Figure de déi Lénk et président de l’association « Solidaritéit mat den Heescherten », Guy Foetz fustige la prise en charge des sans-abris dans le pays.
Déjà deux lettres ouvertes en six mois. Depuis juillet dernier, la colère gronde chez certains travailleurs sociaux du pays : manque de moyens, mépris des politiques, listes d’attente interminables dans les structures d’accueil, les plaintes sont nombreuses. Autant que les revendications.
C’est l’association « Solidaritéit mat den Heescherten » qui est montée au créneau et a relayé la parole de ces travailleurs. En effet, ces derniers, par crainte de perdre leur emploi, ont souhaité rester anonymes et refusent tout contact direct avec la presse. Mais la réalité du terrain parle d’elle-même.
En témoigne la Stëmm vun der Strooss, qui ne cesse de lancer des appels, n’hésitant pas à mentionner une «paupérisation du Luxembourg»; les files d’attente devant les structures d’accueil des sans-abris ou des personnes dans le besoin ne cessent de s’allonger, ou encore le risque de pauvreté du Grand-Duché, qui est l’un des plus élevés d’Europe… «Il y a un manque évident de moyens dans notre pays», martèle Guy Foetz, président de l’association, face à ces constats.
L’ancien conseiller communal déi Lénk de la capitale a créé cette ASBL il y a maintenant un an, et se veut le «porte-parole» des acteurs du terrain, des sans-abris du pays. «Porter leur voix» auprès des politiques, voilà son objectif. Avec un premier combat : les deux projets de loi relatifs à la mendicité «agressive» et le «Platzerweis renforcé», qu’il souhaite «empêcher» d’être votés.
«On ne peut pas bannir des gens de la voie publique. Ces projets de loi visent à nouveau les mêmes personnes, que l’on veut voir déserter les villes et les centres commerciaux. Mais on ne fait pas disparaître la pauvreté!», s’exclame l’ancien économiste.
Imposer des quotas
Pour lui, nul doute que les politiques en vigueur cherchent à «contrôler les pauvres», sans leur apporter réellement l’aide dont ils ont besoin. «On fait comme s’ils étaient responsables de leur situation. Mais comment arrive-t-on dans la rue? Bien souvent par manque d’argent pour payer des loyers très chers», assure-t-il. Et de proposer d’imposer des «quotas» de logements sociaux ou d’urgence aux communes du Luxembourg, qui, bien souvent, n’en ont pas à leur disposition. «Il faut forcer les villes à disposer d’un nombre suffisant de logements sociaux», appuie Guy Foetz.
Les aides sociales du pays se limitent en effet majoritairement aux personnes disposant d’une adresse postale officielle. Une réalité «bien trop souvent oubliée» aux yeux de l’association « Solidaritéit mat den Heescherten », qui souligne les difficultés rencontrées notamment dans les offices sociaux. «Nous constatons que tous ces sans-abris ne peuvent pas être réellement aidés», se désole son président, qui souhaiterait l’instauration d’un système d’aides dites de «bas seuil», afin qu’elles puissent arriver plus rapidement pour les personnes concernées.
Actuellement, le gouvernement recense 500 mendiants au Luxembourg, un chiffre contesté à nouveau par les acteurs du terrain : «Il faut aller dans les vrais endroits où ils se trouvent et ne pas se contenter de ce que nous voyons dans nos rues», conseille Guy Foetz.
L’actuel ministre des Solidarités, Max Hahn (DP), a promis un plan de lutte contre la pauvreté, en plaçant justement la lutte contre le non-recours aux prestations sociales, ainsi que la simplification des démarches parmi les priorités de sa stratégie. Des paroles jusqu’ici insuffisantes aux yeux de l’association luxembourgeoise : «Les problèmes restent, rien ne se passe. Nous attendons de voir quelle sera sa stratégie.»