Il ne démissionnera pas. L’échevin libéral de la ville d’Esch, condamné pour fraude fiscale aggravée, est soutenu par son parti. L’opposition veut sa tête, la majorité respecte son choix.
«Je ne tirerai de cette affaire aucune conséquence politique.» Ainsi s’exprime le premier échevin d’Esch-sur-Alzette, Pim Knaff (DP), en conclusion d’une prise de position dans laquelle il relativise sa récente condamnation pour fraude fiscale aggravée. Il reconnaît les faits, une infraction consécutive, selon lui, à une « erreur dans la comptabilité » de son étude d’avocat, et la regrette.
Pim Knaff présente ses excuses et rappelle qu’il a le soutien de sa section locale. Mercredi soir, le bourgmestre, Christian Weis, a enfin réagi, après consultation avec la section des chrétiens-sociaux. Il observe que les tribunaux n’ont pas condamné Pim Knaff à une interdiction d’exercer un mandat politique «en l’absence de tout lien, direct ou indirect, de l’infraction avec le mandat d’échevin».
Il estime que c’est à l’intéressé de prendre la décision de poursuivre son mandat et aussi aux instances compétentes de son parti. Leur décision est déjà prise. «Je reste convaincu que chaque parti membre de la coalition est conscient de la grande responsabilité qui lui incombe dans la défense des intérêts des citoyennes et citoyens de la Ville d’Esch-sur-Alzette, qui devra guider chaque décision et action des élu.e.s locaux.ales, et que chacun.e doit agir de manière intègre et honorable dans l’exercice de ses fonctions», écrit le bourgmestre.
L’opposition, en particulier déi Lénk, qui a réagi dès la parution de l’article sur le site de Reporter.lu, vendredi dernier, réclame la démission de l’échevin. «Il a quand même été condamné pour fraude fiscale aggravée, c’est énorme! Les communes vivent des impôts des contribuables, il faut imaginer Gilles Roth être condamné pour les mêmes faits», réagit Marc Baum, conseiller communal à Esch-sur-Alzette.
Bien sûr, rien n’oblige pénalement l’élu à démissionner, mais Marc Baum imagine mal un Gilles Roth devenir ministre des Finances avec une telle condamnation. «Moralement, Pim Knaff est obligé de démissionner», conclut l’élu de la Gauche, en se demandant sur «quelle base légitime ce collège échevinal va-t-il décider une augmentation de la taxe sur l’eau».
Les socialistes eschois ont attendu vainement une réaction de l’intéressé, parvenue mardi soir seulement. Dans son communiqué daté de dimanche soir, la section eschoise du LSAP estime «qu’un tel comportement ne doit pas être excusé ou minimisé». Au contraire, les socialistes exhortent Pim Knaff «à prendre ses responsabilités», donc à démissionner.
Les verts, partenaires de la coalition au pouvoir à Esch, se sont réunis hier soir. La section locale s’est déclarée «déçue» par toute cette affaire. «Nous, les verts, aurions tiré d’autres conséquences», affirment-ils. Une référence au dossier Dieschbourg-Traversini, tous deux ayant démissionné pour une histoire d’autorisation de construire.
Une fraude de 50 000 euros
L’échevin à la culture et aux affaires économiques dit «regretter sincèrement» d’avoir négligé la tenue correcte de sa comptabilité, et ce, «à un moment de grand changement» dans sa vie. Tout ceci est une affaire privée, plaide-t-il, en assurant que les comptes ont été redressés et que «les taxes ont été payées dès réception des bulletins». Cette faute «ne concerne en rien mes mandats publics», écrit-il.
Pim Knaff a été condamné à 9 500 euros d’amende, après avoir passé une transaction avec le parquet, validée par le tribunal correctionnel le 18 avril dernier. Le problème concerne un virement d’environ 110 000 euros d’honoraires que l’avocat n’a pas déclaré au fisc. L’avocat, curateur d’une faillite déclarée en 1996, a d’abord été épinglé par l’administration de l’Enregistrement en 2020, constatant que ce vieux dossier n’était pas clôturé. Alors que cette administration procède à un redressement de quelque 16 000 euros correspondant à la taxe éludée, les Contributions se chargent du reste. L’avocat avait effectué sa déclaration de revenus et avait été imposé à hauteur de 1 078 euros. Il a dû rajouter 34 000 euros pour être à jour de sa dette envers le fisc.
La fraude est estimée à presque 50 000 euros, TVA et impôt sur le revenu compris.
des électeurs censés ne s’accrocheront certainement PAS à LUI…
Pas grave Pim.
La prochaine fois que tu voudras facturer 5000 euros d honoraires a un client tu te contenteras de 5 euros…petite erreur de compta.