Le camp syndical lance une mise en garde sans équivoque au gouvernement : si CSV et DP, et plus particulièrement le ministre du Travail, Georges Mischo, continuent à mener leur «attaque inédite» contre les acquis sociaux, une grève générale n’est pas à exclure. «On est préparés et nous sommes prêts à résister jusqu’au bout», clament Nora Back et Patrick Dury.
Plus de 700 militants de l’OGBL et du LCGB étaient réunis ce mardi soir dans un grand hôtel aux portes de la capitale. Ils étaient tous venus pour protester avec force contre la politique du gouvernement qui menacerait plus que jamais la paix sociale et l’existence des syndicats. Le cavalier seul du ministre du Travail, Georges Mischo, concernant le cadre légal sur les conventions collectives est plus particulièrement fustigé.
Même si le Premier ministre, Luc Frieden, a tenu à calmer le jeu, en confirmant le maintien de l’exclusivité des syndicats à mener les négociations des conventions, le camp syndical continue à douter des réelles intentions de l’exécutif conservateur-libéral. Ce dernier semble se laisser une porte ouverte pour sortir des éléments de la négociation collective, qui seraient alors à discuter par les délégués du personnel avec les patrons, sans appui des syndicats.
«Ils veulent nous écarter»
Après le clash en début d’automne, une réunion de réconciliation avec le ministre, en novembre, n’a rien changé à l’ire de l’OGBL et du LCGB, qui ont désormais lancé une large mobilisation.
Mardi soir, Nora Back et Patrick Dury, les chefs de file des deux syndicats, ont lancé une (ultime?) mise en garde à l’adresse du gouvernement. Ils ne comptent plus tolérer que Georges Mischo les dénigre et remette en question les droits du camp syndical.
«On est arrivé à un point de l’Histoire où la survie de la démocratie luxembourgeoise en tant que projet solidaire est en jeu», n’hésite pas à lancer la présidente de l’OGBL. «Nous dérangeons, ils veulent donc nous écarter. Cela ne va pas leur réussir», renchérit-elle.
«Une politique réactionnaire»
Patrick Dury reproche à Georges Mischo et à Luc Frieden, l’ex-président de la Chambre de commerce, de faire cause commune avec le patronat. «Ils font preuve d’une politique réactionnaire et appliquent un agenda destructif qui cherche à détruire les acquis des salariés ainsi que le rôle et les droits des syndicats indépendants», martèle le président du LCGB.
Le camp syndical revendique enfin de véritables négociations avec le ministre du Travail pour établir un plan d’action visant à augmenter de 50 % à 80 % le nombre de salariés couverts par une convention collective. OGBL et LCGB plaident pour la négociation de davantage de conventions sectorielles, l’ancrage législatif d’une obligation de négociation pour le patronat ou encore une clause pour que seules les entreprises disposant d’une convention soient éligibles à participer à des soumissions publiques et bénéficier d’aides étatiques.
«Des temps difficiles nous attendent»
Rien de tout cela n’est en vue, ce qui amène les deux syndicats représentatifs du secteur privé à augmenter la pression sur le gouvernement dans son ensemble. «Des temps difficiles nous attendent, on en est conscients. Mais nous sommes prêts à résister jusqu’au bout. S’il le faut, il y aura grève générale», souligne Nora Back.
Son homologue Patrick Dury s’engage sur la même voie : «OGBL et LCGB considèrent le dialogue social comme prioritaire et essentiel, ce qui a permis d’assurer la paix sociale de manière exemplaire. Or, si nos revendications ne sont pas respectées, il nous faudra lancer des mouvements de grève et, s’il le faut, une grève générale. On ne va pas reculer.»
Le rassemblement de mardi constituait une première réaction aux «attaques inédites» contre les syndicats. Le message est clair : ils ne comptent pas se laisser faire. En novembre, le Premier ministre estimait encore qu’il n’avait pas lieu de parler de clash ou de dispute. Va-t-il être obligé de changer d’avis ?