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Personnes condamnées en fonction de leur nationalité : des chiffres à nuancer


(Photo archives Editpress/ Alain Rischard)

Si les étrangers sont plus nombreux à comparaître devant la justice, ils sont aussi plus condamnés que les Luxembourgeois.

D’après un chiffre issu d’une question parlementaire, parmi les 611 prisonniers du Luxembourg, 465 n’auraient pas la nationalité grand-ducale. Mais qu’en est-il dans les faits ? Dans une question parlementaire, le député déi Lénk Marc Baum a souhaité interroger la ministre de la Justice, Elisabeth Margue (CSV) sur le profil des personnes détenues au Luxembourg.

Selon les chiffres rapportés par la ministre de la Justice, en 2024, 970 personnes ont comparu devant la justice sans avoir eu d’antécédents judiciaires. Parmi elles, 379 étaient de nationalité luxembourgeoise, 533 étaient de nationalité étrangère et 57 de nationalité inconnue. Dans sa réponse, la ministre précise « que si une personne possède plusieurs nationalités, dont une étant la nationalité luxembourgeoise, elle est considérée comme luxembourgeoise. Si aucune nationalité n’est renseignée, ces personnes sont comptées comme de nationalité inconnue ».

Concernant les condamnations, les chiffres révèlent qu’en 2023, 488 personnes n’ayant aucun antécédent judiciaire ont été condamnés à une peine d’emprisonnement. Les chiffres montrent que 93 Luxembourgeois ont reçu une condamnation, contre 327 étrangers et 68 de nationalité inconnue. De manière globale, sur les dix dernières années, les étrangers sont davantage condamnés que les personnes de nationalité luxembourgeoise. Une situation peu étonnante puisqu’il faut rappeler que 47% des résidents luxembourgeois sont étrangers.

Dans le détail, on apprend qu’en 2023, 112 personnes sans antécédents judiciaires ont été condamnées à de la prison ferme. Deux étaient de nationalité luxembourgeoise, 91 de nationalité étrangère et 19 de nationalité inconnue. Sur les 253 personnes ayant eu un sursis total, 83 étaient luxembourgeois et 149 étrangers. Mais comme le dit la ministre dans sa réponse, « ces chiffres ne prennent pas en compte la gravité des faits constatés ».

Pas de formation sur la sensibilité des magistrats aux stéréotypes de genre

À la question de savoir si des ateliers, séances, workshops sont organisés par le ministère sur les préjugés (sexisme, racisme, origine), la réponse est non. « La sensibilisation des magistrats et magistrates luxembourgeois aux préjugés et stéréotypes de tout genre est un sujet important qui devrait faire partie de la formation de chaque magistrat. Des séances, ateliers et workshops ne sont pas organisés par le ministère de la Justice, alors que ce domaine ressort de la compétence des autorités judiciaires », conclut la ministre.