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Pays-Bas : les libéraux du Premier ministre en tête devant Wilders et les autres


Le Premier ministre libéral néerlandais Mark Rutte. (photo AFP)

Le Premier ministre libéral néerlandais Mark Rutte semblait avoir facilement battu mercredi son rival d’extrême droite Geert Wilders lors de législatives scrutées à la loupe en Europe, selon des sondages sortie des urnes.

Ces sondages diffusés à la clôture des bureaux de vote à 21 heures créditaient les libéraux du VVD de 31 sièges sur les 150 de la chambre basse du parlement, ce qui représente néanmoins une perte de 10 sièges par rapport aux dernières élections en 2012.

Après le Brexit au Royaume-Uni et la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, tous les yeux étaient braqués sur la formation de Geert Wilders, dont le score est perçu comme un indicateur de la montée du populisme en Europe à moins de 40 jours de la présidentielle française et avant les législatives allemandes de l’automne.

Les chrétiens-démocrates du CDA, les progressistes de D66, et le PVV de Geert Wilders, avec lequel les principales formations ont d’ores et déjà exclu de gouverner, ont chacun remporté 19 sièges.

« Électeurs du PVV, merci! Nous avons gagné des sièges! Le premier succès est acquis! », a tweeté le député, qui avait remporté 15 sièges sur les 150 de la chambre basse du parlement aux dernières élections, « et Rutte n’est pas encore débarrassé de moi! »

Dans une salle bondée de La Haye, les sympathisants du VVD, verre de champagne à la main, ont fêté leur succès. « J’estime que c’est une victoire pour l’Europe car il y a beaucoup de pays où les partis populistes deviennent de plus en plus grands », a affirmé à l’AFP la ministre à l’Infrastructure sortante, Melanie Schultz.

Déjà marquée par les questions de l’identité et de l’immigration dans ce pays de 17 millions d’habitants, la campagne avait été phagocytée par l’éclatement le week-end dernier d’une crise diplomatique avec Ankara après l’interdiction faite par les autorités néerlandaises à des ministres turcs de participer à des meetings en faveur du président Recep Tayyip Erdogan.

Ce qui, selon les experts, aurait bénéficié au Premier ministre.

81% de participation

Les travaillistes du PvdA, partenaires de la coalition sortante, ont eux enregistré une défaite historique et perdu 29 sièges. « Il s’agit d’un résultat absolument décevant », a affirmé le chef de file du parti, Lodewijk Asscher : « mais c’est là la décision des électeurs et nous devons la respecter ».

Les écologistes de GroenLinks, menés par le charismatique Jesse Klaver, ont quadruplé leur score et récolté 16 sièges. Les premiers décomptes officiels partiels étaient attendus vers 23h30.

Le scrutin a été marquée par une participation massive : 81% des 12,9 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes, selon l’Institut de sondage Ipsos. Aux dernières élections en 2010 et 2012, ces taux étaient de 74,6% et 75,3%.

Plusieurs communes ont ainsi du réimprimer des bulletins de votes, ou installer des isoloirs supplémentaires.

« Le PVV (de M. Wilders) n’est pas une force révolutionnaire », a commenté pour l’AFP Geerten Waling, chercheur en histoire politique à l’université de Leiden. « Bien qu’il (le PVV) ne soit pas petit, les gens sont restés du côté des hommes politiques raisonnables ».

A plusieurs reprises dans le passé, l’élu à la chevelure peroxydée a vu son score dégringoler entre les prédictions des sondages et le résultat du scrutin. Dans son programme politique succinct, il a promis d’interdire l’accès des Pays-Bas aux immigrants musulmans, d’interdire la vente du Coran et de fermer les mosquées, dans un pays dont la population compte environ 5% de musulmans.

« Mais peu importe l’issue des élections aujourd’hui, le génie ne retournera pas dans la lampe et cette révolution patriotique, que ce soit aujourd’hui ou demain, aura de toute façon lieu », avait-t-il assuré en votant dans la matinée.

Coalition de centre-droit?

Le système électoral néerlandais à la proportionnelle presque intégrale oblige à créer des coalitions et dans un paysage aussi fragmenté, la formation pourrait prendre des mois – le record est de 208 jours.

Le CDA et D66 sont des partenaires naturels pour les libéraux mais une telle construction aurait besoin d’un parti supplémentaire pour obtenir la majorité de 76 sièges. Les regards se portent vers les chrétiens (CU, 6 sièges) et les protestants rigoristes du SGP (3 sièges). « Il existe néanmoins d’autres candidats potentiels », comme les écologistes, affirme M. Waling.

Par peur d’attaques informatiques, les bulletins seront intégralement décomptés à la main et les résultats officiels communiqués mardi.

Le Quotidien / AFP