Une cinquantaine de personnes ont bravé la pluie à Pétange, ce vendredi 24 mai, afin de réclamer justice pour Jonathan Aubry. Ce français est décédé en décembre dernier dans une boîte de nuit de la commune, dans des circonstances encore troubles.
Le temps n’est pas aux sourires en ce vendredi après-midi à Pétange. Une cinquantaine de personnes se sont réunies pour une marche blanche en mémoire de Jonathan Aubry. Sous une pluie battante, tous défilent en silence.
Des proches, des connaissances, mais aussi des inconnus sont venus soutenir sa famille. Surnommé «Panzer» par ses amis, le français de 35 ans a été tué le 23 décembre dernier lors d’une altercation dans la boîte de nuit de la commune luxembourgeoise, le «Champs-Élysées».
Alors que Jonathan Aubry venait fêter la fin d’année avec ses collègues, l’un des agents de sécurité lui aurait donné un coup de poing. Il serait ensuite décédé à la suite de sa chute sur la tête.
Des soins médicaux intensifs ont été prodigués sur place par les secours, en vain. Le videur de la boite de nuit, âgé de 57 ans, a été interpellé dans les jours qui ont suivi, inculpé pour les préventions de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, ainsi que d’homicide involontaire, puis libéré sous contrôle judiciaire.
Faïza Aubry-Bouraï, la femme de Jonathan Aubry, souhaitait, cinq mois après les faits, «rendre hommage à la mémoire» de son mari. «Il y a certaines personnes qui auraient souhaité que ce soit en France, mais je n’y voyais pas de symbolique. Il est décédé au Luxembourg, à Pétange, donc je trouve que c’est plus marquant de le faire dans le pays dans lequel il est décédé, et la justice a lieu ici.» Elle voulait surtout «faire plus de bruit vis-à-vis de la justice».
En effet, l’enquête semble aujourd’hui être au point mort. «Les procédures durent longtemps en temps normal, mais au vu de la gravité des faits, j’aimerais que ça aille plus vite. Parce qu’il ne s’agit pas d’une affaire normale», indique Bruno Vier, avocat des proches. «Je trouve qu’il y a une certaine lenteur et un manque de transparence. En tout cas, c’est une justice à deux vitesses. L’auteur présumé est à l’extérieur tandis que mon mari, lui, est enterré», dénonce sa veuve.
Les avocats des proches de Jonathan Aubry attendent des réponses de la part du juge d’instruction. «L’instruction doit encore être menée, je pense qu’il y a différentes personnes à entendre, notamment des personnes présentes sur les lieux qui, peut-être, auront une version des faits qui confirmera ce que l’on pense depuis le début : monsieur Aubry a été tué dans un établissement de nuit, alors qu’il venait juste pour faire la fête sans causer de troubles», explique Anthony Winkel.
Et son collègue, Bruno Vier, d’ajouter dans un même sens : «Il y a plusieurs zones troubles dans cette affaire, qu’il convient d’éclaircir. C’est notre mission de tirer cette affaire au clair.»
Une minute de silence sur les lieux du drame
Le cortège s’est élancé de l’Hôtel de ville à 14 h avant de traverser Pétange durant deux kilomètres et rallier les lieux du drame. Là, une minute de silence a été observée par toutes les personnes présentes.
La marche a eu lieu sans encombre, comme l’avaient souhaité les organisateurs, et sous escorte de la police grand-ducale. «Je suis contente de voir toutes les personnes présentes. Je m’attendais à un peu plus de monde, bien évidemment, mais on sait que tout le monde travaille aujourd’hui. On a réussi malgré tout à mobiliser», reconnaît Faïza Aubry-Bouraï. «Ça montre quand même tout l’amour que Jonathan laissait autour de lui, c’était un homme bon, tué injustement.»
«Quand je vois la détermination de tous ces gens sous cette pluie, rien n’arrêtera ma cliente et rien ne nous arrêtera pour faire justice. Si on est aujourd’hui devant le Champs-Élysées, ce n’est pas un hasard, on veut rappeler à tout le monde que monsieur Aubry a perdu la vie ici pour une stupidité», martèle l’avocat de la famille.
Faïza Aubry-Bouraï attend, elle, à présent une date d’audience. «On aimerait bien être interrogé aussi. Je n’ai pas non plus été appelée ni placée dans une cellule psychologique ou quoi que ce soit. C’est comme s’il n’y avait rien eu. Je trouve ça aberrant de la part du Luxembourg.»