Le Luxembourg est censé voir les fonds européens destinés notamment à la transition verte et numérique passer de 82,7 à 241,1 millions d’euros. L’enveloppe initiale tarde cependant à être mobilisée.
Lourdement bousculés par la pandémie de covid, les États membres avaient autorisé, en 2021, la Commission européenne à emprunter 800 milliards d’euros. L’instrument majeur pour mettre en œuvre la relance économique et sociale baptisée NextGenerationEU est la Facilité pour la reprise et la résilience (FRR), dotée de 724 milliards d’euros à mobiliser jusqu’en 2026.
Au départ, le Luxembourg devait toucher 93,4 millions d’euros. Ce montant a été revu à la baisse en janvier 2023. L’enveloppe actualisée de 82,7 millions d’euros est censée aujourd’hui passer à 241,1 millions d’euros. Le Plan national pour la reprise et la résilience (PRR) comprend désormais un chapitre REPowerEU, le plan de l’UE visant à réduire la dépendance aux énergies fossiles et à accélérer la transition verte.
Dans un premier temps, le gouvernement luxembourgeois avait proposé à la Commission européenne une vingtaine de projets d’investissements et de réformes. On y retrouvait des projets «recyclés», qui étaient déjà lancés avant le déclenchement de la crise sanitaire. La FRR a ainsi permis de cofinancer à hauteur de 35 millions d’euros l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques à travers le pays. Le «Naturpakt» avec les communes (6 millions d’euros), la création de nouveaux services administratifs numériques (13 millions d’euros) ou la formation continue de demandeurs d’emploi (6,5 millions d’euros) étaient d’autres projets soutenus par l’Europe.
Un chapitre REPowerEU à 177 millions d’euros
Le PRR initial du Grand-Duché reposait sur trois piliers : la transition écologique (69 % des fonds alloués), la transition numérique (30 %) et la résilience économique et sociale (24 %). Les investissements peuvent concerner un ou plusieurs des différents piliers, ce qui explique le dépassement des 100 % dans ce calcul de répartition. Il est à noter que l’UE a défini deux seuils minimaux à atteindre : 37 % des dépenses doivent être allouées au climat et 20 % au numérique.
La révision du plan national du Luxembourg prévoit d’augmenter les investissements liés à la transition verte à 80 % de la nouvelle enveloppe budgétaire et à 37,5 % en relation avec la digitalisation.
La pièce maîtresse du chapitre consacré au programme REPowerEU est l’introduction d’une stratégie nationale relative au biogaz. S’y ajoutent le soutien financier pour des projets de construction et de rénovation énergétique de logements, l’achat de véhicules à zéro émission et l’installation de centrales photovoltaïques à des fins d’autoconsommation dans les entreprises.
Le chapitre REPowerEU mobilisera quelque 177 millions d’euros des 241,1 millions d’euros attribués au Luxembourg. La nouvelle enveloppe globale se compose des 82,7 millions d’euros du premier PRR, d’une subvention européenne de 30 millions d’euros (REPowerEU) et d’un transfert vers le PRR de la part luxembourgeoise de la réserve d’ajustement au Brexit, soit 128,5 millions euros.
Un premier versement de 32,3 millions d’euros
En attendant le feu vert définitif du Conseil de l’UE pour la nette hausse des subventions, le gouvernement luxembourgeois aura encore fort à faire pour utiliser les 82,7 millions d’euros accordés au départ. Jusqu’à présent, seulement 32,3 millions d’euros sont mobilisés : un préfinancement de 12,1 millions d’euros, versé en août 2021, et une première tranche de 20,2 millions d’euros, versée en juin 2023. Le total équivaut à 32 % de l’enveloppe. Seulement 41 % des critères pour toucher les fonds sont atteints. Les 59 % restants seront à remplir avant août 2026.
Selon la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, une seconde demande de paiement doit être introduite cet automne. Le calendrier arrêté en janvier 2022 prévoyait la sollicitation de cette seconde tranche au quatrième trimestre 2023.
Le Grand-Duché se classait fin 2023 en 8e position des États membres quant à la mobilisation des fonds de la FRR. Ce bilan intermédiaire vient toutefois confirmer les lenteurs qui inquiètent la Cour des comptes européenne.
Le «saut quantique» est engagé
Le projet le plus novateur du Plan national pour la reprise et la résilience du Luxembourg est la contribution à la mise en place d’une infrastructure de communication ultrasécurisée, via des connexions terrestres et satellitaires, basée sur la technologie quantique. «Cela peut encore ressembler à de la science-fiction», admettait en juin 2021 l’ancien Premier ministre Xavier Bettel.
Le Luxembourg Quantum Communication Infrastructure Laboratory (LUQCIA), géré par le centre de recherche ICT (SnT) de l’université du Luxembourg, est opérationnel depuis avril 2022. L’enveloppe initiale de 10 millions d’euros émanant de la FRR est destinée à permettre au laboratoire de gagner l’expertise nécessaire pour développer et opérer cette infrastructure de communication quantique.
Ce premier «saut quantique» sera complété par une nouvelle initiative. Lors de sa déclaration sur l’état de la Nation, le Premier ministre, Luc Frieden, a annoncé que le Luxembourg avait déposé en mars dernier sa candidature pour héberger l’un des premiers ordinateurs quantiques de l’UE.