Alors que le bourgmestre de Differdange annonce la transformation de l’étang de Lasauvage en un lieu de pêche sportive, les verts sont vent debout pour sauver ce trésor local.
C’est par des rumeurs propagées en début d’année dans la commune que les conseillers communaux écologistes de Differdange ont appris qu’un projet se tramait du côté de l’étang de Lasauvage.
«Des échos parlaient de faire de l’étang un lieu pour la pêche sportive. On a interpellé le bourgmestre en janvier, pour obtenir plus d’informations, mais sans succès», déplore Laura Pregno, élue des verts.
Tout s’est accéléré la semaine dernière, lorsque le bourgmestre Guy Altmeisch (LSAP) a confirmé ce projet à la radio, aux côtés du président du club de pêche sportive de Niederkorn. Il est question d’aménager l’endroit pour les pêcheurs dès cet automne, notamment avec l’installation d’un abri et d’une plateforme d’accès à l’eau.
«En fait, c’est très concret puisque des matériaux, comme des dalles en bois, ont déjà été commandés, et que le CIGL a coupé les herbes sur la partie arrière, là où nichent oies et canards», poursuit la jeune femme.
«Il n’y a pas eu de communication»
Un manque de transparence de la part du collège échevinal qui ne passe pas : «Il n’y a pas eu de communication, ni avec les élus, ni avec les habitants. Ce projet n’a pas été discuté au conseil et n’apparaît dans aucun programme électoral, ni même dans l’accord de coalition», pointe Laura Pregno.
Pour protester, une réunion publique était organisée mardi soir sur place. Hormis les membres du parti écolo, une cinquantaine de citoyens avaient fait le déplacement et ont signé la pétition soumise par les conseillers de l’opposition.
«Beaucoup de gens nous soutiennent. Certains n’ont pas pu être présents, mais dès lundi, on ira faire du porte-à-porte», annonce-t-elle, déterminée.
Une lettre du Mouvement écologique
Soutien de poids, le Mouvement écologique s’est fendu d’une lettre au conseil communal de Differdange pour alerter sur les conséquences d’un tel projet sur la faune et la flore.
Sa présidente, Blanche Weber, y rappelle les fonds investis et les mesures déployées en 2014 pour revaloriser ce site et en faire un biotope. Un pari gagné puisque, aujourd’hui, de nombreuses espèces animales et végétales y ont élu domicile.
Dans ce contexte, le Méco fait valoir qu’un ajout planifié de poissons destinés à la pêche sportive, et les niveaux élevés de nourriture qui y sont liés, aurait un grave impact sur la qualité hydrochimique des eaux, affectant l’étang, mais aussi le ruisseau Crosnière.
Deux étangs de pêche à proximité
Les verts ont d’autant plus de mal à comprendre la nécessité de cet étang de pêche que deux autres se trouvent à proximité : «Ceux de Lamadelaine et de Hussigny ne sont qu’à quelques minutes en voiture, on a testé», glisse Laura Pregno.
Le Mouvement écologique insiste enfin sur l’attractivité que représente le site pour Lasauvage, une zone de loisirs pour les habitants des environs et un terrain d’exploration de la nature pour les classes scolaires.
L’organisation dénonce «une perte de biens communs» qui ne peut se justifier par «un bénéfice accru pour un seul club de pêche». D’où la demande de retrait du projet.
«Un grand nombre d’habitants sont derrière nous»
Quant aux trois conseillers verts de Differdange, armés de leur pétition, ils comptent bien questionner le bourgmestre lors de la prochaine séance du conseil, le 10 juillet. «La Biergerinitiativ Kordall et Doihl a annoncé qu’elle soutiendrait notre combat, et nous avons un grand nombre d’habitants derrière nous», assure Laura Pregno, qui garde l’espoir de faire reculer la majorité.
«J’ai toutes les autorisations»
De son côté, Guy Altmeisch est décidé à mener ce projet à terme, avec un chantier qui débutera dès l’automne : «Je suis un passionné de pêche et le club de Niederkorn, que je fréquente depuis 30 ans, attend ça depuis longtemps», explique-t-il.
Il ajoute qu’«aucun pêcheur n’a jamais fait de mal aux étangs» pour balayer les critiques des écologistes. «On va rénover les pontons, ajouter un abri, quelques chaises et un escalier avec une plateforme à hauteur de l’eau.»
Quant à savoir pourquoi ce projet n’a pas été présenté au conseil communal, il justifie : «Je devais d’abord m’assurer de la qualité des eaux, et elle est excellente, selon les résultats reçus il y a une semaine.»
«Et comme l’étang se trouve en France – même s’il appartient à la commune –, j’ai dû obtenir le feu vert de la préfecture de Nancy et du maire de Saulnes», détaille le socialiste. «J’ai maintenant toutes les autorisations, y compris celle de prélever 10 % des eaux de la Crosnière.»
Dans les prochaines semaines, Guy Altmeisch indique que le projet final sera soumis à la commission de l’Environnement, avant d’être présenté au conseil communal. Une soirée d’information sera aussi organisée avec les habitants.