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[Photos] Des débuts réussis pour la Schueberfouer


(Photo : Didier Sylvestre)

Le premier week-end d’ouverture a connu le succès malgré des critiques persistantes concernant les tarifs.

Depuis vendredi, la ville de Luxembourg est animée par l’un de ses événements phares, avec l’ouverture de la Schueberfouer. Sur le champ du Glacis, les odeurs de friture, de rôtisserie et de confiserie ont remplacé les effluves d’essence et de goudron qui règnent habituellement en ces lieux.

Les bruits des quelque 137 manèges, accompagnés des rires d’enfants et des cris de joie des plus grands, inondent désormais les environs. Ce week-end, des milliers de personnes se sont déjà rendues à la plus grande foire de la Grande Région.

Des débuts réussis, pour le plus grand bonheur de Charles Harry, le président de la Fédération nationale des commerçants forains : «Nous sommes contents, les Luxembourgeois ont répondu présent.

Au niveau de la fréquentation, nous sommes sur les standards habituels d’un début d’édition.» Habituels, ou presque, puisqu’un orage samedi soir a quelque peu gâché la fête. «Notre réussite dépend de la météo. À cause de l’orage, beaucoup de visiteurs sont rentrés chez eux. Cette semaine, le soleil devrait être au rendez-vous, donc le public aussi», se rassure Réda, le responsable de l’attraction Happy Circus.

Sous la météo clémente de la journée de dimanche, ils étaient déjà des centaines à se ruer vers les restaurants et brasseries du site dès 11 h. Un spectacle qui devrait se poursuivre jusqu’au 11 septembre, date de clôture de la foire. D’ici là, près de deux millions de visiteurs sont espérés. L’ensemble des commerçants interrogés n’a aucun doute quant à la réussite de cette 682e édition.

Pourtant, quelques heures avant le coup d’envoi, des critiques fusaient à propos de l’événement, notamment sur les tarifs pratiqués par les commerçants. Tout le monde ne peut plus se permettre les petits plaisirs offerts par la foire.

«C’est devenu très cher», déplore Luc, père de deux enfants. «On adore la Schueberfouer, mais cette année, on doit vraiment faire attention à ce que l’on dépense. Les prix ont gonflé, donc on ne peut pas tout faire ni tout goûter. C’est dommage, car c’est censé être un moment de plaisir accessible à tous.»

Un débat récurrent

«Tous les ans, c’est la même chose. Les gens se plaignent des tarifs, alors que c’est la vie en général qui augmente. Pourtant, je n’entends pas autant de critiques alors que les prix des restaurants en dehors de la foire sont plus chers», fustige un restaurateur de l’emblématique établissement An der Flesch. La source de son agacement, cette question des prix, semble être sur toutes les lèvres cette année.

Face à l’augmentation des coûts des matières premières, de l’énergie et des contraintes écologiques, les forains affirment avoir été contraints d’ajuster certains de leurs tarifs. «

On ne fait pas ce métier pour l’argent, mais pour le plaisir de voir les gens heureux», explique le responsable de la confiserie Coné, qui existe depuis 1875 et dont le stand est l’un des plus anciens de la foire. «Je comprends les inquiétudes des familles, mais il faut bien que l’on vive. Le sucre, par exemple, est passé de 0,48 à 1,29 euro le kilo.»

La hausse de prix des matières premières qui frappe une multitude de produits. Selon les forains, le chocolat a augmenté de 60 %. L’huile et les pommes de terre, quant à elles, connaîtraient une augmentation de 35 à 40 %. Ils assurent n’avoir d’autre choix que de faire figurer ces frais dans le prix final des produits.

Charles Harry partage ce constat : «L’électricité, le gasoil, toutes les charges explosent. Même si j’ai personnellement décidé de ne pas augmenter mes tarifs cette année, je fais moins de recettes parce que j’essaie d’absorber ces coûts. C’est difficile, mais il faut bien que le forain gagne son pain.» Le président estime par ailleurs que les tarifs ne sont pas excessifs. Selon lui, les tickets des manèges, qui vont de 3 à 9 euros, restent abordables.

Des réactions contrastées

Pour certains visiteurs, ces explications peinent à convaincre. «On comprend que tout augmente, mais ça reste difficile à accepter», confie Marie, une jeune mère venue avec ses deux enfants. «Avant, on venait plusieurs fois pendant la durée de la foire. Maintenant, c’est plutôt une ou deux fois. Ce midi, nous sortirons des sandwichs du sac pour que les petits puissent s’amuser. On doit faire des choix.»

Des choix, Luc et sa femme en ont également fait. Avec leurs petits-enfants à la main, ils ne voulaient pas manquer cette ouverture qu’ils estiment être le meilleur moment de la foire. Au programme de ce dimanche pour la petite famille : manège et restaurant de poissons frits. Néanmoins, aujourd’hui, ils se priveront pour faire plaisir aux enfants.

«Avant le covid, avec 50 euros, on pouvait déjeuner, s’offrir un plaisir pour la maison, faire des attractions et nos petits-enfants pouvaient même repartir avec une peluche. Cette fois-ci, nous repartirons les mains vides», regrettent-ils.

Dans les allées bondées, la question ne laisse personne indifférent, dans un sens comme dans l’autre. Sofiane, lui, se montre plus compréhensif. «Oui, certains tarifs m’ont surpris, notamment pour la nourriture, mais je ne connais pas de prix qui reste stable, surtout en ce moment.»

Sa compagne et lui sont des habitués de la Schueberfouer. Expatriés au Grand-Duché depuis dix ans, ils attendent cette fête chaque année avec la même impatience enfantine. «C’est un rendez-vous qu’on ne manquerait pour rien au monde.» Lassés de ce débat récurrent, qu’ils affirment entendre chaque année, ils revendiquent l’importance de soutenir les commerçants locaux. Pour eux, tout reste une question de perspective. «On peut toujours profiter de la foire en étant raisonnable, voire ne rien dépenser tout en profitant de l’ambiance.»

Pour Thomas, même son de cloche. Cet Eschois préfère rire de ces critiques. «Depuis vingt ans, j’entends les mêmes plaintes. Regardez autour de vous : le public continue à venir, comme toujours. Les prix de la restauration sont les mêmes qu’à l’extérieur. S’amuser ici revient au même tarif que pour d’autres activités. Les gens s’attendent à des prix plus bas parce que c’est une foire, mais ça ne marche pas dans ce sens.»

Les réactions sont donc contrastées. La polémique n’a toutefois pas entaché la fête ni le succès de ce premier week-end d’ouverture. Reste désormais à voir si les critiques influenceront – ou non – la fréquentation des familles au cours des deux prochaines semaines.

Les forains, eux, assurent comprendre ce mécontentement et agissent pour y répondre, comme l’explique Charles Harry. «Cette année, en plus de la journée demi-tarif, il y aura une journée familiale. Le 28 août, tous les établissements proposeront des prix réduits, restaurants y compris. Nous voulons nous assurer que chaque ménage luxembourgeois pourra profiter, au moins une fois, d’un moment à la Schueberfouer.»