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Pakistan : le cas de la chrétienne Asia Bibi bientôt de retour devant la Cour suprême


Après l'acquittement, des islamistes avaient bloqué trois jours durant les principaux axes du pays pour exiger sa pendaison (Photo d'archives : AFP).

La Cour suprême pakistanaise décidera le 29 janvier si elle accepte d’instruire un appel contre sa propre décision d’acquitter Asia Bibi, une chrétienne au coeur d’une affaire de blasphème, a annoncé jeudi un avocat impliqué dans ce dossier.

Si la plus haute instance judiciaire du pays invalide cette procédure, plus rien n’empêchera Asia Bibi de quitter le Pakistan, où elle vit sous haute protection, étant de longue date une cible pour les extrémistes dans ce pays musulman très conservateur.

« Le 29 janvier, la Cour déterminera si notre appel contre son acquittement est recevable », a déclaré Ghulam Mustafa Chaudhry, l’avocat qui a lancé le recours contre son acquittement. « Normalement, la Cour décide le même jour si l’appel est recevable ou pas », a-t-il ajouté. Asia Bibi, condamnée à mort en 2010 pour blasphème, a été acquittée le 31 octobre par la Cour suprême, puis libérée le 8 novembre de la prison de Multan (centre), où elle était détenue.

Elle réside depuis lors dans un lieu sûr au Pakistan, ont affirmé à de multiples reprises les autorités. Mme Bibi, ouvrière agricole chrétienne âgée d’une cinquantaine d’années, avait été condamnée à mort en 2010 pour blasphème à la suite d’une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d’un verre d’eau. L’affaire Asia Bibi divise fortement le Pakistan, pays musulman très conservateur où le blasphème est un sujet extrêmement sensible. Des accusations suffisent à provoquer des lynchages mortels.

Pression des islamistes

Après l’acquittement, des islamistes avaient bloqué trois jours durant les principaux axes du pays pour exiger sa pendaison, poussant le gouvernement du Premier ministre Imran Khan à signer un accord controversé avec eux. L’exécutif s’était engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas bloquer la requête en révision du jugement d’acquittement par la Cour Suprême. L’accord a été critiqué par de nombreux Pakistanais, furieux que l’Etat ait cédé face aux extrémistes. Fin novembre, des centaines de sympathisants du parti islamiste Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), qui avait fomenté les violents blocages, ont toutefois été arrêtés. Khadim Hussain Rizvi, le bouillonnant chef du TLP, est accusé de rébellion et de terrorisme, selon l’exécutif. De telles accusations sont passibles de la prison à vie.

AFP