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Police : les comités de prévention locaux à la traîne


La réforme de la police de 2018 oblige les communes à mettre en place de comités de prévention, mais peu se sont exécutées.  (photo archives LQ)

L’inspection générale de la police a réalisé un audit après la réforme de 2018 qui a fait passer le nombre de commissariats de 51 à 34. C’est surtout tout le volet prévention qui en pâtit.

Pas de chiffres, ni de statistiques, mais des entretiens avec les agents sur le terrain et les responsables communaux. C’est ainsi que l’Inspection générale de la police a procédé pour réaliser un audit de la réforme de la police de 2018, qui a notamment réduit le nombre de commissariats sur le territoire de 51 à 34.

Mercredi, en commission, les représentants de l’IGP ont affirmé que «des demandes avaient bien été introduites auprès de la police afin d’obtenir des chiffres aussi bien antérieurs que postérieurs à la réforme de 2018, mais que seuls les chiffres ultérieurs à la réforme étaient exploitables, ce qui n’a pas permis de faire une comparaison qui faisait sens», selon le rapport de la Chambre des députés.

Le député déi gréng, Meris Sehovic, retient de ce résumé de l’audit, dont les députés disposeront plus tard, «que le travail d’intervention sur le terrain s’est amélioré». Il saisit l’occasion de louer les efforts de recrutement de son camarade écolo Henri Kox, qui fut nommé ministre de la Sécurité intérieure en 2019.  En revanche, le travail de prévention et de proximité est plus décevant. Le manque de personnel en est la cause.

«Les 90 nouveaux policiers recrutés doivent être affectés là où il y a le plus gros besoin», fait observer le député, membre de la Commission des affaires intérieures. Comprendre que la prévention doit faire l’objet d’une attention particulière. Si la majorité des intervenants lors de cet audit a souligné la bonne collaboration entre les communes et la police, l’IGP a tout de même fortement regretté que les comités de prévention locaux ne fonctionnent pas comme ils le devraient dans le pays. Au moment de cette évaluation, seules neuf communes, sur les cent que compte le pays, avaient mis en place un tel comité.  En 2021, il y en avait dix-sept, selon l’ancien ministre Henri Kox qui répondait à une question de Marc Goergen (pirate).

«C’est pourtant une obligation légale», rappelle Meris Sehovic, également échevin de la ville d’Esch-sur-Alzette, qui dispose d’un tel comité, dans lequel tous les partis du conseil communal sont représentés, aux côtés du directeur régional de la police, de son adjoint et du chef des agents municipaux.

Pas encore de réponse

«Ce comité se réunit au moins une fois par an et le prochain rendez-vous est d’ailleurs prévu à Esch vendredi prochain pour faire le point sur la sécurité dans le quartier de la gare et nous discuterons de l’installation de caméras de surveillance», informe-t-il. «Dans les communes où des comités de prévention sont mis en place, on observe une grande différence», affirme le député qui a pris bonne note des remarques formulées par l’IGP, qui soutient que la prévention et la visibilité ont pâti après la réforme de la police de 2018.

 Le président de la Commission, le député-maire de Hesperange Marc Lies (CSV), a d’ailleurs reconnu avoir négligé lui-même la mise en place d’un tel comité de prévention, selon Meris Sehovic. L’IGP ne peut que recommander une amélioration de l’échange d’informations entre élus locaux et représentants de la police, via ces comités. Les députés socialistes Dan Biancalana et Taina Bofferding ont interrogé le ministre Léon Gloden, début juin, pour connaître le nombre de comités créés depuis. La réponse ne leur est pas encore parvenue.

Le rapport de la Chambre des députés indique que «les interventions d’urgence restent cependant de bonne qualité, tout comme l’accueil en commissariat, avec l’addition de personnel civil, malgré des faiblesses en ce qui concerne les fonctions que ces employés peuvent assumer pour alléger le travail des agents de police».

Avec le CGDIS

Les députés ont voulu savoir si le recrutement de personnel supplémentaire était la solution à tous les problèmes évoqués dans l’audit ou si certains problèmes étaient de nature administrative. Les représentants de l’IGP ont affirmé qu’une augmentation du personnel était importante, mais qu’elle devait s’accompagner d’une stratégie sur la façon dont ces renforts seront employés, de manière à trouver un équilibre entre intervention et travail de proximité.

Face aux députés, le ministre de l’Intérieur a dit son intention de moderniser les infrastructures dont se sert la police. Léon Gloden a affirmé que cela était le cas et que des concepts étaient en cours d’élaboration pour créer des casernes communes entre la police et le CGDIS, notamment pour faire des économies d’échelle.