Dès qu’il sort de prison, Andy, polytoxicomane, vole pour acheter des drogues. Il comparaissait hier pour cinq vols commis lors de sa dernière remise en liberté.
Andy, petit gars au physique généreux, se signe avant le début de l’audience. Les menottes qui entravent ses mouvements ne lui ont pas encore été ôtées par les policiers qui l’accompagnent depuis le centre pénitentiaire de Schrassig, où il est incarcéré depuis le 19 octobre 2021 en détention préventive.
Le geste est peu habituel et résume l’état d’esprit de ce jeune homme de 35 ans quant à ce qui l’attend. Il comparaissait hier face à la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg pour une série de vols. Cinq en tout entre septembre 2020 et le 18 octobre 2021.
«J’ai pratiquement toujours été en prison ces dix dernières années», explique Andy à la barre. Avant cela, il vivait dans la rue de petits larcins. «J’étais polytoxicomane. Je n’arrivais pas à prendre ma vie en main», s’excuse le prévenu. «Je ne me souviens plus de tout ce que j’ai fait le soir des derniers faits. J’avais pris du bromazépam. J’ai repris conscience quand la police m’a arrêté à Dudelange.»
Le 18 octobre 2021 dans la soirée, il vide des caves et ouvre des voitures après avoir pris des drogues. Le jeune homme est en aveux. Il a volé deux passeports, un équipement de handball, deux vélos et une collection d’objets en lien avec le Bayern de Munich. «Je ne savais même pas que j’étais à Dudelange. Je voulais aller chez ma mère à Esch-sur-Alzette, indique Andy. Je volais des choses pour les revendre.»
«Je faisais le tour des quartiers et j’essayais d’entrer là où je pouvais pour voler des choses. J’ai beaucoup volé, note Andy. Je faisais aussi le tour des voitures. Beaucoup de gens oublient de les fermer à clé ou de remonter les vitres.» Entre le 13 et le 16 août 2021, il subtilise 20 euros et une paire de lunettes de soleil dans une voiture stationnée au parking Royal Hamilius, à Luxembourg. Un mois plus tard, il vole une paire de lunettes de vue, une paire de lunettes de soleil et un GPS dans une autre voiture.
Le 24 septembre 2021, Andy s’empare de maquillage et de chaussures au supermarché Cactus de Lallange. «Je voulais faire plaisir à une amie du milieu des toxicomanes qui se prostituait. Elle avait été battue et volée par un client. Ça m’a fait mal», raconte le prévenu. «N’avez-vous pas déjà assez de problèmes comme cela pour aller voler pour les autres ?», l’interroge la présidente de la chambre correctionnelle.
Dernière des cinq affaires : le 13 septembre 2020, Andy s’est introduit dans le dépôt d’un hôtel et y a volé des valises, des bouteilles de vin et de champagne, des cigares, deux postes de télévision et cinq percolateurs, entre autres.
«Ses allers-retours en prison doivent cesser»
Quand il ne se fait pas prendre directement, le prévenu apparaît sur les images de vidéosurveillance des endroits où il a sévi ou laisse des traces ADN sur les lieux. Le procureur a retenu les infractions de blanchiment, de vol avec effraction, de vol avec une fausse clé, de vol simple et de tentative de vol. Il a requis une peine de prison ferme de 24 mois à son encontre.
À la barre, Andy se repend et indique user de tous les moyens mis à sa disposition pour s’en sortir. Il suit actuellement plusieurs traitements contre ses addictions et souhaiterait pouvoir suivre une thérapie plus poussée en Italie «pour décrocher». «Si je ne suis pas de thérapie, cela ne s’arrêtera pas. Je replongerai à chaque remise en liberté», assure le prévenu. Pourtant, en raison de son passé judiciaire, le jeune homme n’a plus droit à un sursis probatoire qui lui permettrait de se soigner.
Son avocat, Me Hellinckx, tente d’atténuer les faits. Le vol avec effraction de septembre 2020 serait, selon lui, une tentative de vol. Celui du parking Royal Hamilius ne serait qu’un vol simple et pas un vol avec une fausse clé. Il n’y aurait pas non plus eu de vol avec effraction dans un des vols de Dudelange, mais un vol simple.
«Ses allers-retours en prison doivent cesser, a estimé l’avocat. Une thérapie à l’étranger permettrait de le sortir du milieu des toxicomanes. Cette possibilité doit être prise en compte.» Il demande à la chambre correctionnelle de ne pas prononcer de peine de prison supérieure à 18 mois et de faire l’impasse sur une amende.
Le prononcé est fixé au 18 mai.