Mer déchaînée, toits arrachés, bateaux projetés sur les routes : l’ouragan Irma a ravagé Saint-Martin et « totalement dévasté » la petite île de Barbuda, faisant au moins neuf morts et une vingtaine de blessés, selon un bilan provisoire, avant de frôler jeudi matin Porto Rico.
Le bilan le plus dramatique est venu de la partie française de Saint-Martin, avec six morts confirmés et une île « détruite à 95% » selon le président du conseil territorial, Daniel Gibbs, après le passage de ce cyclone de catégorie 5, le maximum sur l’échelle d’intensité des ouragans. Mais le préfet de la Guadeloupe a averti mercredi soir que le bilan n’était « pas définitif, loin de là ».
« La gendarmerie n’a recommencé à sortir qu’en milieu de matinée, nous n’avons pas pu, y compris avec les sapeurs pompiers, explorer toutes les parties de l’île », a-t-il ajouté. « Si on a un autre cyclone qui nous tombe dessus samedi, (…) ce n’est pas le nombre de morts qu’on va compter, c’est les vivants », alors qu’un autre ouragan – Jose – pourrait se diriger vers les Petites Antilles en fin de semaine. Un troisième ouragan, Katia, pourrait toucher l’État mexicain de Veracruz vendredi.
Partout, écoles et administrations avaient été fermées, les populations littorales en partie évacuées, mais environ 7 000 personnes avaient refusé de se mettre « à l’abri » selon la ministre française des Outre-Mer, Annick Girardin, partie en Guadeloupe, avec des « renforts humains et matériels » (60 militaires de la sécurité civile, 60 sapeurs-pompiers d’Ile-de-France, 18 personnels de la Croix-Rouge, 20 médicaux).
Barbuda, « un tas de décombres »
Sur les réseaux sociaux, des photos et vidéos dévoilent l’ampleur des dégâts sur les deux îles, où l’électricité et les télécommunications sont coupées : bateaux transformés en petits bois dans un port, arbres étêtés par des rafales de vent, toitures envolées, voitures immergées dans les rues. Un journaliste de Radio Caraïbes International, présent à Saint-Martin et ayant pu joindre sa rédaction par téléphone satellite, a fait état « de véhicules renversés, de bateaux qui ont quitté la mer et se retrouvent au milieu de la route, de toits éventrés ». Il a également évoqué des jeunes « en train de piller le centre-ville ». « Il n’y a pas de pillage organisé », a relativisé le préfet de la Guadeloupe, reconnaissant seulement des vols isolés.
« Les dégâts sont énormes, à tel point que nous n’arrivons pas encore à les mesurer », a commenté de son côté le ministre néerlandais de l’Intérieur Ronald Plasterk, au sujet de la partie néerlandaise de Saint-Martin. Barbuda pour sa part est « totalement dévastée », selon Gaston Browne, le Premier ministre d’Antigua-et-Barbuda. La petite île d’environ 1 600 habitants « n’est plus qu’un tas de décombres », a-t-il insisté. L’œil du cyclone, d’environ 50 km de diamètre, est resté environ une heure et demie sur Saint-Barthélemy avant d’atteindre Saint-Martin. Les deux îles avaient été placées dans la nuit en alerte violette, avec confinement des populations. Saint-Barth et Saint-Martin sont passées en vigilance grise, qui n’impose plus le confinement de la population mais déconseille les déplacements. La Croix-Rouge française a lancé un appel aux dons et envoyé des renforts.
Vers la Floride
Irma a commencé à longer la côte nord du territoire américain de Porto Rico à partir de jeudi 1h et se déplace vers la République dominicaine. Plus de la moitié des 3 millions d’habitants de Porto Rico sont désormais sans électricité et des rivières sont sorties de leur lit dans le centre et le nord de l’île. « On aurait dit qu’il y avait des fantômes chez moi », a témoigné Blanca Santiago, employée dans un hôtel en face de la plage d’Isla Verde, dans la capitale San Juan, estimant qu’Irma est plus fort que Georges, qui avait tué sept personnes en 1998. En République dominicaine, le gouvernement a ordonné de premières évacuations sur les zones littorales, même si l’œil du cyclone ne devrait a priori pas toucher l’île selon l’Office national de météo. Selon le National Hurricane Center (NHC) américain, Irma devrait ensuite progresser vers Cuba, puis la Floride, qu’il devrait toucher en toute fin de semaine.
Irma « est d’ores et déjà un ouragan historique » et « d’une intensité sans précédent sur l’Atlantique », selon Météo-France. Il est plus puissant qu’Harvey, qui a récemment fait 42 morts au Texas et en Louisiane. Le sud de la Floride se prépare. L’évacuation des Keys, chapelet d’îles dans l’extrême sud de l’État, a notamment été ordonnée.
Le Quotidien/AFP