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« Open Yourself » : les jeunes d’Esch-sur-Alzette célèbrent la diversité


Ils s'appellent Wassim, Shahem, Malcolm, Hasan, Gregorio, Sandra, Bineta, Ameni et Ancia : quand les jeunes prennent la société en main ! (photo Sarah Melis)

Ancia Brito, 19 ans, a lancé le projet «Open Yourself», né de sa participation au projet européen «Shared Integration», lancé par l’ASBL 4motion. L’évènement, qui se veut festif, a pour but de promouvoir la diversité.

Au quatrième étage du Point Info Jeunes à Esch-sur-Alzette, assis autour d’une table, Wassim, Shahem, Malcolm, Hasan, Gregorio, Sandra, Bineta, Ameni et Ancia préparent un évènement important : «Open Yourself», le premier d’une série de quatre évènements à venir. Et il faut être efficace, car il aura lieu samedi, de 14h à 22h, à l’auberge de jeunesse de la Métropole du fer. Ancia est à l’origine du projet, qui bénéficie du financement de l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse-Charlotte et de la Fondation Roi Baudouin.

Mais dans ce projet, elle n’est pas seule, car samedi, chacun d’entre eux aura un rôle à tenir. Malcolm sera parfait à l’accueil des visiteurs, Sandra à l’atelier maquillage. Les autres se répartissent les stands d’atelier de henné, d’origami, de poterie, de radio ou de jeux de cartes, en première partie d’après-midi.

Ambiance festive et discussions

Car dès 15h, place à une heure de débat, au «World Café». Et c’est un peu à la manière d’un «speed dating» que les choses vont se dérouler. «Quatre tables vont être installées et un animateur sera le modérateur des débats qui s’y dérouleront, explique Mehdi M’Ribah, collaborateur pédagogique de l’association 4motion. Toutes les dix minutes, les visiteurs s’y installeront pour débattre autour d’une question précise, puis changeront de table pour passer à la suivante», dit-il.

Mais sur quelles questions porteront les débats ? Les jeunes se sont demandés ce qui pourrait susciter le dialogue. Ils ont donc retenu les questions suivantes : «que faire pendant son temps libre à Esch ?», «de quelle culture te sens-tu le plus proche ?», «sur quelle culture voudrais-tu en savoir plus ?», «dans quels endroits à Esch te sens-tu toi-même ?», ou encore «quelle règle voudrais-tu enfreindre ?». Le but est, bien entendu, «d’aller plus loin, et d’entendre différentes réponses à toutes ces questions qui nourriront le débat», disent les jeunes. Toute la journée, des installations interactives permettront aux participants de répondre à d’autres questions non évoquées lors des débats. Dès 18h, des musiciens et groupes de danses cap-verdienne, afro-house et urbaine animeront la soirée, supervisés par l’équipe d’étudiants.

D’ailleurs, qui sont-ils ? Ceux qui étaient présents lors de la réunion organisationnelle, mardi, ont entre 16 et 25 ans et sont le fruit de l’immigration. Ils viennent du Sénégal, du Congo, du Cap-Vert, de Tunisie ou de Syrie, et rêvent d’un monde meilleur, où la diversité est vue comme une richesse.

Bienveillant et citoyen

Et c’est comme cela qu’ils veulent présenter le Luxembourg, et en particulier la ville d’Esch-sur-Alzette. «On a tendance à penser que le Luxembourg est un pays froid où il est difficile de s’intégrer. Mais c’est aussi un lieu où l’on peut trouver un tas de communautés différentes qui peuvent s’apporter beaucoup. L’immigration est une richesse ! Le problème, c’est que la plupart du temps, les communautés restent entre elles et communiquent peu avec les autres. C’est pour cela que j’ai pensé à Open Yourself», dit Ancia.

Et le racisme, l’ont-ils vécu ? Si pour Sandra, venue d’Italie, le Luxembourg est un pays où «les gens sont très tolérants», d’autres, comme Shahem, Syrien, se sont déjà sentis rejetés. La faute à quoi ? «Au manque d’information, répond le jeune homme. Ils croient que tous les Arabes sont des voleurs. Je veux leur dire que parmi les Syriens qui sont arrivés au Grand-Duché, il y en a beaucoup qui sont très intelligents et qui ne demandent qu’à vivre une vie meilleure et s’intégrer.»

Malcolm, né au Luxembourg, parle du problème avec humour. «Un jour, alors que j’étais dans une maison de retraite, une dame âgée très raciste s’est mise à hurler en me voyant. L’un des soignants m’a expliqué qu’elle ne supportait pas de voir une personne de couleur noire. Pourtant, moi, j’ai grandi avec des Blancs, j’ai toujours été le seul garçon de couleur, et j’ai tendance à oublier que je suis noir !», dit-il en riant.

Malgré ces expériences fâcheuses, tous ont à cœur d’aider Ancia dans l’élaboration de ce projet et contribuent, par leur comportement bienveillant et citoyen, à la promotion de la diversité au Luxembourg. En travaillant ensemble, main dans la main, ces enfants d’ailleurs qui vivent ici font un pied de nez au racisme et aux préjugés.

Sarah Melis