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«Pas exactement comme les autres» : ces jeunes parlent de leur neurodiversité


Leon, Clémentine, Oriana et Maximo, encadrés par leurs enseignantes, Sabrina Castello et Alina Oprea.

Une dizaine d’élèves à haut potentiel de l’école européenne de Bertrange sont mobilisés cette semaine pour faire connaître la neurodiversité (autisme, TDAH, troubles DYS, haut potentiel) et la célébrer.

«Je suis normal. Mais pas exactement comme les autres», sourit Maximo, 14 ans. «C’est juste que je pense différemment», résume cet élève dont le haut potentiel a été détecté tôt dans l’enfance.

Avec d’autres camarades HP, il participe toute la semaine à une série d’événements pour célébrer la neurodiversité à l’école européenne Luxembourg II de Bertrange.

L’idée étant d’aller plus loin que la sensibilisation et de montrer à l’ensemble de la communauté scolaire, y compris aux parents, à quel point la neurodiversité peut être un atout.

Ces derniers jours, dans tous les couloirs, on peut voir fleurir bannières et affiches colorées avec des messages simples, pour se familiariser avec le concept de neurodiversité.

«Parfois, on entend des choses choquantes»

Une initiative de Sabrina Castello et Alina Oprea, deux professeures de soutien engagées, qui ont pu compter sur l’association des parents d’élèves pour mettre sur pied un programme riche, entre conférence dédiée aux familles, stands d’information, quiz en ligne, distribution de brochures et même un cours spécial dispensé dans toutes les classes.

C’est la première fois qu’un projet de cette envergure est organisé sur ce sujet, et c’est important, estime Clémentine, 13 ans.

«Il y a beaucoup de préjugés et de méconnaissance sur la neurodiversité. Parfois, on entend des choses choquantes. Le mot autiste utilisé comme une insulte par exemple», raconte l’adolescente.

Autisme, TDAH, troubles DYS, haut potentiel : la neurodiversité couvre un large spectre. Photo : dr

 

De son côté, Leon, 13 ans, explique que le travail de préparation qui a duré plusieurs mois lui a donné l’occasion d’aborder le sujet avec ses amis : «J’ai pu constater que personne ne sait vraiment de quoi il s’agit», sourit-il. «Et c’est aussi valable pour les professeurs.»

Alors voilà un premier éclairage. On parle de «neurodiversité» ou de «neuroatypie» pour désigner une particularité cognitive ou un mode de fonctionnement différent par rapport à ce qui est considéré comme la «norme».

On peut citer le TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), le haut potentiel intellectuel (HPI), le trouble du spectre autistique, les troubles DYS (dyslexie, dyspraxie, dysgraphie, dyscalculie) ou encore le syndrome de Gilles de la Tourette.

«Un spectre dans lequel chaque personne est différente»

Parallèlement à leurs forces, tous ces jeunes peuvent cependant avoir besoin d’être guidés sur le plan social et dans leur scolarité.

D’où le réflexe d’associer fréquemment neurodiversité et difficultés, comme le souligne Maximo, «mais c’est un spectre dans lequel chaque personne est différente. Moi, par exemple, je n’ai aucun souci», souffle-t-il.

Même sentiment pour Oriana, 15 ans, qui se sent bien dans ses baskets : «Mon haut potentiel, je le vis comme quelque chose de positif. Par contre, on porte une étiquette et ça, ça peut être dur», note la jeune fille, qui reconnaît une certaine anxiété à la performance.

De sérieuses difficultés d’intégration

Clémentine et Leon, eux, traversent davantage d’obstacles. Les deux collégiens ont connu de sérieuses difficultés d’intégration par le passé. Ce qui a même éloigné Clémentine des bancs de l’école : «Pendant un an et demi, j’ai suivi mes cours à la maison. C’était trop pesant, je n’arrivais à me faire comprendre ni des adultes, ni des autres enfants.»

Si désormais, elle va mieux, l’adolescente déplore le poids des clichés : «HP, c’est forcément première de la classe, avec cette idée que les bons élèves ne font pas de bons amis.» Maximo acquiesce : «Le jugement des autres est dur, car ils considèrent que pour toi, tout est facile.»

Des profs pas toujours bienveillants

Leon, lui, cumule des problèmes sensoriels, de la dysgraphie et de la dyspraxie. «Certains profs sont compréhensifs, d’autres pas du tout. Il est arrivé qu’on me rende ma copie non notée, à cause de mon écriture, ou qu’on me dise que ça mérite un zéro.» Il indique qu’une demande est en cours pour bénéficier d’un ordinateur en classe.

Et l’avenir dans tout ça? Alors que bientôt, il leur faudra choisir une voie, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ça n’a rien d’évident lorsqu’on est doué… en tout!

«Je m’intéresse à tellement de choses, comment sélectionner un domaine en particulier?», interroge le jeune garçon. Oriana se retrouve totalement là-dedans : «J’ai opté pour les sciences parce qu’il est admis que c’est ce qu’il y a de plus difficile. Pas forcément parce que ça me plaisait.»

Une voie toute tracée 

Par contre, aucun casse-tête en vue pour Clémentine, dont le chemin semble tout tracé : «Je suis passionnée par la science depuis toujours, surtout la biologie et la physique», confie l’adolescente, qui vient de remporter le premier prix du concours scientifique inter-écoles européennes, avec son projet de «capsule autonome basée sur la lentille d’eau lemna minor».

Sabrina Castello a été sollicitée pour présenter ce projet dans d’autres établissements d’Europe, intéressés, eux aussi, à valoriser la neurodiversité. Une idée à faire germer dans tous les lycées, pour que chacun puisse prendre sa place dans la société.

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