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OGBL : «Si le gouvernement voulait nous fâcher, il a réussi»


«On est attaqué sur notre corps de métier : la défense des salariés et des retraités», fustige Nora Back, la présidente de l’OGBL. (photo Julien Garroy)

L’OGBL dresse ses lignes rouges en prévision d’un «automne chaud». L’avenir des conventions collectives et la réforme envisagée des pensions préoccupent très fortement le syndicat.

Le conflit social qui s’annonce autour du transfert des employés de Caritas vers la nouvelle association Hëllef um Terrain (HUT) est venu éclipser les autres point discutés lors du comité national de rentrée de l’OGBL. Les dossiers chauds ne manquent cependant pas, comme le souligne la présidente Nora Back : «Il existe une liste à rallonge de potentiels conflits dans quasiment tous les secteurs économiques».

Le gouvernement conservateur-libéral, au pouvoir depuis novembre 2023, porterait sa part de responsabilité dans la détérioration du climat social. «Nous devons malheureusement constater que le ton commence à se corser. Il est grand temps de préparer la riposte, car l’on est attaqué sur notre corps de métier : la défense des salariés et des retraités», lance Nora Back.

Ses propos concernent en priorité l’avenir des conventions collectives et la réforme envisagée des pensions. Avec pour première conclusion : «Si le gouvernement voulait nous fâcher, il a réussi».. Plus concrètement, l’OGBL se dit offusqué par les pistes de réflexion de l’exécutif dans les deux domaines précités. Une mise en garde est lancée : «L’objectif demeure de trouver des solutions à la table de négociations. Si ce n’est pas possible, nous devons aller plus loin».

Le ministre du Travail, Georges Mischo, est notamment appelé à «ne pas tomber dans le piège» tendu par le camp patronal. L’accord de gouvernement ouvrirait la voie à la négociation de conventions collectives sans l’appui des syndicats. «Il s’agit très clairement d’une ligne rouge. On s’attaquerait alors à l’ensemble de la structure salariale, au régime des conventions collective et aux syndicats», fustige Nora Back. Elle martèle que le camp syndical est le seul à disposer «de l’indépendance, des moyens et des ressources pour négocier de bonnes conventions collectives qui apportent de vraies améliorations pour les salariés».

Une entrevue fixée avec la ministre Deprez

Sur le chemin pour augmenter le taux de couverture – de 50 % actuellement à 80 %, objectif fixé par l’UE –, il ne faudrait non pas affaiblir le cadre légal, mais l’adapter afin de favoriser des conventions sectorielles. «Le tissu économique a changé. Il n’est plus possible de conclure des conventions individuelles pour chaque entreprise. La loi devrait donc imposer la négociation de conventions sectorielles», développe Nora Back.

L’OGBL a soumis un catalogue de revendications au ministre du Travail, notamment avec des propositions pour inciter les patrons à se doter d’une convention. «L’État pourrait accorder des soumissions publiques uniquement à des entreprises qui disposent d’une convention», avance la présidente.

Pour ce qui est du dossier des pensions (lire également ci-dessous), l’OGBL reste d’avis qu’il n’existe aucune urgence à mener une «réforme drastique». «Nous refusons toute attaque contre notre solide système. Le mur pronostiqué n’est jamais arrivé. Mais si le besoin se présente de procéder à des adaptations, il nous faut augmenter les recettes et non pas couper les pensions ou augmenter l’âge de départ à la retraite», résume Nora Back.

L’OGBL va être reçu le 9 octobre par la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez.

Une pension de 10 000 euros ?
«C’est un mythe !»

La ministre Martine Deprez s’est récemment interrogée sur le bien-fondé de verser encore des pensions de 10 000 euros. Elle a été suivie sur ce point par Michel Reckinger, le président de l’association patronale UEL.

Selon Nora Back, aucun retraité du secteur privé ne touche une pension aussi élevée. «C’est un mythe !», tranche-t-elle. La pension moyenne est de 2 400 euros. Les retraités ayant uniquement travaillé au Luxembourg touchent en moyenne 3 700 euros. «On n’est pas loin du salaire minimum qualifié. Pas question donc de riches possédant des yachts», défend Nora Back.

Autre chiffre : les personnes touchant une pension de 8 500 euros ne représentent que 0,04 % de l’ensemble des retraités.