Le projet d’art urbain Box a été inauguré jeudi, place des Bains à Luxembourg, avec une œuvre surprenante de l’artiste Jürgen Berg, Den Tuerm.
Sur la place des Bains, dans la capitale, la caisse en bois qui protège chaque année la fontaine sphérique des conditions météoriques hivernales a fait peau neuve. Elle s’est transformée en projet d’art urbain : le Box. Initié et coordonné par l’artiste Joël Rollinger, en collaboration avec la Ville de Luxembourg, le projet a pour vocation de donner une fonction nouvelle à la caisse en bois, en l’utilisant comme socle pour l’installation d’une œuvre d’art le temps d’une saison.
La sculpture invite au rêve, dans une langue inconnue
Mais le projet ne s’arrête pas là : «Le but est de mettre en valeur l’art urbain à Luxembourg et de soutenir les artistes ou collectifs d’artistes du pays. Il est prévu que chaque année une nouvelle œuvre surmontera le Box», explique Joël Rollinger. Et pour la première édition du projet, c’est une œuvre de Jürgen Berg, membre du collectif cooperationsArt, qui trône sur l’ancienne caisse en bois, aujourd’hui relookée. Son œuvre s’appelle Den Tuerm (La Tour). L’artiste la définit comme «une tour qui fait penser à un phare, qui éclaire la nuit venue». Un phare de 4 mètres de haut composé principalement de bouts de bois que l’artiste a pris soin de colorer, au moyen de points, de ronds multicolores, un peu à l’image des symboles ancestraux des gravures aborigènes en Australie. La sculpture invite au rêve, dans une langue inconnue créée par Jürgen Berg, qui, atteint d’une lésion cérébrale, n’a jamais appris à écrire.
Une immense fierté pour Jürgen Berg
Quelle fierté pour lui, donc, de voir son œuvre mise en avant de cette manière. «Il faut que je dise à toutes mes connaissances et mes amis de venir la voir, et surtout, je dois venir ici avec ma petite-fille», dit-il, tout heureux. Et il faut dire que sa tour rayonne sur la place des Bains, depuis qu’elle y a été inaugurée, hier. «Elle est à l’image de Jürgen, elle porte les couleurs qu’il a dans son cœur», explique Didier Scheuren, chef d’atelier d’art du collectif cooperationsArt, qui a aidé à l’assemblage de l’œuvre. Car il le dit clairement : «Cette œuvre est le fruit d’un long travail très minutieux accompli en majeure partie par Jürgen Berg. Il a coloré chaque bout de bois des heures durant sans jamais perdre patience. Pour l’assemblage, il a fallu que chacun aide, et ça a parfois été fastidieux (il rit). L’une des personnes qui ont aidé au montage, Mahmoud, est syrienne et nous avons dû utiliser un traducteur sur le web pour nous comprendre! Mais voilà, le travail est réussi et il prouve que la langue n’est pas une barrière quand on le souhaite vraiment…» Den Tuerm trônera sur la place des Bains tout l’hiver, et c’est une consécration pour tout le collectif cooperationsArt.
Sarah Mélis