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Pauvreté : « On essaie d’avoir les filets pour retenir les gens »


Le premier ministre Xavier Bettel s'est rendu auprès des plus démunis de Luxembourg, jeudi, lors du repas de l'Asbl Stëmm vun der Strooss (Photo : Isabella Finzi).

Très à l’aise dans l’exercice, le Premier ministre a passé plus d’une heure au repas de Noël de la Stëmm vun der Strooss avec les bénéficiaires, jeudi. Certains le connaissaient déjà bien. Il nous confie son sentiment sur la pauvreté au Luxembourg.

Pourquoi avez-vous choisi de venir ?
Xavier Bettel : J’étais déjà venu en tant que bourgmestre, mais il me paraissait important de revenir en tant que Premier ministre. (Xavier Bettel, interrompu par une bénéficiaire de la Stëmm vun der Strooss, échange quelques mots gentils et des sourires, puis reprend.) Il y en a énormément que je connais bien, que j’ai suivis pour des raisons professionnelles.

Vous les voyez évoluer ?
Certains évoluent, d’autres pas. Dans tous les cas, il est important de les soutenir. Encore faut-il qu’ils acceptent de l’aide! Il faut les encourager quand la vie est difficile, mais aussi une fois qu’ils sont sortis de la pauvreté.

« Il ne faut pas les laisser ensuite chuter, rechuter et tomber plus bas »

On oublie parfois qu’il y a de la pauvreté au Luxembourg ?
Il y a de la pauvreté, mais on est dans un pays où l’on essaye d’avoir les filets pour retenir les gens. Il ne faut pas les laisser ensuite chuter, rechuter et tomber plus bas. La pauvreté existe ici comme ailleurs, mais on a d’importantes structures. Ce soutien est nécessaire et il faut amener ceux qui en ont besoin vers les associations. Tout le monde peut être concerné demain par la pauvreté. Ici, il y a 80 à 90 bénévoles et je dirais que, même si c’est triste, au-delà de l’aide matérielle, ils ont aussi besoin de soutien, de temps et d’écoute.

Est-ce que le nouveau gouvernement a des projets pour aider les plus démunis ?
Oui, déjà pour le logement. C’est un grand challenge. Il faudrait également que les structures sociales soient réparties à travers tout le pays. Il n’y a pas de raison que tout soit concentré dans certains secteurs. Chaque commune doit aussi prendre ses responsabilités (NDLR : Mercredi, le Conseil de gouvernement a approuvé la construction supplémentaire de 427 logements subventionnés. L’ensemble du programme de construction en la matière comprend actuellement 537 projets pour un total de 11 197 logements.)

Propos recueillis par Audrey Libiez

Retrouvez notre reportage à la rencontre des personnes démunis dans notre édition papier de ce 21 décembre.

La pauvreté gagne du terrain

La Stëmm vun der Strooss rappelle que la pauvreté au Luxembourg augmente. «Les chiffres le prouvent : sur les dix premiers mois de cette année, 82 835 repas ont été servis dans les deux restaurants sociaux de Hollerich et d’Esch-sur-Alzette, contre 51 083 en 2015.» Cela représente une augmentation d’au moins 38 % sur les trois dernières années. «Si l’on analyse uniquement les chiffres du restaurant de Hollerich, on note que la progression est encore plus flagrante puisque depuis le début de l’année, 65 649 repas y ont été préparés.» Or, en 2015, le nombre de repas atteignait tout juste les 34 544, il a donc presque doublé en trois ans.