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OTAN : coup de pression des élus américains


Claude Wiseler (à g.) saluant Michael McCaul (au c.), le président de la commission des Affaires étrangères à la Chambre des représentants. Son homologue est Gusty Graas.

En marge de la commémoration de la bataille des Ardennes, une délégation de la Chambre des représentants des États-Unis a appelé le Luxembourg à renforcer son effort de défense.

Dans un mois, plus précisément le 20 janvier, Donald Trump reprendra les rênes des États-Unis. Et le futur président se veut clair sur l’avenir de l’OTAN : son pays quittera l’Alliance atlantique à moins que les États alliés ne contribuent davantage financièrement. «S’ils paient leurs factures et qu’ils nous traitent de manière juste, la réponse est : tout à fait, je resterai dans l’OTAN», a-t-il déclaré lors d’une interview télévisée accordée à NBC News. Dans le cas contraire, il se dit «tout à fait» prêt à claquer la porte.

Le message transmis hier par une délégation de la Chambre des représentants des États-Unis présente au Luxembourg n’a pas été aussi virulent, mais les mots étaient toutefois clairs. «L’OTAN, ce n’est pas seulement les États-Unis, mais tous les alliés», a ainsi souligné Michael McCaul, le chef de la délégation et président de la commission des Affaires étrangères à la Chambre des représentants. Face aux députés luxembourgeois, il a insisté, selon un communiqué, sur «la nécessité pour les pays européens, et notamment le Luxembourg, d’intensifier leurs efforts en matière de défense afin de garantir la sécurité du continent».

Dans le même temps, Michael McCaul a affirmé que «l’OTAN est plus forte que jamais» et a souligné que «les États-Unis ne remettent pas en cause l’existence» de l’Alliance. Cela n’empêcherait pas une «frustration» des citoyens américains, qui estimeraient que «les pays européens ne participent pas suffisamment au financement de l’OTAN, laissant les États-Unis « payer pour la sécurité européenne »».

En réponse, le président de la Chambre des députés, Claude Wiseler, a tenu à souligner les récents engagements du Luxembourg visant à augmenter son effort de défense. À l’horizon 2030, le gouvernement compte atteindre un investissement équivalant à 2 % du revenu national brut (RNB). Il s’agit du minima actuellement demandé aux États membres de l’OTAN.

«Le Luxembourg fait partie d’une alliance et a un rôle essentiel à y jouer», a mis en avant Claude Wiseler, cité dans le communiqué de la Chambre. L’invasion de la Russie en Ukraine aurait été un choc salvateur pour les pays européens, pour qui «la paix a été longtemps considérée comme acquise» sur le Vieux Continent.

En 2030, un effort de 1,4 milliard d’euros

Lors des échanges avec les élus de la Chambre des représentants, le président du Parlement luxembourgeois, Claude Wiseler, a en outre mentionné le récent vote du projet de loi ouvrant la voie à l’acquisition de blindés d’une valeur de 2,6 milliards d’euros. Les véhicules seront utilisés dans le cadre du bataillon de reconnaissance et de combat belgo-luxembourgeois qui devrait voir le jour en 2028.

Dans une interview accordée au Quotidien, début juillet, la ministre de la Défense, Yuriko Backes, soulignait que le Luxembourg, en tant qu’allié de l’OTAN, devait «prendre (ses) responsabilités». «Cela revêt une grande importance. Nous faisons partie d’une défense collective, où il est nécessaire qu’on se dote nous-mêmes des moyens adéquats», ajoutait-elle.

Quelques jours plus tard, la ministre et le Premier ministre, Luc Frieden, présentaient lors d’un sommet de l’OTAN organisé à Washington la feuille de route stratégique permettant d’atteindre les 2 % du RNB. «Certains ont été surpris que l’on compte désormais atteindre, endéans six ans, l’objectif des 2 %. Notre plan est bien réfléchi et crédible. Avec grande satisfaction, j’ai d’ailleurs constaté que mon homologue américain, Lloyd Austin, m’a félicitée. Il m’a dit vraiment apprécier que le Luxembourg prenne si sérieusement ses responsabilités», relatait encore Yuriko Backes dans nos colonnes, avant de conclure : «Il est important d’être un partenaire crédible et solidaire.»

La feuille de route prévoit de faire augmenter l’effort de défense de 696 millions d’euros en 2024 à 1 461 millions d’euros en 2030. La progression sera linéaire pour dépasser, en 2028, pour la première fois la barre du milliard d’euros.