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Fête du Travail : pour l’OGBL, «on doit se défendre, agir maintenant et prévenir»


La présidente de l’OGBL, Nora Back, s’est adressée à plusieurs centaines de militants réunis sur le parvis de l’abbaye de Neumünster. (photos Fabrizio Pizzolante)

À l’occasion du 1er-Mai, l’OGBL a lancé toute une série de mises en garde contre le camp patronal et les responsables politiques. Une réduction du temps de travail est qualifiée de priorité.

Il y a un an, les militants de l’OGBL avaient bruyamment défilé dans les rues de la capitale. Il s’agissait d’une réaction massive à la manipulation de l’index, décidée quelques semaines plus tôt par la tripartite. Le premier syndicat du pays a été le seul à avoir refusé l’accord, pourtant signé par le LCGB et la CGFP. Douze mois plus tard, le calme est revenu à l’abbaye de Neumünster, lieu de la fête du Travail organisée par l’OGBL. Les messages lancés par la présidente Nora Back n’ont cependant rien perdu en clarté.

«Nous n’avons pas oublié que l’on était les seuls à s’être défendus contre cette manipulation. On a respecté notre ligne rouge, et ce avec succès. Quelques mois plus tard, la décision a été prise de restaurer pleinement le système d’indexation», lance d’emblée la cheffe de file de l’OGBL dans son discours. Fort de ce succès, le syndicat ne compte rien lâcher, dans un contexte social qui reste tendu. «On doit se défendre, agir maintenant et prévenir», clame Nora Back.

Des ateliers interactifs étaient à découvrir pour la jeune génération de militants.

Deux grandes revendications ont été formulées hier. La première concerne une réduction généralisée du temps de travail. En présence du ministre du Travail, Georges Engel, la présidente de l’OGBL a souligné qu’«on n’a pas besoin d’études, mais du courage nécessaire pour mener cette réforme». «Une réduction ne veut pas dire réduction de salaire, répartir autrement le même nombre d’heures de travail ou faire davantage de télétravail. Une réduction doit se traduire par moins d’heures de travail», insiste Nora Back.

La «voie royale» pour mettre en œuvre cette réforme serait les conventions collectives. «Cet instrument permet de s’adapter aux besoins des différents secteurs», développe Nora Back. Un renforcement du cadre légal régissant les conventions collectives serait nécessaire, tout comme une réforme du droit de grève.

La camp patronal attaqué de front

Formellement opposé à toute réduction du temps de travail, le camp patronal a été attaqué de front hier. Michel Reckinger, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), tiendrait des propos «antisyndicaux». «Antisyndicalisme et dialogue social sont incompatibles. Les salariés, tout au long de leur histoire, continueront à se battre pour de meilleures conditions de travail. Une réduction du temps de travail afin de pouvoir profiter davantage de la vie fait partie de ce combat», lance la présidente de l’OGBL.

La deuxième grande revendication formulée hier est une réforme fiscale pour rendre le système d’imposition «plus équitable». Un allègement de la charge fiscale pour les bas salaires, une plus forte taxation des plus riches, un rééquilibrage entre l’imposition des revenus et des capitaux et une adaptation automatique du barème d’imposition à l’inflation sont prioritaires pour l’OGBL.

Le discours du 1er-Mai a été suivi par la traditionnelle fête populaire, organisée tous les ans par l’OGBL.

La marge pour agir serait largement présente, estime Nora Back. Elle se refuse à tout «catastrophisme» propagé par le camp patronal. Ni dans l’industrie ni dans la construction, la situation ne serait aussi grave que certains voudraient le faire croire. Si dans le premier secteur des plans de maintien dans l’emploi ont pu être signés, les choses se corsent dans l’autre secteur. La présidente de l’OGBL évoque des négociations très compliquées pour renouveler la convention collective dans la construction. Le syndicat n’exclut plus de mener des actions pour mettre la pression sur le camp patronal.

«Les temps qui nous attendent ne seront pas simples. Nous en avons conscience. Mais nous sommes prêts à aller au combat. Que personne n’en doute», conclut Nora Back.

«L’OGBL ne va pas tolérer d’attaque
sur notre système de pension !»

Une délégation syndicale venue du Grand Est était présente, hier matin, pour assister au discours du 1er-Mai de l’OGBL. La présidente Nora Back s’est directement adressée aux militants français, qui sont partis dans la foulée pour manifester une nouvelle fois contre la «réforme des retraites de Macron foncièrement illégitime, antidémocratique, injuste et inacceptable». «L’OGBL est solidaire avec le front syndical en France et nous sommes présents depuis le premier jour de la lutte et nous le serons avec vous jusqu’à la victoire. Nous avons aussi collecté de l’argent et rassemblé pas moins de 10 000 euros pour soutenir financièrement les grévistes qui n’ont plus de salaire depuis des semaines et n’en auront pas aussi longtemps que les grèves perdurent», a mis en avant Nora Back, qui a profité de l’occasion pour lancer aussi une mise en garde au «patronat luxembourgeois et ses alliés politiques» : «L’OGBL ne va pas tolérer d’attaque sur notre système de pension! Une attaque entraînerait dans tous les cas une réaction similaire à celle des salariés français et de leurs syndicats». Une revalorisation globale des retraites a été réclamée lundi.