En première instance, les 21 prévenus du réseau de stupéfiants nigérian de Wasserbillig avaient été condamnés à des peines de prison allant de 6 à 15 ans ferme. Ce mercredi après-midi, la Cour d’appel a déclaré « partiellement fondé » leur appel. Pratiquement tous les prévenus bénéficient d’une réduction de peine. Le principal prévenu Joseph E. écope ainsi de 12 ans au lieu de 15 ans de réclusion ferme.
C’est le 27 octobre 2015 que la police était passée à l’action au 33 Grand-Rue à Wasserbillig, frappant un gros coup contre un réseau de stupéfiants nigérian actif dans le quartier de la Gare à Luxembourg. Vingt hommes et une femme s’étaient retrouvés sur le banc des prévenus mi-janvier 2017. À l’issue de leur procès en première instance, ils avaient écopé d’un total de 128 ans de réclusion ferme et 19 ans assortis d’un sursis. Tous avaient interjeté appel. De début octobre à mi-novembre, ils comparaissaient devant la Cour d’appel. Pendant de longues heures, la défense avait tenté de démonter l’association de malfaiteurs retenue par les premiers juges. Après onze audiences, les débats s’étaient achevés avec le réquisitoire du parquet général.
Ce mercredi après-midi, la Cour d’appel a rendu son arrêt. Si elle a confirmé la circonstance aggravante que les infractions ont été commises au sein d’une organisation criminelle pour 20 des 21 prévenus, dans l’ensemble elle a prononcé des peines moins lourdes que les premiers juges. En première instance le principal prévenu Joseph E. avait été condamné à 15 ans de prison ferme et 10000 euros d’amende. En appel, il écope de 12 ans de réclusion ferme. L’amende, quant à elle, est confirmée. Selon l’enquête, Joseph E., le propriétaire du «G33» à Wasserbillig, mettait l’immeuble à la disposition d’un grand nombre de dealers pour 20 euros la nuit. C’est à cette adresse que les substances illégales étaient préparées et cachées, à l’abri des regards, avant que les dealers assurent leur vente dans le quartier de la Gare, à Luxembourg.
Aussi Henry P. bénéficie d’une réduction de peine. Il est condamné à dix ans de prison (au lieu de 15 ans) et de 10000 euros d’amende en deuxième instance. Il était poursuivi pour avoir livré quotidiennement les drogues au «G33», soit un total estimé à 14 kg de cocaïne entre le 2 juillet et le 26 octobre 2015. La Cour d’appel a toutefois réévalué les quantités de drogue importées à 8 kg.
La troisième prévenue, Bekky T., s’en sort également mieux qu’en première instance. Elle n’est pas connue pour avoir importé ou proportionné de la drogue. Mais c’est elle qui avait en main la gestion du «G33» et contrôlait son accès. Tout comme Joseph E., elle aurait profité du trafic de drogue. Alors qu’en première instance, elle avait écopé de neuf ans de prison, dont trois avec sursis, et 2 500 euros d’amende, la Cour d’appel a ramené sa peine à huit ans de prison – trois ans sont toujours assortis du sursis.
Les 18 revendeurs déchargés de leur amende
Les 18 revendeurs de drogue avaient tous été condamnés à six ans de réclusion et à une amende de 1000 euros en première instance. Huit d’entre eux avaient pu bénéficier d’un sursis de deux ans. À l’exception d’un prévenu, tous ont bénéficié d’une réduction de peine en appel. Leurs peines s’élèvent de 30 mois à six ans ferme. Six d’entre eux se sont vu accorder un sursis partiel. Tous sont toutefois déchargés de l’amende.
Enfin, la Cour d’appel a ordonné la confiscation de l’immeuble «G33» à Wasserbillig, par équivalent à concurrence de 29 040 euros. Ce montant est nettement moins élevé que celui retenu en première instance. Pour rappel, les premiers juges avaient retenu la somme de 136 435 euros comme étant le montant de loyer minimum encaissé par Joseph E., le propriétaire du «G33».
Fabienne Armborst