L’Ombuds-Comité pour les droits de l’enfant souligne dans son rapport 2025 le besoin de renforcer la protection des mineurs face aux risques d’abus sexuels. Des efforts sont aussi nécessaires pour leur environnement de vie.
La réalité luxembourgeoise montre que rien n’est acquis : les enfants et les jeunes sont confrontés à des défis pluriels», constate l’Ombudsman et défenseur des droits des enfants, Charel Schmit, en introduction du rapport 2025 de l’OKaJu.
Il énumère une longue liste : justice et protection contre la violence, précarité et conditions de logement inadaptées, parcours fragiles, inégalités dans l’accès à la santé et à l’éducation, manque d’inclusion pour ceux en situation de handicap ou à besoins spécifiques ainsi que l’exposition aux risques et aux préjudices dans l’environnement numérique.
Hier matin, lors de la présentation du rapport à la Chambre des députés, Charel Schmit et son équipe ont mis en avant six domaines d’action pour renforcer les droits et la protection des enfants.
En priorité, les risques qui émanent de l’utilisation des supports numériques. Est notamment réclamée une norme légale pour que les enfants et jeunes ne soient pas «exposés sans restriction aux médias sociaux».
L’OKaJu plaide pour fixer un âge minimum légal de 15 ans concernant l’accès aux réseaux sociaux, une interdiction d’exposition aux écrans en bas âge (0-3 ans) ou encore l’imposition de contrôles parentaux et de dispositifs alternatifs, tels des «safephones», limitant l’accès aux contenus.
«L’urgence est de placer l’intérêt supérieur de l’enfant au cœur des politiques numériques, avec une mobilisation collective et des actions concrètes pour garantir leur sécurité et santé dans l’environnement numérique», résume l’Ombudsman dans son rapport.
Toujours dans le même domaine, l’OKaJu rappelle l’urgence de mieux protéger les enfants face à l’industrie pornographique. La Chambre est appelée à «transposer sans délai» des «obligations strictes» face à cette industrie (e.a. vérification de l’âge, interdiction du ciblage des mineurs).
«Il s’agit de lutter contre la triple victimisation des enfants : l’exploitation directe dans la production de matériel d’abus sexuel d’enfants, l’exposition passive et non régulée à des contenus pornographiques qui ont des conséquences dévastatrices sur leur santé, leur développement et leurs relations sociales, ainsi que la normalisation de la violence sexuelle et l’augmentation des violences entre enfants», développe l’Ombudsman, qui trouve des mots très clairs : «L’État ne peut plus entretenir un double discours entre la protection de l’enfance et les intérêts économiques de ce secteur : la protection des mineurs est une obligation légale et un devoir moral qui doit primer».
Au 1er octobre, 1 523 enfants placés
Ces deux premiers chapitres font partie du besoin d’améliorer l’environnement de vie des enfants et adolescents. L’OKaJu songe à la lutte contre le risque de pauvreté, qui guette un enfant sur quatre au Luxembourg.
Une attention plus particulière est portée sur les enfants placés en dehors de leurs familles d’origine. Au 1er octobre de cette année, 1 523 enfants étaient placés, dont 61,3 % le sont en institution. Parmi eux figurent 17 nouveaux-nés.
«L’évolution du placement entre 2021 et 2024 (…) accuse une hausse de plus de 10 %. S’y ajoutent davantage de placements institutionnels qu’en famille d’accueil», note le rapport.
Le placement des enfants en institution serait un facteur de risque de pauvreté à l’âge adulte. Selon le Statec, 64,9 % des concernés vivent sous le seuil de pauvreté, un taux plus de quatre fois supérieur à celui de la population qui n’a pas connu ce type d’adolescence (14,2 %).
L’OKaJu émet dans son rapport un ensemble de 120 recommandations qui ont pour objectif d’offrir à chaque enfant un avenir, où il «peut exercer pleinement ses droits, en toute sécurité et avec tout le soutien nécessaire».