Les députés européens élus fin mai ont pris officiellement possession de leur siège mardi à Strasbourg, lors d’une session inaugurale marquée par la manifestation de plusieurs milliers de Catalans et par la démonstration d’hostilité d’élus britanniques dans l’hémicycle.
Quelque 10 000 manifestants agitaient des drapeaux de la Catalogne devant le siège de l’institution en soutien à trois élus indépendantistes empêchés de siéger par les autorités espagnoles, parce qu’ils n’ont pas pu prêter serment à Madrid.
A l’intérieur, la session a démarré au son de l’Ode à la Joie, ostensiblement boudée par les 29 députés britanniques du Brexit Party de Nigel Farage. Priés de se lever durant l’hymne européen, ils l’ont fait mais en tournant le dos à l’assemblée.
La principale mission de cette session inaugurale est d’élire un nouveau président du Parlement. Ce qui permettra de placer l’une des pièces du puzzle des « top jobs » européens, un casse-tête qui agite depuis des semaines Bruxelles et les capitales de l’UE. Le choix du successeur de l’Italien Antonio Tajani (PPE, droite), qui devait avoir lieu mardi, a été reporté à mercredi pour laisser le temps aux dirigeants des 28 de se mettre d’accord de leur côté sur une répartition des plus hautes fonctions européennes.
Accord des 28 incertain
Mais rien n’indique que le sommet marathon réuni depuis dimanche à Bruxelles, et qui joue les prolongations, va déboucher sur un accord. Un échec conduirait alors le Parlement à abattre ses cartes sans attendre que ne soit placée la clé de voûte des postes, celui de la présidence de la Commission.
« Les candidats ont jusqu’à 22h ce soir (20h GMT) pour se déclarer », a indiqué mardi le porte-parole du Parlement européen, Jaume Duch. La députée écologiste Ska Keller a déjà annoncé son entrée dans la course. Tandis que son compatriote allemand Manfred Weber, à la tête du groupe du PPE, le plus important du Parlement, pourrait aussi se lancer s’il se confirme qu’il a perdu ses chances d’obtenir la tête de la Commission.
Les manifestants pro-catalans présents en nombre à Strasbourg ont pointé du doigt l’attitude jugée antidémocratique de Madrid. « Où vont nos votes si après, les personnes qu’on élit ne peuvent pas exercer leur rôle ? Dans la rivière? », s’est indigné Santiago Solsona, montrant le canal qui borde le Parlement européen.
Puisque le Brexit n’a toujours pas eu lieu – la nouvelle date butoir est fixée au 31 octobre -, il y avait à nouveau 73 députés britanniques à Strasbourg (sur 751), dont l’europhobe Nigel Farage. Son Brexit Party, avec 29 élus, est même le parti national avec la plus grande délégation.
En théorie, le nouveau Parlement ne devait compter que 705 sièges. 27 des sièges britanniques devaient ainsi être redistribués à d’autres pays, tandis que les 46 autres devaient être mis de côté pour d’éventuels nouveaux élargissements de l’UE.
LQ/AFP