Pour préserver l’environnement et restaurer les habitats, la ministre Joëlle Welfring a sa feuille de route : elle prévoit de placer 10 % du territoire sous «protection stricte» d’ici 2030.
Protection, restauration, changement, engagement : voilà les quatre piliers du nouveau Plan national concernant la protection de la nature porté par la ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring, et présenté officiellement mercredi. Sous le nom raccourci «PNPN3», cet instrument phare de la politique environnementale dresse la liste des actions à mener jusqu’en 2030 pour préserver les ressources naturelles. Ses objectifs, dont certains devront être atteints à mi-parcours – avant 2027 – permettront aussi au Luxembourg de contribuer à la préservation de la nature au niveau européen.
Nouveauté pour cette troisième édition : une place a été réservée aux observations des citoyens via une consultation publique (254 retours reçus) et le processus du Klima-Biergerrot, auquel une soixantaine de membres actifs ont participé l’an dernier, avec des propositions remises à Xavier Bettel en septembre.
La ministre a insisté sur le fait que, malgré la surface réduite du territoire et l’absence d’habitats marins ou montagnards, le Grand-Duché dispose d’une biodiversité considérable et de paysages très variés, qu’il est essentiel de protéger. Alors que la situation est alarmante, elle estime que cette dégradation des écosystèmes constitue «une menace pour la vie et le bien-être de la population» et «met en péril les fondements de la société comme de l’économie».
Parmi ses chantiers prioritaires : l’occupation des sols, qui est nettement supérieure à la moyenne européenne au Luxembourg, les papillons et les oiseaux, dont le nombre est en forte régression, ou encore les habitats et espèces protégés, qui sont en majorité dans un état de conservation défavorable.
C’est pourquoi les zones de protection seront étendues, a-t-elle annoncé, pour parvenir aux 30 % recommandés par les standards internationaux, là où le pays n’en compte actuellement que 27,8 %. Et un tiers d’entre elles, soit 10 % du territoire, seront placées en «protection stricte», contre 4,2 % à ce jour.
Une perspective qui a récemment créé des remous du côté du Tréntengerdall, les exploitants locaux ne cachant pas leur mécontentement, mais Joëlle Welfring préfère citer l’exemple de Mertzig : en mai dernier, elle inaugurait le massif forestier et les mardelles du Säitert, saluant la contribution de la commune à l’élargissement du parc Natura 2000.
Les habitats les plus dégradés seront restaurés, avec une attention particulière aux écosystèmes indispensables pour lutter contre le changement climatique : ceux qui stockent le CO2 et le carbone par exemple, ou constituent une réserve naturelle d’eau, capable d’absorber le surplus en cas d’inondations, ceux qui réduisent les îlots de chaleur dans les villes également.
Bénéfice écologique : jusqu’à 100 fois la mise
Au plan budgétaire, la ministre a rappelé que chaque euro dépensé génèrera des bénéfices écologiques qui dépasseront de loin l’investissement de départ : «Diverses publications font état d’un rapport de 1 à 40, voire de 1 à 100», a-t-elle indiqué, précisant que dans cette mission, les syndicats intercommunaux et stations biologiques incarneront des partenaires de poids.
D’autres acteurs seront d’ailleurs pleinement associés à la mise en œuvre du PNPN3, notamment le secteur agricole et le secteur financier. Invité à s’exprimer sur sa propre expérience, le producteur de lait équitable Claude Thiry a ainsi évoqué sa collaboration avec le syndicat Sicona pour le projet «Natur genéissen» : un succès pour son exploitation, et la preuve que rentabilité, protection des terres et commercialisation locale et durable, sont conciliables.
Enfin, bien au-delà des frontières nationales, le PNPN3 inclut une participation du pays à l’effort mondial de conservation de la biodiversité. Concrètement, Le Luxembourg s’engagera aux côtés de partenaires internationaux en allouant des budgets à des projets spécifiques. Au nord-est du Sénégal, des travaux seront ainsi opérés, avec l’appui financier du Grand-Duché, au parc ornithologique du Djoudj, une figure de l’engagement en matière de protection des oiseaux d’eau.