La campagne de financement participatif lancée par la Bibliothèque nationale pour la bible géante acquise pour 4,6 millions d’euros a récolté 83 000 euros. Moins que pour Joseph Kutter.
Aidez la BnL à préserver un manuscrit médiéval millénaire de l’école du scriptorium d’Echternach pour les générations futures.» C’est ainsi que la Bibliothèque nationale lançait sa campagne de crowdfunding l’an dernier, alors qu’elle venait d’acquérir pour la somme de 4,6 millions d’euros une bible géante, contenant l’Ancien et le Nouveau Testament, écrite en étroite collaboration avec le scriptorium d’Echternach, réputé être l’un des plus grands centres intellectuels et artistiques du haut Moyen Âge.
La députée CSV Nathalie Morgenthaler a interrogé le ministre de la Culture, Éric Thill, pour connaître le résultat de cette campagne de dons qui a été clôturé le 17 mars. Aux dernières nouvelles, en date du 6 mars, un montant total de 83 464 euros avait été collecté. «Il se peut cependant que d’autres dons arrivent encore», précise le ministre. En tout, 464 donateurs ont été recensés jusqu’à présent : 443 sont des particuliers (58 159 euros) et 21 sont des entreprises, des associations et des communes (25 305 euros).
106 268 euros pour 559 dons
La Bibliothèque nationale ayant déjà acquis cette précieuse œuvre, à quoi va servir cet argent? La BnL l’avait annoncé dès le début de la campagne de collecte de fonds : l’argent est investi à la fois dans des mesures de conservation et dans la recherche. La bible géante richement illustrée, qui a probablement été produite vers 1080-1085, appartenait à un collectionneur suisse et n’est jamais passée entre les mains des chercheurs. L’argent servira aux scientifiques, qui pourront l’examiner, et aux mesures de conservation. L’œuvre est aussi appelée à voyager pour être exposée en d’autres lieux et les mesures de sécurité devront être à la hauteur.
Une campagne de financement participatif avait été lancée en 2023 par le Nationalmusée um Fëschmaart en collaboration avec le Fonds culturel national (Focuna) pour faire l’acquisition d’un tableau de Joseph Kutter, Champion. Le but était d’atteindre les 100 000 euros nécessaires. Moins d’un mois après son lancement, la barre des 50 000 euros avait déjà été franchie. Le ministre de la Culture informe que, au total, la participation s’est élevé à 106 268 euros par le biais de 559 dons.
Ce tableau qui date de 1932 représente une grande valeur patrimoniale et constitue pour le musée une pièce «hautement complémentaire» à sa collection Joseph Kutter (1894-1941), comme l’indique l’institution. «L’artiste se distingue en effet pour la première fois comme peintre expressionniste», précisait-elle au moment du lancement de cette campagne à laquelle ont participé des particuliers exclusivement, avec des dons allant de 3 euros à 5 000 euros.
Sensibilisation et information
Quant à la bible géante vieille de mille ans, elle n’a pas atteint les 100 000 euros, mais elle est revenue au Luxembourg, c’est déjà exceptionnel. Les spécialistes à la Bibliothèque nationale avaient connaissance depuis longtemps de son existence et c’est avec un certain espoir qu’ils ont appris que le collectionneur suisse souhaitait la vendre en 2022. Les discussions ont alors commencé avec le ministère de la Culture et le gouvernement, puis des expertises ont eu lieu et enfin des négociations pour en évaluer le prix. La bible géante a finalement été livrée au début du mois de septembre dernier.
À cette époque du haut Moyen Âge, Echternach faisait partie de l’archevêché de Trèves et jouait un rôle central dans la création de manuscrits enluminés de grande qualité. «Ce document unique correspond à un point culminant de la culture scriptoriale de l’école d’Echternach, dont l’influence dépassait largement les murs du cloître», indique la BnL.
L’acquisition de cette bible «est une opportunité unique d’enrichir notre patrimoine», insiste-t-elle, ajoutant qu’en «assurant la préservation de ce trésor millénaire pour les générations futures», elle redonne au Luxembourg «l’un des plus éclatants témoins de son passé».
En plus de sa rareté exceptionnelle, cet exemplaire de la Bible se distingue par son état de conservation remarquable, avec une reliure monastique d’origine vieille de 500 ans. La page de titre, rappelant une somptueuse tapisserie byzantine, compte parmi les plus anciennes du Moyen Âge.
Le ministre Thill précise dans sa réponse que la campagne comprenait également un aspect supplémentaire de sensibilisation au patrimoine et d’information aux citoyens autour de cette acquisition.