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Pensions : déi Lénk chiffre ses propositions


Déi Lénk refuse que les gens «tombent dans le piège du gouvernement» et donne des idées pour générer des recettes. (photo Fabrizio Pizzolante)

Le parti d’opposition de gauche ne veut pas d’une «réforme brutale» et émet quelques propositions qui permettraient d’engendrer 814 millions d’euros de recettes annuelles.

Des propositions simples et rapidement réalisables», affirme déi Lenk qui annonce la couleur pour le prochain débat consultatif, dans trois semaines, à la Chambre des députés sur le régime des pensions. Un débat pour rien ? «Comme si le gouvernement ne savait pas déjà ce qu’il veut faire» , lâche le parti d’opposition qui ironise sur «des pseudo-consultations sans inspiration» sur le site «schwätzmat».

Le parti de gauche sait aussi ce qu’il ferait à la place du gouvernement, qui, selon lui, se contente de faire siennes les propositions du patronat. «Déi Lénk veut s’assurer que les gens ne tombent pas dans le piège que le gouvernement leur tend dans ce processus de consultation», communique-t-il, craignant que la réforme du système des pensions aille dans le sens d’un affaiblissement du système public de retraite pour privilégier «des assurances retraite privées et spéculatives».

Pas d’urgence à réformer le système

La première mesure que propose le parti permettrait d’engendrer annuellement des recettes à hauteur de 706 millions d’euros. Pour y parvenir, il faudrait introduire un déplafonnement des cotisations sans augmentation équivalente des prestations. Dans le régime commun, aucune pension ne peut être supérieure à 10 875 euros, mais environ 5 % des salariés (28 000 salariés) sont concernés et gagnent plus de 5 fois le salaire minimum. Une grande part de leurs revenus n’est pas prise en compte pour financer les retraites. Ceux-là pourraient cotiser davantage et ramener 706 millions d’euros, sans contrepartie.

Une deuxième mesure consisterait à introduire le prélèvement sur les heures supplémentaires. Déi Lénk chiffre à 81 millions d’euros ces recettes supplémentaires.  Au chapitre des recettes, toujours, une troisième proposition consiste à supprimer les cotisations de retraite pour les pensionnés âgés de plus de 65 ans qui poursuivent une activité en tant qu’indépendant.

En 2022, 5,2 % des personnes qui ont cumulé activité professionnelle et retraite étaient concernées. Cette mesure représenterait un supplément de 28 millions d’euros et l’ensemble de ces propositions, un total de 814 millions d’euros (chiffres pour 2023) de recettes pour les caisses de pension.

Pour déi Lénk, il n’y a pas d’urgence à réformer le système et à pousser des cris d’orfraie alors qu’il existe, selon eux, «une grande marge de manœuvre» du côté des recettes de la caisse de pension «pour débloquer les moyens nécessaires au maintien de l’équilibre financier à moyen et long terme et même pour pouvoir procéder à diverses améliorations au niveau de la justice sociale».

Stabilité assurée sur dix ans

Quant aux dépenses, il y a aussi de la marge, avec «un potentiel d’économies important, de l’ordre de 221,3 millions d’euros, si les dépenses de la CNAP qui n’ont pas de lien direct avec le versement des pensions sont transférées vers le budget de l’État», estime déi Lénk. Le parti de gauche vise ici les frais administratifs, diverses prestations pour le Fonds pour l’emploi (indemnités d’attente et préretraite) ainsi que des dépenses pour les pensions dans le service public.

«Les retraites devraient rester stables au cours des dix prochaines années grâce à ces mesures», et permettraient d’éviter le déclenchement des mécanismes «néfastes» introduits avec la réforme de 2012, à savoir la fin de l’ajustement intégral des retraites et de l’allocation de fin d’année.

Autre point important pour déi Lénk : l’augmentation de la pension minimale qui s’élève actuellement à 2 293,55 euros. Insuffisant, juge la Gauche qui prône l’alignement de ce montant sur le salaire minimum. «La faible pension minimale explique également pourquoi le taux de pauvreté des personnes âgées a explosé au Luxembourg ces dernières années, passant de 3,9 % en 2011 à 10,7 % en 2023», rappelle le parti d’opposition.

«Nous ne voulons pas de réformes brutales qui visent une réduction du niveau de retraite pour les générations futures, ni créer des privilèges parallèles au profit de personnes ayant des revenus élevés au détriment des personnes avec des revenus modestes.»

Enfin, si l’équilibre du système de retraite ne pouvait plus être maintenu dans les années 2030 ou 2040, déi Lénk envisagerait une augmentation du taux de cotisation de 3 fois 8 % actuellement à 3 fois 9 %.