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«Podiumgate» : Frank Engel, premier soutien de Bettel


Frank Engel dit comprendre l'exaspération de Xavier Bettel sur le Brexit (Photo : archives, Didier Sylvestre).

Frank Engel, le président du Parti chrétien-social, n’a aucun mal à comprendre et à soutenir la prestation de Xavier Bettel lors de la visite, lundi, de Boris Johnson à Luxembourg. Surtout, il balaie l’idée d’une divergence de vues avec le député Claude Wiseler qui s’est montré très agacé par l’humiliation publique infligée au Premier ministre britannique.

Évidemment, il n’en fallait pas davantage pour faire réagir Fernand Kartheiser, sur les ondes de 100,7, mais également Alex Bodry (LSAP), sur les réseaux sociaux, chacun moquant une certaine cacophonie dans les rangs du CSV. Rien de tout cela, nous dit ce mercredi Frank Engel en admettant volontiers que la conférence de presse était «suboptimale», mais en assurant que le contenu du message livré par Xavier Bettel faisait l’unanimité.
«Nos points de vue ne sont pas si opposés que cela», estime le président du CSV, qui n’a pas envie de s’étendre davantage sur cette question. «Des gens considèrent que cette conférence de presse a été un affront, je considère que le format était protocolaire et que Boris Johnson aurait pu s’exprimer dans le calme», avance Frank Engel. Il y avait effectivement de fortes chances que Xavier Bettel obtienne le silence s’il avait dû le demander aux manifestants massés derrière les grilles du ministère.

Les services du Premier ministre britannique, au demeurant, auraient pu lui dire que des expatriés comptaient lui réserver un mauvais accueil. Un changement de dispositif aurait pu intervenir, mais pas à la dernière minute. «On est en présence d’un Premier ministre d’un grand pays dont chaque pas est chorégraphié lors d’une visite comme celle qu’il a effectuée à Luxembourg.» Pour Frank Engel, le pupitre que Boris Johnson a laissé inoccupé lors de la conférence de presse qui a suivi son entretien avec Xavier Bettel fait partie intégrante de sa stratégie de victimisation. «Il se fait conspuer partout où il arrive, même dans son propre pays», s’amuse Frank Engel. Il ne s’intéresse pas «au cirque» mais «au message» et se réjouit que Xavier Bettel ne soit pas «tombé dans la trappe».

Écarts pardonnés

Il lui pardonne même quelques écarts qui lui ont valu les foudres de certains observateurs. Ainsi en est-il du commentaire de Xavier Bettel se mêlant de la politique intérieure du Royaume-Uni et blâmant les conservateurs à l’origine de cette situation chaotique. «Cette affaire du Brexit n’est comme aucune autre affaire et donc on peut sortir du cadre. Nous sommes piégés et paralysés depuis trois ans et demi parce que le parlement britannique est incapable de gérer les résultats d’un référendum. Dans ces circonstances, n’a-t-on pas le droit de dire qu’il bloque toute l’UE, qu’il gaspille des fonds européens parce qu’il est incapable de prendre une décision normale et rationnelle?», interroge le président du CSV.
Ce parlement a juste été capable de dire près d’une trentaine de fois ce qu’il ne veut pas, mais pas une fois ce qu’il veut vraiment. Le problème de la frontière irlandaise a été posé dès le début et Bruxelles attend toujours une proposition concrète de Boris Johnson qui serait une alternative acceptable au backstop négocié avec Teresa May.

«La vérité est simple : il y a un deal et il n’y en aura pas d’autre»

«En fait, il n’y a aucun progrès de réalisé, dans aucune direction, et personne ne sait de quoi parle le Premier ministre britannique qui se contente de faire sa campagne sur un refus européen.» Il dessine tous les jours l’image de la méchante Europe et donne l’impression de se démener pour trouver un accord revu et corrigé sur le Brexit alors que tous ses interlocuteurs sont clairs : Ils attendent toujours une proposition concrète et écrite de la part des Britanniques. «La vérité est simple : il y a un deal et il n’y en aura pas d’autres. Je ne veux pas entendre parler de Brexit après le 31 octobre. On a donné deux extensions aux Britanniques qui n’ont servi à rien. C’est une farce depuis trop longtemps et je ne vois pas pourquoi on leur accorderait un troisième délai. Pour quoi faire?», peste le président du CSV et ancien membre du Parlement européen. Il en a par-dessus la tête des «turpitudes» du gouvernement britannique et n’a jamais vu un Premier ministre fuir devant ses compatriotes à l’étranger.
Et il enfonce le clou : «Je soulignerais encore que tout ce cirque est d’abord la faute d’un politique qui a construit sa campagne sur des mensonges.» Boris Johnson tente de faire croire encore aujourd’hui qu’il tente tout pour trouver une issue à la crise du Brexit mais que tout le monde lui claque la porte au nez.
«C’est un joueur, c’est sa seule issue, car il n’y a plus de sortie possible par le haut, il doit ouvrir d’autres portes.»

Geneviève Montaigu

Un commentaire

  1. The New York Times ( Sept.16, 2019) – But when …B.Johnson and …X.Bettel …appeared, they could hear the loud boos from a few dozen protesters … – Tell the truth, stop the coup ! ( Et héiert een och : – Boris, come and talk to us…)
    L´Essentiel (17 septembre 2019) – Boris Johnson n´a pas été respecté (C. Wiseler)
    100, 7 (18.September) – Dat ass schlecht fir d´Lëtzebuerger Interessen … (F.Kartheiser)
    Le Monde (19 septembre) : Philippe SANDS, Boris Johnson est un raciste qui aspire au retour impossible à un passé imaginaire (article traduit de l´anglais par Astrid von Busekist)
    Pour tout commentaire, cet article du Britannique Philippe Sands. À lire et relire, souvent et régulièrement.
    djo thilges-lanners