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Patrimoine : ces 5 traditions officiellement reconnues


Une vingtaine de personnes ont reçu des décrets ministériels reconnaissant leur compétence, comme André fabricant des fagots spéciaux.

De la Kënnbakesteeën à la Liichte goen, voici les cinq savoir-faire locaux qui sont désormais inscrits au patrimoine immatériel national.

«Ces traditions représentent notre histoire et notre vivre-ensemble», explique le ministre de la Culture, Eric Thill. Ce 17 octobre, date symbolique de l’adoption de la Convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, le Luxembourg a inscrit cinq nouveaux éléments à son inventaire national. Cinq expressions de savoir-faire locaux désormais reconnues officiellement. «Les inscrire, c’est valoriser nos richesses et donner de la visibilité à ceux qui les perpétuent et qui participent à renforcer la cohésion sociale», informe le ministre.

La première tradition du jour à être honorée était la Kënnbakesteeën. Cette vente aux enchères de bajoues de porc est inscrite dans l’histoire de villages du nord du pays dont celui de Bockholtz. L’évènement se déroule à la Saint-Valentin et à la Saint-Antoine. Aly anime chaque année ces enchères et précise qu’à Bockholtz «le 14 février n’est pas la fête des amoureux mais celle de ce saint patron des étables. Autrefois, on bénissait les animaux, puis on organisait cette vente festive». Longtemps tombée dans l’oubli, la fête a été relancée en 1993 grâce à un curé, retraité de l’université de Louvain. Aujourd’hui, elle rassemble environ 250 personnes. «C’est une manière de garder un lien entre les générations», poursuit Aly. Il ajoute d’ailleurs que les gens de son village sont les derniers à faire la viande eux-mêmes et il «touche du bois pour que cet esprit continue».

Une inscription synonyme de «vraie reconnaissance»

Un peu plus au sud, au musée de Thillenvogtei, André perpétue le savoir-faire du Fäsche maachen : une fabrication de fagots. «Ces fagots ne servent pas au chauffage domestique, mais uniquement à allumer les fours à pain traditionnels», explique-t-il. «La cuisson est bien meilleure avec ces petites branches fines.» Ce geste presque disparu est toujours utilisé dans ce musée. Il témoigne d’un artisanat ancien et le voir inscrit au patrimoine immatériel «est une vraie reconnaissance», assure le gestionnaire. «Ce savoir a des centaines d’années, et je pense qu’il est important de la préserver.»

En effet, chaque représentant a reçu un arrêté ministériel reconnaissant sa compétence. «Cela fait partie de nos responsabilités de préserver ces pratiques, car elles nous relient à notre passé et à notre identité commune», annonce le ministre. Pour en avoir le bénéfice, tous ont dû faire la démarche volontaire de soumettre une candidature sur le site de l’Immateriellt Kulturierwen zu Lëtzebuerg (iki.lu).

Claude l’a fait lui pour faire reconnaître la Kultur vun de Bongerten. Le directeur du Natur- & Geopark Mëllerdall de Beaufort parle avec passion de la culture de ces arbres fruitiers à haute tige. «C’est tout un écosystème», raconte-t-il. «Cette culture comprend le choix des variétés, des techniques de plantation, de greffage…» Au-delà de l’aspect agricole, cette pratique exprime un mode fondé sur le respect de la biodiversité. «Nous ne sommes pas les seuls en Europe à avoir ces vergers, mais c’est important pour nous qu’ils soient reconnus. Cela encourage les gens à préserver un patrimoine vivant», précise Claude. Une autre technique agricole était mise à l’honneur : le Louschläissen. Littéralement «levage d’écorce», cette technique renvoie au dépouillage des jeunes chênes, autrefois utile à la fabrication de cuir dans le nord du pays.

Enfin, l’inscription de la Liichte goen, se déroulant le 2 février, clôturait la cérémonie. Rappel direct à l’enfance, elle célèbre l’illumination des rues du Luxembourg avec des lampions portés par les enfants, qui entonnent le célèbre «Léiwer Herrgottsblieschen». Cette coutume tient à cœur au ministre qui décrit que «tout le monde connaît cette chanson et cette tradition. Tout le monde l’a vécue enfant». Il conclut en disant que c’est un moment «joyeux, simple, mais elle illustre profondément notre identité».

Les faire connaître
«dès le plus jeune âge»

Au-delà de la célébration, l’inscription de ces cinq éléments ouvre une nouvelle étape : leur transmission. «Nous allons travailler avec les écoles, préparer du matériel didactique avec des vidéos et des contenus numériques», indique Eric Thill. L’objectif est de faire connaître le plus possible ces traditions, et ce, «dès le plus jeune âge». Il détaille également que l’aide du ministère n’est pas financière mais se concentre en «un véritable engagement de communication et de protection pour la valorisation de ces traditions».