La présidente d’Omega 90, Diane Dhur, revient sur le rapport annuel de l’association, qui pointe une hausse de ses activités.
Omega 90, l’association luxembourgeoise pour la promotion des soins palliatifs et l’accompagnement du deuil, présentait jeudi son rapport annuel 2024. Une année marquée par une réflexion sur les modes de fonctionnement de l’équipe, qui fait face à de plus en plus de nouvelles demandes. La présidente de l’ASBL, Diane Dhur, revient sur les sujets traités dans ce rapport.
Les sollicitations en matière d’accompagnement pour les personnes en fin de vie ou en deuil ont-elles augmenté ?
Diane Dhur : La demande est accrue. On a plus de sessions d’accompagnement par notre service consultation et davantage de personnes qui ont été formées en 2024. C’est un besoin plus qu’un intérêt pour les soins palliatifs, le besoin d’être aidé par les soins palliatifs ou par un accompagnement lors d’un deuil.
Quelles conclusions tirez-vous des activités de 2024 ?
Nous sommes globalement satisfaits. Nous avons parfois des soucis au sein de notre service de consultation, car nous avons vraiment beaucoup de demandes en comparaison avec les années passées et nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes immédiatement. S’il y a un deuil plus compliqué, par exemple un suicide, alors on organise tout de suite un entretien, mais parfois, il est difficile de répondre aux autres types de demandes dans la semaine.
Est-ce que vous avez observé une évolution du rapport aux soins palliatifs au fil des années ?
Les thèmes autour de la mort et du deuil sont toujours tabous. Cela s’est aggravé et nous avons fait un grand pas en arrière pendant la pandémie. Aujourd’hui, je crois qu’on arrive au seuil où nous étions avant le covid. Nous avons dû faire beaucoup d’efforts en informant, en organisant des conférences, en étant présents dans les médias pour vraiment sensibiliser les gens à l’importance de parler aussi tôt que possible de la mort avec son partenaire, sa partenaire ou avec la famille. Cela est primordial afin que tout le monde sache ce que l’on veut à la fin de notre vie. Les gens veulent planifier toute leur vie, mais personne ne pense à la mort. C’est ce point-là auquel on veut sensibiliser, car si on a conscience de sa propre mort, alors on vit peut-être autrement et on donne de la qualité à sa vie.
Quelle démarche une personne en bonne santé doit-elle faire pour s’assurer que ses choix seront respectés au moment de son décès ?
On peut trouver sur le site du ministère de la Santé des formulaires à remplir ainsi qu’un certain nombre d’informations sur la fin de vie et le plan national. Pour ma part, je recommande aux gens de nommer une personne de confiance et de parler avec elle pour s’assurer que tout ce qu’on veut avoir à la fin de sa vie sera vraiment fait.
Les gens veulent rester le plus longtemps possible à la maison
En 2024, 128 patients ont fait appel à vos soins. Ce chiffre est-il en hausse par rapport à l’année précédente ?
C’est une très légère augmentation. Mais il est plus intéressant de regarder la durée moyenne de séjour. Les patients restent en moyenne 31 journées avant de mourir. Cela montre que les gens veulent rester aussi longtemps que possible à la maison, dans un environnement familier. Mais pour les professionnels, il est plus difficile de proposer un accompagnement de haute qualité lorsque les patients ne viennent que les derniers jours. C’est plus complexe pour les infirmières.
En 2024, vous avez accompagné 1 239 personnes, dont une partie sont des enfants et des adolescents. Comment les prenez-vous en charge ?
Nous avons une équipe de bénévoles et de professionnels qui vont à l’école dans le cycle 3 pour rencontrer des enfants âgés de 9 à 10 ans. Et là, pendant une semaine, on propose des cours, des jeux, des rituels avec les enfants pour leur apprendre des notions sur la mort et le deuil. Cela permet aux enfants de perdre leurs angoisses et de comprendre et d’apprendre que la mort est une partie de la vie, qu’il faut vivre avec.
Omega 90 en chiffres
En 2024, Omega 90 a su répondre à une demande croissante, tout en consolidant la qualité et la diversité de ses offres :
• 128 patients ont été accueillis au Haus Omega.
• 4 771 sessions d’accompagnement ont été assurées par le service consultation, dont 1 022 auprès d’enfants, d’adolescents et de leurs proches.
• 1 237 personnes ont été formées dans le cadre du service Formation, soit une progression notable.
• 7 499 heures de bénévolat ont été prestées par 80 bénévoles actifs, véritable pilier de l’accompagnement humain.
• 801 000 euros, soit 10 % du budget annuel de l’association, doivent être couverts par des dons privés.