Calvez (Le Républicain lorrain)
Du 20 mai au 30 octobre. Ouverture du Pompidou-Metz : 10 h-19 h le vendredi, samedi, dimanche. 10 h-18 h les lundi, mercredi et jeudi. Fermé le mardi.