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Orange Week : «Encore du chemin à parcourir pour protéger les victimes»


Déclarée «priorité nationale», la lutte contre les violences fondées sur le genre passe aussi par la sensibilisation. (photo archives Editpress/Tania Feller)

Dédiée à l’élimination de la violence envers les filles et les femmes, l’Orange Week démarrera ce jeudi, avec une foule d’événements dans 25 communes jusqu’au 10 décembre.

Une année s’est écoulée depuis la dernière édition de l’Orange Week et, au Luxembourg, les lignes ont enfin commencé à bouger dans la lutte contre les violences, grâce au travail acharné des associations et aux engagements tenus des autorités.

Des initiatives indispensables alors que les chiffres des violences domestiques sont en hausse.

En avril, le Centre national pour victimes de violences ouvrait officiellement ses portes dans la capitale, sous la gestion de la Croix-Rouge, offrant un primo-accueil les soirs et les week-ends, en attendant un fonctionnement en continu dès 2026.

Une structure unique en son genre – promise par le CSV lors de la campagne électorale de 2023 –, fruit d’un travail collectif entre responsables politiques et acteurs de terrain. Elle regroupe soutien psychosocial, assistance médicale, police, dépôt de plainte et accès à des conseils juridiques.

Une priorité nationale

Puis, fin juin, la ministre de l’Égalité des genres et de la Diversité, Yuriko Backes, faisait de la lutte contre les violences fondées sur le genre une «priorité nationale», déroulant un plan d’action inédit d’une centaine de pages : 62 projets impliquant pas moins de onze ministères.

Une première pour le Grand-Duché, jusqu’ici à la traîne en la matière par rapport à ses voisins européens.

Dans la foulée, Ana Pinto et son association La Voix des survivant-e-s (LVDS) étaient reçues début juillet à la Chambre des députés, pour défendre la proposition de loi clé en main élaborée par les avocats et juristes bénévoles face à une vingtaine de parlementaires de tous bords politiques et aux ministres Yuriko Backes (Égalité et Diversité) et Elisabeth Margue (Justice).

(Photo : archive/didier sylvestre)

Un échange constructif qui avait abouti à l’engagement de la députée Francine Closener de «traiter point par point» les différentes propositions, «avec des suites concrètes». Un pas important, estimait alors la présidente et fondatrice de LVDS : «Il y a encore six ans, j’étais seule et je me demandais comment faire bouger les choses», avait-elle réagi.

«Des jugements qu’on ne peut pas comprendre»

Alors, six mois plus tard, où en est-on ? «Ces dernières semaines, les députés examinent nos propositions en commissions. Sur la fin du sursis automatique en cas de première condamnation – que nous réclamons de longue date ! –, les partis au gouvernement vont dans notre sens. Le vote est prévu jeudi, on espère une victoire», résume Ana Pinto.

Pour la présidente de LVDS, ce changement serait un bon signal alors que la justice luxembourgeoise aurait encore trop tendance, dit-elle, à épargner les auteurs de violences : «Nous avons listé par dizaines des jugements récents qu’on ne peut pas comprendre, dans des affaires de viol, d’inceste ou de pédocriminalité», dénonce-t-elle.

«Le Luxembourg a encore du chemin à parcourir en matière de protection des victimes.» Un constat qu’elle partage avec l’Ombudsman fir Kanner a Jugendlecher, Charel Schmit.

Les temps forts de cette édition

Cette année, le programme de l’Orange Week est particulièrement riche, avec des événements organisés aux quatre coins du pays, tandis qu’une cinquantaine de mairies, entreprises et institutions éclaireront symboliquement leurs bâtiments en orange.

  • La Marche solidaire est prévue ce samedi à Luxembourg (départ à 11 h, place Hamilius)
  • La soirée d’ouverture a lieu ce jeudi à Luxembourg, avec la conférence de Christel Petitcollin, autrice française, qui expliquera comment accompagner une victime avec bienveillance sur le chemin de sa reconstruction. En 30 ans d’expérience, cette experte a créé un protocole pour surmonter le traumatisme
  • Suivront deux conférences d’Ana Pinto, le 25 à Schieren, puis le 27 au CHEM d’Esch-sur-Alzette, au cours desquelles elle abordera les signes qui doivent alerter en cas de violences domestiques, et les recours possibles
La Ville d’Esch-sur-Alzette fait partie des nombreuses communes qui soutiennent l’Orange Week. Photos : alain rischard

 

  • Sur scène, le public découvrira le concert-documentaire Rouge pute, porté par une comédienne et deux musiciens, le 25 novembre à la Kulturfabrik à Esch-sur-Alzette. Un texte coup-de-poing restituant ce que subissent les femmes confrontées au patriarcat
  • Le 25 novembre, place Guillaume-II à Luxembourg (12 h 15), la traditionnelle chaîne humaine en signe de soutien aux victimes de violences se déploiera
  • Rendez-vous en ligne avec le Cesas, qui proposera un webinaire «Qui sont ces hommes qui violent ? Les représentations face à la réalité du viol», avec les éclairages d’une anthropologue
  • La fondation Pro Familia tiendra un stand de sensibilisation dans plusieurs villes tout au long de l’Orange Week et offrira aussi un service d’analyse du smartphone aux personnes vivant des difficultés relationnelles, pour apprendre comment se protéger du cyberharcèlement (à Dudelange, les 27 novembre et 2 décembre)
  • En plus des événements grand public, Stand Speak Rise Up! organisera également une formation inédite «Violences sexuelles, traite des êtres humains et droit d’asile : quels enjeux pour la justice ?» spécifiquement pour les magistrats et personnels judiciaires, en partenariat avec le Conseil national de la justice, le 25 novembre à la Cité judiciaire, en présence de la Grande-Duchesse Maria Teresa.

L’intégralité du programme de l’Orange Week est disponible en ligne sur le site du Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL).

Vente d’objets solidaires

Dans le cadre de l’Orange Week, le Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL) propose de montrer sa solidarité avec les femmes et filles victimes de violence. Comment ? En allumant une bougie de couleur orange le mardi 25 novembre, journée internationale pour l’Élimination de la violence envers les femmes et les filles. Ainsi, des bougies, mais aussi des parapluies et des bonnets solidaires orange sont mis en vente. Des accessoires parfaits pour la marche de samedi. Le produit de la vente reviendra au Foyer-Sud, Fraen a Nout. Les formulaires de commande sont en ligne sur le site du CNFL. Plus d’infos par courriel à info@cnfl.lu.

 

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