Rarement une pétition déposée à la Chambre aura suscité autant de réactions à peine ouverte aux signatures. Intitulée « Exclure les thématiques LGBT de l’éducation des mineurs », plus de 6 900 personnes l’ont signée en cinq jours, tandis que politiques, associations et syndicats font part de leur consternation.
Derniers en date à s’exprimer ce jeudi, le syndicat éducation et sciences de l’OGBL (SEW/OGBL) et l’association Rosa Lëtzebuerg. Après déi gréng et le Centre Cigale mercredi, ces deux acteurs de la vie publique expriment la même indignation à la lecture de la pétition n° 3198. Ouverte aux signatures le 20 juillet, elle demande l’exclusion des thématiques LGBT de l’éducation des mineurs et remporte un franc succès puisque 6 900 personnes l’ont déjà signée.
Son objectif, écrit le pétitionnaire Helder Rui De Almeida Neves, est «que les écoles se concentrent sur l’acquisition des compétences académiques fondamentales (…) tout en laissant aux parents la responsabilité d’aborder avec leurs enfants des sujets de nature personnelle et éthique». Autrement dit, les maths et la lecture pour l’école, les questions d’identité sexuelle pour la famille.
Mais de quels contenus éducatifs parle Helder Rui De Almeida Neves ? Car aucun programme scolaire n’a pour thème explicitement les LGBTIQ+. Selon Luc Weis, directeur du Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques (Script) interrogé par Virgule, «il n’est pas évident de comprendre à quels programmes scolaires le pétitionnaire fait référence», vraisemblablement, poursuit-il aux cours de « Vie et société » et qui en fonction de l’âge des élèves abordent l’identité, l’éthique ou encore les rôles sexuels.
Quelques jours après la Marche des fiertés à l’occasion de laquelle il a pourtant été rapporté les difficultés et discriminations dont est encore – et de plus en plus – victime la communauté queer, les milliers de signatures récoltés plongent l’ASBL Rosa Lëtzebuerg dans la consternation. Pour le SEW/OGBL, «nos écoles doivent éduquer les enfants et les jeunes à la diversité et à la tolérance, [ce qui] implique aussi de rendre visible la diversité du monde, de ne rien exclure ou tabouiser».
«Une censure très claire»
Ne plus évoquer les thèmes LGBTIQ+ et ne plus envisager l’école comme espace de parole ouverte reviendrait à «pousse(r) les personnes queers dans l’invisibilité, en marge de la société», explique le syndicat, concluant que sans un enseignement à la tolérance, les jeunes se retrouveraient seuls face aux «influenceurs et groupes de droite (qui) inondent différentes plateformes de propos discriminatoires à l’égard des personnes queers».
Les élèves ne pourraient «jamais entrer en contact avec ces réalités de la vie, adopter des préjugés étrangers et s’ils sont eux-mêmes concernés, ne pas connaître leur propre identité» dans un espace sûr, complète Rosa Lëtzebuerg. L’eurodéputée verte Tilly Metz le résumait ainsi la veille : «Les personnes qui se sentent appartenir à la communauté LGBTIQ existent bel et bien, ne représentent pas une menace et leur existence ne doit pas être passée sous silence, bien au contraire.»
«Une telle interdiction constituerait une censure très claire et nous ferait penser aux initiatives législatives telles que nous les connaissons dans d’autres pays, comme la Russie ou la Hongrie», poursuit l’ASBL dans son communiqué. Non sans s’étonner «qu’une pétition soit considérée comme recevable (alors qu’elle) traite les identités LGBTIQ+ comme une idéologie».
Interrogé sur cette pétition au micro de RTL, ce jeudi, le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a prévu d’expliquer aux pétitionnaires que « l’école doit préparer à la vie et à ce qu’est la société » sans éluder les thématiques liées à la sexualité et au genre, qui doivent être bien évidemment « abordées d’une manière adaptée à l’âge ».
Lol