Le compositeur et vibraphoniste grand-ducal Pascal Schumacher est de retour mercredi à la Philharmonie de Luxembourg avec son nouveau projet, Rosace.8.
Jazz, musique classique, musique de film, musiques actuelles… en duo, en trio, en quartette… Pascal Schumacher a réussi, en quinze ans de carrière, à se faire un nom jusqu’au Japon, sans jamais se laisser enfermer dans telle ou telle case. Il compte bien le prouver une nouvelle fois avec sa nouvelle composition, Rosace.8. Un titre à prononcer en anglais, «Rosace-dot-eight», pour un spectacle sur lequel le musicien a encore du mal à placer des mots.
«Une musique « urban », entre jazz et classique, avec une pointe d’électronique», résume, un brin mystérieux, le lauréat du premier prix et prix du public au Tremplin Jazz d’Avignon 2004, par ailleurs lauréat du Djangodor du nouveau talent en 2005, de l’ECHO Jazz 2012 ou encore du JTI Eurocore Jazz Award 2013. «Une musique symétrique, comme une rosace», ajoute-t-il.
Une musique qui n’a rien de religieux, comme certains pourraient le croire à cause du nom. Une musique que le créateur place volontiers dans ce courant «dont on ne parle pas encore beaucoup car il n’a pas encore un nom». Il poursuit : «Il y a un mot que l’on utilise beaucoup pour ça, mais qui est complètement faux, c’est « néoclassique ». Mais dans l’histoire de la musique, le néoclassique, c’est l’époque de Stravinsky! Alors certains parlent de « nouveau néoclassicisme », d’autres d' »indie classique », d’autres encore de « modern classique »». Quoi qu’il en soit, c’est «un courant dans lequel je me retrouve tout à fait», ajoute celui qui est par ailleurs professeur de percussions au Conservatoire de Luxembourg.
Une musique que personne, ou presque, n’a encore entendu. Car contrairement à ce que Pascal Schumacher a pu faire par le passé, le concert de mercredi ne sera pas une version scénique de son dernier album. Au contraire. Le concert sera enregistré et filmé sur place et l’enregistrement servira, ensuite, d’album live à cette création.
Orchestre amplifié
Une composition prévue, au départ, en huit mouvements, d’où ce chiffre 8 accolé au titre, mais qui en aura finalement 10, pour une durée totale d’à peu près 70 minutes. Pour jouer cette composition «peaufinée jusqu’au dernier millimètre carré disponible», dans laquelle «le rythme devient timbre et le timbre devient rythme», cette «musique pour la musique, sans nécessairement de message ou de contenu, mais qui, comme Drops & Points, fait « tripper » et ressentir des choses sur le moment avec différentes ambiances, différents univers sonores», le vibraphoniste sera accompagné par l’Orchestre philharmonique du Luxembourg.
Enfin, une partie. D’ailleurs, dans le petit teaser prévu pour annoncer le projet, Pascal Schumacher parle même d’orchestre de chambre. «Orchestre de chambre amplifié», corrige-t-il immédiatement. Il s’explique : «Ils ne seront pas 120 musiciens sur scène, mais dans une formation de chambre, car amplifiée. Ils seront une quinzaine de cordes», dont le «Konzertmeister» Philippe Koch, mais sans chef d’orchestre.
Et cette première de Rosace.8 pourrait bien rester un évènement unique. Pascal Schumacher s’explique : «C’est super de jouer à la Philharmonie avec l’OPL. Une chance incroyable, un fantasme pour plein de musiciens. Jouer avec une formation d’orchestre de chambre, c’est beau et très riche en sonorités mais, très probablement, quand le projet va continuer à exister par la suite, il y a des chances que je le fasse avec un quartette à cordes amplifié.»
Autrement dit que les amateurs du cycle Urban, qui ont apprécié les concerts d’Ólafur Arnalds, Nils Frahm, ou Sven Helbig – «qui fait quelque chose qui se rapproche beaucoup de ce que je fais» – ont intérêt à ne pas rater la performance de mercredi. D’autant que si un CD est prévu, aucune date n’est annoncée pour sa sortie. Et puis, pour les simples curieux, Pascal Schumacher l’assure, la musique de Rosace.8, bien que contemporaine, est une musique «facile d’accès», «symétrique», «jolie», «romantique», «esthétique», «agréable». En clair, «une musique pour tous» !
Pablo Chimienti