« J’étais quelqu’un d’introverti, de très docile » : au procès en appel de Francis Heaulme pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz, Patrick Dils, qui a passé 15 ans en prison pour ces crimes avant d’être innocenté, a de nouveau expliqué pourquoi il avait avoué avant de se rétracter.
« Une nouvelle fois je vais me plonger 32 ans en arrière pour essayer de vous expliquer qui était Patrick Dils et comment celui-ci a évolué », a-t-il déclaré en préambule, entendu en visioconférence sur ses aveux de 1987.
Pull gris, lunettes carrées, l’adolescent roux devenu un homme de 48 ans a raconté être sorti, le soir du 28 septembre 1986, près du domicile familial à Montigny-lès-Metz pour fouiller une poubelle à la recherche de timbres pour sa collection. Lors de l’enquête de voisinage, le lendemain des faits, il a rappelé qu’il s’était tu sur cette sortie, ce qui avait été retenu ensuite contre lui par les enquêteurs. « Non pas que j’avais quelque chose à me reprocher, mais j’étais quelqu’un qui était très très mal dans sa peau, j’avais à peine 16 ans, je subissais des quolibets à l’école et la seule raison pour laquelle je ne l’ai pas dit, c’est que je ne voulais pas qu’on dise que je faisais les poubelles », a-t-il poursuivi. « C’était stupide et aberrant », a-t-il ajouté.
Il est aussi revenu sur son arrestation puis sa garde à vue de 32 heures à l’issue de laquelle il avait reconnu le double crime, évoquant la « pression morale » des policiers. « J’étais vraiment quelqu’un d’introverti, de très docile », a-t-il résumé.
« L’impression que c’était hier »
« Je vais être complètement perdu, je vais avoir surtout une peur bleue, que vous ne pouvez pas imaginez, parce que encore aujourd’hui, plus de 30 ans après, j’ai l’impression que ces interrogatoires, c’était hier », a-t-il décrit.
A l’issue d’une procédure, rarissime, de révision de son procès, Patrick Dils a été rejugé à Reims, condamné à nouveau à 25 ans de prison, puis acquitté en appel à Lyon en 2002. « J’ai été acquitté, blanchi, on ne peut absolument rien me reprocher sur cette affaire, mais je ne suis pas complètement satisfait », a-t-il ajouté. « Parce que moi aussi je regrette qu’en 1995 on ait détruit les scellés et qu’on n’ait pas pu faire la démarche des preuves ADN », s’est-il désolé.
Francis Heaulme, qui a été soupçonné ensuite dans cette affaire, est jugé en appel jusqu’au 21 décembre pour le meurtre de Cyril Bekrich et Alexandre Beining, huit ans, tués à coups de pierre . En première instance, il avait été condamné à la réclusion à perpétuité.
LQ/AFP