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Olympiade des sciences naturelles : «On joue aux chercheurs !»


En trois heures, les lycéens, répartis en équipe de trois, devaient réaliser sept expériences en chimie, physique et biologie.

Vingt-quatre lycéens de tout le pays ont disputé jeudi la très sérieuse finale de l’olympiade des sciences naturelles dont les gagnants auront la chance de briller au niveau européen.

Cela ne se voit pas, mais leurs têtes fument. Dans un faux calme, 24 lycéens, entre 15 et 17 ans, s’activent dans deux laboratoires du lycée Michel-Rodange à Luxembourg. Les regards et les mains sont fixés sur les pipettes et les erlenmeyers, tandis que certains accourent, discrètement, entre deux paillasses. Le silence quasiment religieux de ces scientifiques en herbe est à la hauteur de l’évènement : ils se disputent la finale de la 18e édition de l’olympiade luxembourgeoise de sciences naturelles.

Impossible de leur parler, au risque de les distraire. «Ils sont tous très motivés, voire trop pour certains», rigole Christophe Ternes, vice-président de l’ASBL Olympiades luxembourgeoises des sciences naturelles (OLSN) qui organise cette compétition mêlant biologie, physique et chimie. «Ils sont pointilleux donc on veille vraiment à n’avantager personne, c’est pris très au sérieux. Vers la fin de la finale, on sent même la frustration de ne pas être dans les temps.»

Répartis en huit équipes de trois cerveaux, les finalistes ont trois heures afin de réaliser sept expériences. «Cette année, nous avons choisis le sujet de l’air en mesurant le taux de photosynthèse en biologie, en construisant une balance avec des sèche-cheveux en physique, en mesurant et en produisant du dioxygène en chimie», énumère le professeur de biologie. «On joue aux chercheurs!»

Titre national, place européenne

La pression qui repose sur les épaules finalistes tient du titre en jeu, accessible pour tous les élèves de secondaire du pays et de plus en plus convoité. Au lancement de l’olympiade en novembre dernier, ils étaient 2 293 à concourir à l’épreuve de qualification dans 30 lycées différents.

«C’est un peu plus que d’habitude, surtout qu’il y en avait 700 en plus qui l’ont passé de façon autonome, car trop âgés pour le faire et que nous avons atteint les 30 lycées, ce qui représente quasiment tous ceux qui ont des élèves éligibles», se réjouit Christophe Ternes, ravi mais pas surpris par l’engouement. «Je trouve que les sciences sont à la mode. Je remarque que les élèves sont très motivés puisque l’on peut leur montrer différentes choses et que le travail est moins théorique qu’ailleurs», témoigne-t-il.

Les près de 3 000 concurrents sur la ligne de départ ne se sont pas affrontés via des expériences, par souci pratique, mais par un questionnaire à choix multiples. Les 30 questions de ce dernier ont permis de «savoir qui est vraiment intéressé par les sciences» et de ne sélectionner qu’environ 3 % d’entre eux, les demi-finales ayant été disputées par 80 chanceux.

Au vu du chemin parcouru afin d’atteindre la finale, la concentration et la frustration tombent alors sous le sens. Décrocher l’olympiade est d’autant plus un objectif cher aux lycéens en sachant que derrière le titre se trouve une qualification pour deux équipes à l’olympiade européenne organisée à Zagreb du 26 avril au 3 mai prochains.

Des talents qui s’échappent

«Notre but ultime est de trouver les six meilleurs pour représenter le Luxembourg en Europe», affirme le représentant de l’ASBL. L’olympiade européenne avait d’ailleurs eu lieu au Grand-Duché l’an passé et ses représentants avaient brillé en remportant une médaille de bronze, un an après l’or.

En Croatie, Christophe Ternes a l’ambition de conserver ce statut. Pour ce faire, les six gagnants de la finale, dont les noms seront connus le 18 mars prochain, suivront un entraînement intensif de la part de l’ASBL qui organise et finance le voyage. «Dès ce soir, on corrige les réponses et puis on se met directement à planifier des séances d’entraînement.»

En dehors de leurs cours, les élèves vont donc apprendre des techniques à la hauteur de l’excellence européenne, «dans un niveau de bachelor, de début université». Une belle ligne pour le CV, à l’image de l’Allemagne où «les universités considèrent une finale d’olympiade nationale à 17-18 ans comme un bulletin « très bien« ».

Forcément, tout le processus permet aux membres de l’ASBL, très majoritairement des enseignants, de «voir les jeunes talents» et de «les inciter à suivre des études en science». Cependant, c’est là que le bât blesse : «Souvent, on perd contact avec les jeunes intéressants dès qu’ils sortent du secondaire».

Bien que l’université du Luxembourg dispose d’un «très grand choix» de formations en sciences naturelles, Christophe Ternes constate également que «beaucoup partent étudier à l’étranger et y reste quelques années après». La promotion de la science via l’olympiade est donc toujours aussi cruciale.