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OGBL et LCGB : «Nous ne pouvons plus être divisés»


Les présidents de l’OGBL et du LCGB, Nora Back et Patrick Dury, ont scellé, vendredi, la création de la nouvelle Union des syndicats.  (Photo : lola bourotte)

Les deux grands syndicats du secteur privé ont ficelé, vendredi, une Union des syndicats qui doit permettre de contrer durablement les attaques contre le modèle social. Le gouvernement CSV-DP a «provoqué» cette alliance inédite.

Ils étaient encore concurrents lors des élections sociales de 2024. La lutte fut rude, mais la donne a entièrement changé aujourd’hui. En cause, une «multiplication des attaques» par le gouvernement CSV-DP «contre les droits et acquis sociaux des salariés et pensionnés». Sont listées par l’OGBL et le LCGB la remise en cause du droit exclusif des syndicats à négocier et signer des conventions collectives, l’extension du travail dominical et des heures d’ouverture dans les commerces et la réforme envisagée des pensions.

La première riposte a pris la forme d’un front syndical commun, déjà inédit en ce qui concerne la forme et le fond. OGBL et LCGB ont décidé, une semaine avant la grande manifestation nationale du 28 juin, de faire un pas de plus en créant une «Union des syndicats» qui réunit sous son toit les 125 000 membres que comptent les deux syndicats majeurs du secteur privé. Les statuts de la nouvelle ASBL ont été signés vendredi, en marge d’une conférence de presse.

La politique menée par le gouvernement conservateur-libéral a en quelque sorte «provoqué» cette nouvelle «étape historique» pour le mouvement syndical luxembourgeois. «Ils ont tenté de nous détruire et ont atteint le contraire. On formalise un renforcement durable des syndicats luxembourgeois», souligne d’emblée Nora Back, la présidente de l’OGBL. Elle coprésidera avec Patrick Dury, son homologue du LCGB, la nouvelle union syndicale. «La politique tente encore ces jours-ci de nous diviser. Nous ne pouvons désormais plus être divisés. Ce message doit être compris et entendu. Cette alliance est faite pour durer», enchaîne Nora Back.

Patrick Dury complète en disant que les deux syndicats sont désormais «plus forts pour contrer la politique néolibérale» menée par l’exécutif emmené par le Premier ministre, Luc Frieden. «Nous avons réussi à réagir rapidement et de manière dynamique» aux attaques engagées en octobre dernier, lorsque le ministre du Travail, Georges Mischo, a remis en cause une première fois les prérogatives des syndicats dans le domaine des conventions collectives. «Ils ont tout fait pour affaiblir les syndicats et les délégués du personnel», fustige le président du LCGB.

Le 28 juin, un premier moment de vérité

Le bras de fer engagé à l’automne a encore pris de l’ampleur avec le projet de libéralisation des heures de travail dans le commerce et l’intention du gouvernement de prolonger les années de cotisation avant de pouvoir partir à la retraite. Le tout dans un contexte où le dialogue social se limiterait à une simple consultation, sans volonté de négocier ou de faire des concessions. Les tentatives du chef du gouvernement d’apaiser le climat tendu, à l’aide de tables rondes sociales, sont restées sans résultat concret.

Dans la foulée de la déclaration sur l’état de la Nation, à la mi-mai, OGBL et LCGB ont rompu les ponts. Ils ne comptent renouer le dialogue social que si une tripartite formelle est convoquée par le Premier ministre, une revendication rejetée aussitôt par Luc Frieden.

Avec l’Union des syndicats, les deux représentants des salariés et pensionnés du secteur privé comptent encore augmenter la pression. Un premier moment de vérité sera la manifestation du 28 juin. Le nombre de personnes qui battront le pavé dans les rues de Luxembourg définira le rapport de force pour les négociations à venir. OGBL et LCGB doivent encore décider s’ils participeront à la réunion tripartite (gouvernement, syndicats, patronat) prévue le 9 juillet au ministère d’État.

Pas de syndicat unique, mais une alliance stratégique

L’Union des syndicats ne signifie pas une fusion de l’OGBL et du LCGB. Les structures des deux syndicats resteront en place, leur programme n’est pas remis en question. Par contre, la nouvelle ASBL sera dotée d’un conseil d’administration composé paritairement et coprésidé par Nora Back et Patrick Dury.

L’alliance est plutôt stratégique, avec comme objectif prioritaire la défense des intérêts, droits et acquis des salariés et pensionnés. Des positions communes seront définies, les négociations et pourparlers seront préparées et menées ensemble. La même chose vaut pour l’organisation d’éventuelles actions syndicales. Un point décisif : la résolution de «manière proactive, loyale et durable de tous les éventuels différends».

Si OGBL et LCGB refusent (encore?) la création d’un syndicat unique, il est intéressant de souligner que les deux organisations ont décidé de préparer ensemble les prochaines élections sociales, fixées à 2029.