L’ancien coach du luxembourgeois Gilles Muller, analyse la décision de l’arbitre de la finale de l’US Open dame, samedi soir, match lors duquel Serena Williams a péter un plomb.
Tout a commencé quand la cadette des sœurs Williams (36 ans) a reçu un premier avertissement pour «coaching» en début de deuxième set, à 1-0, 40-15, service Osaka. «Je ne triche pas pour gagner, je préfère encore perdre», se défend-elle dans un premier temps auprès de l’arbitre de chaise, le Portugais Carlos Ramos, avant de lui en reparler au changement de côté suivant. «C’est incroyable, je n’ai pas reçu de « coaching ». Je ne triche pas, je n’ai jamais triché de ma vie, je me bats pour ce qui est juste, vous me devez des excuses», lui lance-t-elle à plusieurs reprises, en colère.
«C’est vous le menteur !»
Puis à 3-2, Serena reçoit un second avertissement, comme le prévoit le règlement, pour avoir fracassé sa raquette après avoir été débreakée, ce qui lui vaut cette fois un point de pénalité. «Vous attaquez ma personne. Vous avez tort. Vous n’arbitrerez plus jamais un de mes matches. Vous me devez des excuses. C’est vous le menteur», reprend-elle au changement de côté suivant (4-3 pour Osaka), toujours hors de ses gonds. «Vous êtes un voleur. Vous m’avez volé un point», accuse-t-elle. C’est à ce moment-là que l’arbitre portugais lui inflige un troisième avertissement, qui, selon les règles, est un jeu de pénalité, qui permet à Osaka de mener 5-3.
Deux jeux plus tard, la star américaine, en larmes lors de sa discussion avec une responsable du tournoi à même le court lors du dernier changement de côté, s’incline et voit son rêve d’égaler le record absolu de titres en Grand Chelem détenu par Margaret Court (24), s’envoler. Revenue sur le circuit début mars six mois après avoir donné naissance à sa fille, Olympia, Serena avait déjà trébuché sur la dernière marche, en finale de Wimbledon il y a deux mois à peine, face à l’Allemande Angelique Kerber (WTA 4).
Alexandre Lisiecki : « cet arbitre a été très bon! »
Il y a plusieurs choses à dire par rapport à ce qu’il s’est passé samedi soir. La première est que la règle du jeu actuelle est : un coach n’a pas le droit de coacher durant un match de tableau final en Grand Chelem. Est-ce que tout le monde respecte ça? Non! Moi-même, cela m’est d’ailleurs arrivé de l’enfreindre sans être sanctionné. Même si je l’ai parfois frôlé.
L’arbitre de ce match, le Portugais Carlos Ramos, qui selon moi a été très bon, est quelqu’un qui connaît parfaitement le tennis. Il sait que Patrick Mouratoglou donne souvent des instructions en bord de terrain, même si Serena ne le regarde pas toujours. C’est d’ailleurs ce qu’elle a dit concernant cette finale. Mais, en attendant, Patrick Mouratoglou commet une faute grave puisqu’il est pris en flagrant délit. Et qu’à cause de son erreur, sa joueuse est sortie de son match en prenant cet avertissement! Car cet échange s’est passé à un moment clé de cette finale.
Faut-il changer la règle en vigueur? Oui, sans conteste. D’ailleurs, le coaching est autorisé sur le circuit WTA… et même en qualifs de Grand Chelem lors de cet US Open. Mais là n’est pas la question dans cette affaire.
Ici, l’arbitre a simplement vu un entraîneur qui essayait de tricher et il a sanctionné la joueuse. L’avertissement est mérité. Serena l’a mal pris et on peut la comprendre : elle considère qu’elle n’a pas besoin de ça pour gagner. C’est une immense championne, une légende du tennis. Mais dans le 2e set de cette finale, après avoir pris le dessus, elle n’a pas su garder son avantage. Sans doute un peu parce qu’elle n’est pas encore assez «fit» mais surtout parce qu’Osaka était meilleure. Et ça, cela a rendu dingue l’Américaine. Et elle a fait un cirque pas possible, comme cela avait déjà été le cas lors de ses défaites face à Kim Clijsters en demi-finale en 2009 et en finale contre Samantha Stosur deux ans plus tard. C’est désolant parce qu’elle a volé la vedette à la Japonaise.
Le Quotidien