Exit le « food porn », ces photos de plats et autres spécialités gastronomiques, ce sont désormais les plantes qui ont la vedette sur les réseaux sociaux, témoignant de l’appétit de verdure de jeunes urbains, soucieux de leur intérieur.
Monstera, ficus lyrata, pilea et succulentes n’ont plus de secret pour les « hipsters » qui affichent fièrement leur décoration végétale, sous les hashtags #plantsofinstagram (2 millions de publications), #urbanjungle, #houseplants ou encore #plantsmakepeoplehappy…
Des blogs comme The Horticult (un couple de Californiens passionnés) et Urban Jungle Bloggers (présentant des intérieurs savamment stylisés) contribuent également à dépoussiérer l’image un peu vieillotte de l’amateur de plantes vertes.
Signe que les choses bougent: sur 6 millions d’Américains ayant découvert les joies de rempoter, 5 millions ont entre 18 et 34 ans, selon une étude du National Gardening publiée en 2016.
Vie chère, surface d’habitation réduite et envie de nature sont mis en avant pour expliquer ce phénomène chez les jeunes urbains, mais aussi les vertus apaisantes, détoxifiantes voire dépolluantes des plantes, ainsi que l’inscription dans une démarche durable (contrairement aux fleurs coupées, moins prisées de cette population).
« Les gens en milieu urbain en ont marre d’habiter dans des appartements froids, ils ont envie d’un chez soi sympa. Et une plante ce n’est que du positif: ça apporte du vivant », souligne Léo Simalla, paysagiste et cofondateur de « Plantes pour tous ».
Depuis l’été 2017, le jeune entrepreneur organise, avec son acolyte Julien Morelli, des ventes éphémères de plantes dans des grandes villes (Paris, Marseille, Lyon, Bruxelles…). Un événement annoncé sur les réseaux sociaux et très relayé.
Lors de la première vente, à Paris, tout est parti en deux heures seulement et c’est désormais 5.000 personnes qui se massent les week-ends de vente pour se fournir en végétaux, à partir de 2 euros.
Plantes graphiques et esthétiques
S’ils rêvent de jungle à domicile, les néo-jardiniers n’ont pas tous la main verte et plébiscitent avant tout des plantes peu contraignantes et … esthétiques.
D’où la forte demande de terrariums, paysages miniatures faciles à composer soi-même et joliment présentés, souligne Camille de Chaunac de « Mauvaises graines », une société de décoration végétale travaillant pour des entreprises comme des particuliers.
Aujourd’hui, « si un décorateur met en particulier une plante en valeur, tout le monde la veut », dit-elle. Résultat: « sur Pinterest et Instagram, le ficus lyrata était partout il y a deux ans, avant d’être supplanté par le strelitzia », analyse cette passionnée.
Grâce au graphisme de leurs feuilles, des plantes tombées aux oubliettes reviennent également à la mode sur les réseaux sociaux et chez les consommateurs.
Cactus à 1000 euros
Face à cette évolution, les marques ont pris le train en marche: dans les magasins, la décoration végétalisée s’impose et chez Urban Outfitters, on s’est aussi mis à vendre des plantes vertes, y compris par correspondance, à côté des vinyles et des tenues de skateur.
Des boutiques de créateurs végétaux ont éclos, à l’instar de Brut à Bruxelles, mixant ventes de mobilier vintage et de plantes de seconde main, certaines extrêmement rares, comme un cactus de trois mètres d’une cinquantaine d’années, vendu près de 1.000 euros.
« Les jardineries ou les pépinières n’ont pas une image très glamour, ça ne donne pas très envie, il n’y a pas de travail d’agencement », estime Lucie Martens, fleuriste chez Brut. Dans sa boutique, aux faux airs de terrarium géant, « il y a toute une recherche pour trouver de beaux pots, de l’osier, le mobilier » qui va avec…
Cette vague verte ne devrait pas prendre fin de sitôt: en témoigne le foisonnement de start-up « green » qui se sont développées comme Mon balcon parisien (sélection de plantes et de pots), la box à planter (offre de graines pour jardiner, par abonnement) ou aKagreen (magasin en ligne vendant entre autres des plantes d’intérieur dépolluantes).
LQ/AFP