Le partage de la création de richesse s’est fait de plus en plus en faveur du capital au détriment du travail dans les pays avancés entre 1994 et 2015, sauf en Grande-Bretagne et en France, selon une étude gouvernementale française publiée jeudi.
Cette évolution s’explique d’une part par « la hausse de l’intensité en capital (progrès technique, automatisation NDLR) et d’autre part une progression modérée des salaires réels », selon cette note de la direction générale du Trésor du ministère de l’Economie. Les évolutions constatées sont diamétralement opposées entre la France, où la part de la valeur ajoutée revenant au travail a progressé en 21 ans de 0,6 point de pourcentage, et l’Allemagne, où elle a diminué de 2,9 points.
France et Royaume-Unis : deux exceptions parmi les grands pays
La part revenant au capital a inversement progressé de 1,6 point outre-Rhin, mais reculé de 0,4 point dans l’hexagone. La part de fiscalité indirecte a également évolué en sens opposé entre les deux premières économies de la zone euro puisqu’elle a reculé de 0,2 point en France et augmenté de 1,3 point en Allemagne. Le Royaume-Uni « fait figure d’exception », avec une part revenant au travail en progression de 4,6 points, contre une baisse de 5,8 points pour le capital, ce que les auteurs expliquent par un taux de chômage faible et des tensions sur le marché du travail qui ont permis une progression des salaires. La part de la fiscalité a augmenté de 1,2 point outre-Manche.
Aux Etats-Unis en revanche, la part du capital progresse de 6,4 points alors que celle revenant aux salaires recule de 2,7 points, la différence de 3,7 points étant due à l’allègement de la fiscalité. D’une manière générale sur la période, l’affaiblissement des gains de productivité a rogné le surplus distribuable de création de richesses, passé d’environ 1% du PIB dans les années 1995-2011 à environ 0,5% du PIB dans les années 2000.
Quelles explications pour le cas Français ?
En France, « le surplus a été entièrement consacré à la rémunération unitaire des travailleurs », relève la note, tandis que « depuis le milieu des années 90, la rémunération du capital a aussi absorbé une partie du surplus distribuable en Allemagne, aux Etats-Unis et au Japon ». Selon les économistes du Trésor, la situation particulière de la France s’explique par une progression des salaires réels plus rapide que celle de l’intensité capitalistique, alors que le progrès technique a connu une croissance plus rapide que les salaires réels en Allemagne, aux Etats-Unis et au Japon.
AFP