Une délégation de politiciens grand-ducaux est partie, le week-end dernier, à la rencontre de la diaspora luxembourgeoise au Brésil. Les élections à venir n’ont, de loin, pas été le seul sujet abordé.
Le voyage est resté controversé jusqu’au bout. Sur invitation de l’Association des citoyens luxembourgeois au Brésil (ACLux), cinq partis politiques (LSAP, déi gréng, CSV, ADR et Parti pirate) ont finalement mis le cap, en fin de semaine dernière, sur Florianópolis, la capitale de l’État brésilien de Santa Catarina. Pour partir à la pêche aux voix auprès des 17 000 néo-Luxembourgeois adultes ayant obtenu la nationalité par recouvrement? Tous avaient un ascendant en ligne directe paternelle ou maternelle qui était luxembourgeois à la date du 1er janvier 1900. Près de 25 600 Brésiliens sont aujourd’hui aussi détenteurs d’un passeport grand-ducal.
«Contrairement à des pays comme la France ou le Portugal, le Luxembourg ne s’occupe guère de sa diaspora. Ici, on a affaire à une communauté qui est très fière d’avoir un lien avec le Grand-Duché», introduit Isabel Wiseler-Lima, eurodéputée du CSV qui a fait le déplacement. Très impressionnée par l’accueil et les rencontres sur place, l’élue estime que le voyage a été «beaucoup plus un acte civique qu’un véritable élément de campagne électorale». «À aucun moment, les partis présents n’ont placé des attaques», ajoute-t-elle.
«En savoir plus sur leurs origines»
La visite a duré de vendredi à lundi. Le moment fort fut une rencontre, samedi, avec 600 Luxembourgeois du Brésil réunis dans un théâtre. Si les partis ont pu se présenter, l’essentiel aurait été ailleurs. «On a voulu leur montrer comment vivent les Luxembourgeois. C’est bien ça la plus-value de cette visite, qui va bien au-delà de la tenue d’un simple meeting électoral», affirme Djuna Bernard, députée de déi gréng. Cet échange culturel aurait été d’autant plus important que, «hormis le lien sanguin», ces néo-Luxembourgeois «n’ont pas de relation directe avec le Grand-Duché», comme le fait remarquer Liz Braz, qui représentait le LSAP. «J’étais un peu négativement surprise par les fausses conceptions et les préjugés que certains avaient. D’où l’importance d’être allée sur place et d’avoir cet échange direct», développe-t-elle.
Ces derniers jours, la polémique a enflé sur les réseaux sociaux. Le lourd coût et bilan écologique de ce voyage au Brésil était-il justifié? Nathalie Oberweis (déi Lénk) a notamment rappelé sur Twitter qu’un consensus avait été trouvé entre les partis représentés à la Chambre de ne pas faire le déplacement. «Une seule personne, qui participe à quasiment tous les voyages, a fait changer tous les autres d’avis», fustige l’élue. Elle vise Sven Clement, qui se défend toutefois : «En réalité, personne n’a eu le courage de dire qu’ils ne souhaitaient pas honorer l’invitation».
«Il est vrai que l’on avait convenu de proposer aux organisateurs d’organiser cet échange par visioconférence. Or l’ACLux n’en a pas voulu, car beaucoup de rendez-vous et de rencontres avaient déjà été organisés. Trouver une autre formule, plus tard dans l’année, n’était donc plus possible», développe de son côté Djuna Bernard (déi gréng). «Le minimum était de faire le déplacement», renchérit Isabel Wiseler-Lima (CSV).
«L’argument de l’empreinte CO2 est aussi une absurdité. Les néo-Luxembourgeois devaient tous se déplacer en personne au Grand-Duché pour signer leur demande de recouvrement. Ce n’est pas le bilan de cinq élus qui va faire la différence», termine Sven Clement.
Des préjugés ont aussi pu être levés dans l’autre sens. «L’intention de ces gens n’est pas tout simplement d’obtenir le passeport luxembourgeois. Ils veulent vraiment en savoir plus sur leur identité et leurs origines. L’émotion domine, même s’ils ont aussi des intérêts à faire valoir», admet encore Djuna Bernard. «Ces personnes ont un intérêt authentique pour le Luxembourg. On parle beaucoup d’eux, mais trop peu avec eux», complète Sven Clement (Parti pirate).
De futures coopérations économiques
Aussi bien Isabel Wiseler-Lima que Frederic Becker, qui était du voyage pour l’ADR, mettent en avant l’apport que la diaspora luxembourgeoise au Brésil peut présenter pour le Grand-Duché. «On manque tellement de qualifications au Luxembourg. L’État de Santa Catarina regorge de diplômés, aussi de médecins. Si s’installer au Luxembourg les intéresse vraiment, il faut leur offrir toutes les informations et lever les barrières existantes. Ils sont conscients que le processus sera long, mais cela peut devenir une perspective pour leurs enfants», avance l’eurodéputée du CSV.
«Leur intérêt est aussi de créer ensemble du bien-être. Il existe notamment un important intérêt pour le placement de produits agraires sur le marché grand-ducal», vient compléter le président de la section internationale de l’ADR.
Sven Clement évoque aussi de futures coopérations économiques. «J’ai pu rencontrer, à São Paulo, des start-up qui cherchent à s’installer au Grand-Duché», annonce l’élu pirate, qui se rend par ailleurs régulièrement au Brésil. «Je connais les gens sur place. Pour moi, ce voyage a non seulement été l’occasion d’entretenir les relations que j’y ai nouées, mais aussi de découvrir des projets qui peuvent intéresser le Luxembourg.»
«Ce sont des électeurs»
Il n’empêche que les élections législatives du 8 octobre ont joué un certain rôle lors de ce voyage. «Il est clair que nous espérons récolter des voix parmi cette diaspora, qui vit dans un État votant à droite», avoue Frederic Becker, de l’ADR. «Il est dangereux de laisser la voie libre à un seul parti, sachant que 70 % des électeurs de Santa Catarina ont voté pour le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro lors de l’élection présidentielle brésilienne. C’est pourquoi il était très important de présenter l’ensemble du paysage politique du Luxembourg et la mentalité qui y règne», contre Liz Braz.
La Chambre des députés devrait aussi prendre conscience des intérêts et besoins de la diaspora luxembourgeoise. «Ce sont des électeurs qui peuvent aussi adresser des doléances à la Chambre. Il nous arrive de voter des lois pour un nombre bien moins important de personnes que les 80 000 ou 90 000 Luxembourgeois vivant à l’étranger», lance encore Sven Clement.
L’Association des citoyens luxembourgeois au Brésil (ACLux) estime que quelque 3 000 électeurs pourraient potentiellement s’inscrire pour participer, via le vote par correspondance, aux élections législatives du 8 octobre.
Le dernier décompte fait état de 25 587 détenteurs du passeport luxembourgeois vivant au Brésil, dont 13 143 femmes et 12 444 hommes. Parmi eux, 17 911 personnes sont des adultes et ont, donc, le droit de vote.
Une des inconnues est la mobilisation sur place. L’élu pirate précise encore que 365 familles d’origine luxembourgeoise sont affiliées à l’ACLux. «Je suppose que le gros de ces 365 familles compte participer au scrutin, mais il est difficile à dire combien de personnes par branche familiale se laisseront convaincre», développe le député Sven Clement.
On oublie le plus important : est ce que on leur a parlé en luxembourgeois ?
Rigoler est propre de l’humain
L’important en politique est d’écouter la population et de leur donner un sense.
Effectivement il est très, très important. Qu’on soit à l’écoute de la population brésilienne .
Et
Pas
À l’écoute de la population résidente à Luxembourg
Pourquoi on ne s’occupe pas des expatriés luxembourgeois dans le monde tels que notamment des étudiants qui ne rentrent plus faute de perspectives?