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Plurilinguisme au Luxembourg : Claude Meisch maintient le cap


Pour le ministre de l'Éducation nationale, l'éveil précoce aux langues garantit leur maîtrise ultérieure. (Photo : Archives LQ)

Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a défendu jeudi sa stratégie de l’éveil aux langues dès la petite enfance dans le but de tirer profit de la diversité luxembourgeoise.

Une interpellation du député vert Claude Adam sur le défi du plurilinguisme dans le système éducatif luxembourgeois a été au cœur des débats, jeudi, à la Chambre.

La situation linguistique du Luxembourg est unique, comme l’a rappelé jeudi Claude Adam (déi gréng) à la Chambre des députés. Dans le même temps, elle a subi au cours des dernières décennies une mutation profonde. Alors que le nombre de ceux qui parlent luxembourgeois n’a jamais été aussi élevé, le français reste la première langue au travail, suivi de l’allemand et de l’anglais. Et le nombre d’enfants qui parlent le luxembourgeois à la maison comme première langue est en chute libre. Des transformations qui ne sont pas passées inaperçues, comme l’a constaté Claude Adam, qui reconnaît que la diversité caractéristique du Luxembourg a également pu avoir sur certains un effet «déstabilisant».

L’école luxembourgeoise aura mis du temps avant de s’adapter à cette nouvelle réalité. Longtemps orientée d’après les besoins des luxembourgeophones, elle a longtemps fonctionné comme un lieu d’échec pour tous les autres. Par ailleurs, l’enseignement des langues, auxquelles l’Éducation nationale réserve traditionnellement une importance particulière, est régulièrement remis en question par les luxembourgeophones eux-mêmes.

Un système que beaucoup nous envient

Face aux exigences du marché de l’emploi, rien ne sert d’adopter une attitude «idéologique», comme l’a rappelé jeudi le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, qui a fait de l’éveil aux langues dès le précoce son cheval de bataille. Pas question dans ce contexte de déterminer un quelconque socle de compétences. Il s’agit simplement d’une offre destinée à «limiter», à travers une familiarisation avec les langues française et luxembourgeoise, la «très grande diversité» qui caractérise désormais le Grand-Duché.

Le ministre a réfuté dans ce contexte le reproche de Martine Hansen (CSV) selon laquelle le gouvernement serait en train de faire du pays entier un «laboratoire», et ce sans disposer d’une «quelconque base scientifique». Les premières années sont «les plus déterminantes», a souligné Claude Meisch, qui voit dans l’éveil aux langues un moyen de garantir une «ouverture» ultérieure pour l’apprentissage d’autres langues. Aux yeux du ministre de l’Éducation nationale, la réflexion menée sur le plurilinguisme luxembourgeois aurait d’ailleurs mis en branle un secteur entier, celui de la petite enfance.

Concernant la proposition du CSV de baisser le niveau de langue enseigné en français par exemple, Claude Meisch a insisté sur le fait que le Luxembourg continuera à l’avenir d’avoir besoin de gens qui «maîtrisent les langues». Il a d’ailleurs estimé qu’en dépit de ses faiblesses, le système éducatif luxembourgeois constituerait une «formidable machine d’intégration» que beaucoup nous envient.

Fernand Kartheiser (ADR) s’est également opposé à un nivellement par le bas des exigences au niveau de l’enseignement des langues, mais a insisté sur la position du parti conservateur qui continue d’exiger l’enseignement du luxembourgeois tout au long de la scolarité, en réfutant l’idée selon laquelle la langue nationale serait en fait une «langue d’exclusion». Pour Fernand Kartheiser, l’apprentissage de la langue luxembourgeoise garantit celui d’autres langues. Alors qu’il s’est prononcé en faveur d’une administration publique en langue luxembourgeoise, il a répété que l’ADR n’était pas opposé à des «flexibilisations pragmatiques» en faveur d’une «politique d’intégration systématique».

David Wagner (déi Lénk) a quant à lui mis en garde une nouvelle fois contre une instrumentalisation à des fins idéologiques ou anxiogènes du débat sur les langues, insistant sur la nécessité d’empêcher le plurilinguisme de devenir un handicap, ajoutant par là aux inégalités économiques et sociales des inégalités linguistiques, renforçant l’exclusion sociale des plus faibles.

Frédéric Braun