Pascal Carzaniga, coach de Differdange, a trop de souvenirs forts du côté du F91, trois ans après son passage, pour faire l’impasse avant le choc de dimanche.
Même si cela date désormais de 2014, y aurait-il une petite revanche personnelle à jouer un vilain tour au F91, qui ne vous a pas conservé malgré un titre et une finale de Coupe ?
Pascal Carzaniga : Je n’ai rien à dire de négatif sur le F91. À part que j’ai appris deux heures avant la finale de Coupe que je ne ferais plus partie du club la saison d’après. Donc non, ce ne sera pas une revanche. Ça l’aurait été si je n’avais pas atteint là-bas les objectifs qui m’avaient été assignés. Mais ce n’est pas le cas. Et en plus, j’ai conservé une très bonne relation avec 50 % du groupe. Je n’exagère pas.
Quel était votre sentiment en quittant le club, il y a trois ans ?
Que j’en avais fait une machine de guerre. On fait un deuxième tour incroyable avec onze victoires en treize matches et le Nosbaum, c’était mon jardin ! Dans un tel contexte, qui doit s’en faire? J’avais déjà l’accord de Turpel que je voulais déjà faire venir en janvier, mais à propos duquel je savais qu’il allait nous rejoindre. Moreira de Sousa avait déjà signé et Schnell aussi, c’était officieux. Bref, on était bien.
Ça s’était senti lors de cette « finale » pour le titre contre le Fola, que votre équipe avait survolé (3-0).
Ce n’est pas par hasard qu’on a battu le Fola de cette manière. D’ailleurs, depuis le 22 mai 2014, ont-ils repris une défaite aussi cinglante ? Plus personne ne l’a fait, même pas Aberdeen en Coupe d’Europe (NDLR : le Dinamo Zagreb leur a quand même passé un même 3-0, en C1, en 2015). Et ce jour-là, je crois que les médias avaient pu mesurer, lors des interviews d’après- match, que j’avais vraiment tout mon effectif derrière moi. J’ai été étonné de voir que le F91, derrière moi, n’avait pas regagné le championnat suivant.
Côté négatif, pour creuser quand même un petit peu : on vous a souvent reparlé, depuis que vous aviez raconté cette histoire dans nos colonnes, de ce casier que vous vidiez tous les vendredis soirs parce que vous ne saviez pas si vous ne seriez pas limogé à l’issue du match du week-end ?
(Il rit) J’y ai repensé ce matin même ! Cette histoire avait tellement fait l’effet d’une bombe qu’on m’en parle encore aujourd’hui. Après l’avoir lue, je me rappelle que Dan Da Mota, un vendredi, m’avait intercepté deux fois dans les vestiaires pour me faire ouvrir mon sac et lui prouver que c’était réel. Il ne me croyait pas. Cette histoire, depuis, j’ai dû la raconter au moins cent fois…
Elle vous fait rire désormais ?
Avec le recul, je me dis que j’étais un fou d’accepter ça.
Ça ?
Semaine après semaine, de me demander si je me ferai pendre ou pas parce que je ne faisais pas jouer tel ou tel joueur. Chaque fois que je regarde mon casier à Differdange, maintenant, je songe toujours qu’au F91, le vendredi, il était vide.
Rassurez-nous, vous avez arrêté de le faire ?
À Differdange, tous les vendredis, maintenant, Arny Kirch, mon entraîneur des gardiens, me met un petit chocolat. Les joueurs sont au courant et Julien Weber en est un peu jaloux. Il m’a dit, la dernière fois : « Ah, le coach a eu son chocolat ! » Le chocolat, c’est mon péché mignon. Et avec Arny Kirch, c’est toujours de la qualité. Cet entraîneur des gardiens-là, je le garde à vie !
Un titre avec Differdange, cela semble encore moins envisageable qu’un titre avec le F91. Il serait un poil plus beau ?
Pas plus beau, non. Tous les titres sont beaux. J’en ai eu aussi avec Bleid et Amnéville. Mais allons, le plus beau, c’est toujours le dernier. Et 2014, ça fait longtemps, je suis en manque…
Recueilli par Julien Mollereau