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« Plus personne dans les rues » de France : l’impossible promesse de Macron


De nombreux sans-abri passeront encore tout l'hiver dehors à Paris et dans toute la France. (photo AFP)

Emmanuel Macron avait promis : « Plus personne dans les rues » d’ici à la fin de l’année. Pourtant à quelques heures de l’échéance, de nombreux sans-abris affrontent encore un froid glacial et les associations jugent que la promesse est impossible à tenir sans moyens supplémentaires.

A Paris, Zkigniew passe les nuits dehors près du canal de l’Ourcq, en attendant une place en hébergement. Un peu plus loin, un groupe de trois hommes s’est installé sous la ligne de métro, près de la station Stalingrad. Ils se rendent dans des centres d’accueil de jour pour manger et se laver. L’un d’eux, Pierre, raconte que leur assistante sociale a fait une demande d’hébergement : ils attendent toujours une réponse.

Lors d’un discours à Orléans sur l’accueil des migrants en juillet, le président de la République avait déclaré : « la première bataille : loger tout le monde dignement. Je veux partout des hébergements d’urgence. Je ne veux plus de femmes et hommes dans les rues ». Une promesse « impossible à tenir à ce jour » car « aucune mesure sérieuse n’a été prise » a souligné vendredi matin au micro de RFI le président d’Emmaüs France, Thierry Kuhn. Lundi, le DAL (Droit au logement) a manifesté sous les fenêtres du ministère de la Cohésion des territoires, en charge du logement. Le porte-parole de l’association Jean-Baptiste Eyraud a appelé les ministres Jacques Mézard et Julien Demormandie à la démission « parce qu’ils ont failli à la mission que leur a donnée le président ».

Parole présidentielle contre réalité du terrain

Dans une vidéo postée sur son compte Twitter le 21 décembre, la Cimade, association qui vient en aide aux étrangers, pointait également le nombre de personnes encore à la rue. « On fait le constat que la parole présidentielle n’est pas suivie d’effets », a déclaré Jean-Claude Mas, secrétaire général de l’association. « On a soutenu cette volonté forte » explique Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, « mais sur le terrain, il n’y a rien de nouveau, pas de mobilisation particulière. » Il dénonce une « continuité dans l’échec » : « il faut mettre fin à cette gestion du thermomètre », consistant à adapter la capacité d’hébergement aux baisses de température.

« Il manque 3 000 places d’hébergement d’urgence », selon Eric Pliez, président du Samu Social. Car chaque soir, le 115 est saturé. En novembre, le baromètre du 115 révèle que sur 35 380 demandes d’hébergement, soit des appels passés par 5 900 personnes, seules 25% ont abouti. A l’avant-veille de l’échéance, le ministère de la Cohésion des territoires a répondu vendredi que 9 000 places d’hébergement d’urgence ont été ouvertes cet hiver. En 2016, 10 000 places avaient été ouvertes, selon Florent Gueguen. Au total, 140.000 places sont disponibles sur tout le territoire « soit 13.000 de plus que l’an dernier », selon le ministère. En plus de ces places, 80 000 sont destinées aux demandeurs d’asile.

« La différence importante est que cette année, le gouvernement ne s’est pas engagé à pérenniser des places », dénonce Florent Gueguen. La Fédération demande ainsi à l’exécutif de « pérenniser au moins 5 000 places » en 2018. L’État « doit avoir une connaissance des publics qui vivent à la rue » et « mettre les moyens pour développer les places d’hébergement dignes avec des travailleurs sociaux, et non pas juste des dortoirs », précise Aurélie el Hassak-Marzorati, directrice générale adjointe d’Emmaüs Solidarité.

Le Quotidien/AFP