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Pauvreté au Luxembourg : 106 mesures et un milliard d’euros pour inverser la tendance


Les ministres Max Hahn (au c.), Martine Deprez et Claude Meisch ont présenté une stratégie qui comprend 106 mesures et qui concerne 18 ministères. (Photo : fabrizio pizzolante)

Le gouvernement a enfin dévoilé son Plan d’action pour la lutte contre la pauvreté, une stratégie transversale qui a pour objectif de réduire sensiblement la précarité au Luxembourg.

Ils étaient finalement trois ministres – Max Hahn (Famille), Martine Deprez (Santé) et Claude Meisch (Éducation et Logement) – à dévoiler, lundi en début d’après-midi, une feuille de route censée empêcher qu’un résident sur cinq ne continue de vivre en dessous du seuil de la pauvreté.

Ce taux d’environ 20% n’a rien d’anodin : il souligne l’urgence d’inverser une tendance qui s’installe depuis des années. Le constat devient encore plus préoccupant lorsque l’on y ajoute deux chiffres supplémentaires : un enfant sur quatre est exposé au risque de pauvreté et un salarié sur sept appartient à la catégorie des travailleurs pauvres — un domaine dans lequel le Luxembourg occupe, tristement, la première place en Europe.

Face à ces constats, le gouvernement CSV-DP lance pour la première fois une stratégie globale, interministérielle et concertée pour répondre à un phénomène désormais multidimensionnel. Elle comprend 106 mesures et concerne 18 ministères.

Fruit d’une large consultation — société civile, institutions des droits de l’homme, partenaires sociaux, chambres professionnelles et personnes concernées —, le Plan d’action pour la lutte contre la pauvreté vise à renforcer la solidarité nationale.

Les ministres de la Famille, de la Santé, de l’Éducation nationale et du Logement soulignent que la pauvreté ne constitue pas seulement une situation individuelle douloureuse, mais également une menace pour la cohésion sociale et les valeurs fondamentales du pays.

Le plan s’articule autour de huit axes majeurs : accès aux droits et services sociaux, aides et prestations sociales, logement, santé et sécurité sociale, éducation et enfance, formation tout au long de la vie, emploi et cohésion sociale.

L’implication directe de personnes ayant vécu la pauvreté constitue un pilier central, afin d’ancrer les politiques publiques dans la dignité et l’expérience vécue.

Un budget avoisinant le milliard d’euros

Le plan mobilise les ministères concernés et les acteurs sociaux autour d’une ambition forte : «Bâtir une société plus solidaire, inclusive et équitable».

Il annonce une «action coordonnée pour répondre à la montée des vulnérabilités, même si la mise en œuvre des nombreuses mesures annoncées restera déterminante pour juger de leur impact réel».

«En effet, la pauvreté ne constitue pas uniquement un drame individuel, qui affecte profondément la vie des personnes concernées dans tous ses aspects, favorisant l’exclusion sociale et touchant la dignité humaine.

Elle demeure également l’un des défis les plus complexes pour notre société dans son ensemble, qui menace la cohésion sociale et met à l’épreuve nos valeurs fondamentales de solidarité et d’égalité», poursuit le communiqué du gouvernement.

«La pauvreté, sous toutes ses formes, ne peut être acceptée dans un pays comme le Luxembourg. Bien que la lutte contre la pauvreté constitue un défi sur le long terme, ce plan d’action représente une avancée stratégique majeure pour lutter contre les dynamiques de pauvreté et d’exclusion», martèle le ministre de la Famille, Max Hahn. 

En 2027, les mesures vont engendrer des dépenses supplémentaires à hauteur de 400 millions d’euros par rapport aux mesures déjà budgétisées, qui se chiffrent à 600 millions d’euros. L’enveloppe globale consacrée à la lutte contre la pauvreté s’établit donc à un milliard d’euros.

Quelques mesures phares

Les allocations familiales devraient être augmentées dès 2027 de 45 euros par enfant. Pour les enfants âgés de 12 ans et plus, l’augmentation atteindrait même 60 euros par enfant.

Les familles à faibles revenus avec enfants bénéficieront, à partir de 2027, d’un soutien supplémentaire  : 300 euros par an pour un enfant de 4 à 5 ans, 1 000 euros pour un enfant de 6 à 11 ans et 3 000 euros pour un enfant de 12 à 25 ans.

Les chèques-service accueil seront également adaptés, afin de soutenir les parents défavorisés qui n’ont d’autre choix que de faire garder leurs enfants dans des structures d’accueil plus coûteuses.

À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, une nouvelle aide financière annuelle de 2 400 euros sera accordée aux ménages à faibles revenus dans lesquels vit une personne âgée. Pour chaque personne âgée supplémentaire vivant dans le foyer, une aide additionnelle de 1 200 euros sera versée.

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