Infirmière en oncologie, Laura Da Silva a été frappée par le cancer du sein il y a quelques années. Une épreuve de la vie difficile qu’elle a su en faire une force dans sa vie personnelle et professionnelle.
Il y a dix ans, Laura Da Silva avait seulement 41 ans quand elle a été atteinte par le cancer du sein. Un choc pour cette infirmière de profession qui ne «pensait pas être touchée un jour par cette maladie». Et pourtant, pendant une autopalpation sous la douche, elle sent une grosseur au niveau de son sein. «Je me suis dit, on va encore attendre un mois. Mais la boule était toujours là.» Elle consulte alors un médecin qui lui prescrit une mammographie. «On m’a dit d’attendre, car on pensait plutôt que c’était un kyste. Malheureusement, la tumeur cancéreuse s’est développée rapidement. J’avais un cancer triple négatif de stade 4», se souvient-elle.
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Une annonce qu’elle vit comme un véritable bouleversement, elle, comme toute sa famille. «Mes enfants étaient très jeunes. Ils avaient six, dix et douze ans. C’est moi qui leur ai annoncé la mauvaise nouvelle. Comme j’étais infirmière, je savais exactement la façon dont je devais leur en parler. Je l’ai fait d’une manière ouverte, honnête et adaptée à chaque âge.» Bouleversés, ses trois enfants réagissent, tous, d’une manière différente. «Je me souviens que le plus grand m’avait dit que j’allais perdre mes cheveux, mais qu’ils allaient vite repousser par après. La plus petite se demandait qui allait l’emmener au ballet. Et le deuxième m’a demandé si j’allais mourir», raconte, émue, Laura Da Silva. «Je ne leur ai jamais rien caché et j’ai expliqué que j’avais une équipe et des traitements qui permettront à maman de guérir», confie-t-elle.
Je sais encore plus ce qui se passe de l’autre côté
Alors, le plus vite possible, elle entame les premiers traitements, des chimiothérapies très lourdes. «En tant qu’infirmière, je savais que l’on pouvait avoir des effets secondaires conséquents. Et c’est ce que j’ai eu. J’ai fait un choc anaphylactique. Pour la première fois, je me suis dit que je pouvais mourir.» Bien avant cette nouvelle épreuve, Laura Da Silva avait déjà songé à sa possible disparition. Elle avait alors écrit plusieurs lettres pour ses enfants, à chaque moment de leur vie. «Je les ai toutes jetées, cinq ans plus tard.»
Un nouveau chapitre dans sa vie
Dix ans sont passés depuis l’annonce du cancer de Laura Da Silva. Aujourd’hui, la quinquagénaire, souriante et positive, dit aller «bien». Une épreuve de vie difficile qui lui a aussi appris plusieurs leçons de vie. L’espoir, d’une part. Mais aussi de revoir ses priorités de vie. C’est ce qu’a fait justement l’infirmière en oncologie. Après son combat contre le cancer, elle a décidé de se former dans l’accompagnement et le conseil pour les femmes atteintes par le cancer.
Aujourd’hui, elle a développé une société, chez elle à Bridel, où elle accueille des femmes malades, mais pas uniquement. Pour les femmes touchées par le cancer du sein, la quinquagénaire réalise des tatouages paramédicaux de reconstruction mammaire et de camouflage de cicatrices. «C’est une technique de tatouage artistique qui va permettre de reconstruire le mamelon ou l’aréole. C’est le point final vers la guérison. À partir de là, l’ancienne malade pourra commencer un nouveau chapitre. Et souvent, elle me dit : « Je suis à nouveau complète« .»
Laura Da Silva accompagne également les femmes atteintes par le cancer à travers le conseil en image. Avec les effets de la chimiothérapie, la perte des cheveux et des sourcils, la confiance et l’estime de soi du patient peuvent vite se dégrader. «Je leur donne des conseils pour le maquillage des sourcils, la perruque (…). C’est une façon de se réconcilier avec soi et son corps. Mais aussi de dire que la féminité et la beauté ne tiennent pas aux cheveux, ni aux seins, mais à ce que l’on est à l’intérieur. Et que même si notre visage reflète une maladie, on est encore une femme, une épouse, une mère», confie l’infirmière.
Ces conseils, Laura Da Silva les partage également sur son blog dédié au cancer, mais aussi sur les réseaux sociaux. «Il faut sensibiliser les gens et enlever les tabous. Les réseaux sociaux sont une très bonne méthode pour le faire. On atteint beaucoup de monde et pas forcément que les jeunes.»
Aujourd’hui, Laura Da Silva continue son chemin en mêlant ses multiples passions. À l’hôpital, elle côtoie toujours des femmes qui, elles aussi, ont été atteintes par le cancer du sein. «Être confrontée à cette épreuve a quelque peu changé ma vision du métier d’infirmière. J’ai toujours été proche des patients. Mais en ayant vécu moi aussi la maladie, je sais encore plus ce qui se passe de l’autre côté.»
Sous chimio, elle défilera pour soutenir la cause du cancer du sein
Marcia, 60 ans, participera pour la première fois à un défilé de mode ce jeudi. Un challenge pour cette retraitée qui a commencé un nouveau traitement de chimiothérapie il y a quelques semaines.
«On m’a annoncé mon deuxième cancer quand je suis partie en retraite», confie Marcia. Cela faisait onze ans que la Luxembourgeoise était sortie de la sphère infernale des traitements et du combat contre le cancer du sein. Il y a onze ans, elle a été confrontée à un cancer du sein agressif. Après plusieurs mois de chimiothérapie, elle a réussi à s’en sortir.
Mais il y a quatre mois, lors d’un contrôle IRM, les médecins lui ont décelé une «hypofixation» sur le poumon gauche. Un coup de massue pour la sexagénaire, qui ne pensait pas retrouver l’enfer des chimiothérapies. «J’ai terminé ma quatrième chimio il y a quelques jours. J’ai un traitement d’immunothérapie et de chimiothérapie très corsé. Car, malheureusement, j’ai des métastases.»
Malgré cette deuxième épreuve face à la maladie, la Luxembourgeoise ne souhaite pas perdre espoir. «Apparemment, les traitements marchent très bien et j’ai de très bons résultats. Même si je suis très fatiguée, je reste toujours positive. Il le faut, je pense, pour guérir.»
Un défilé pour la prévention du cancer
Encore sous les effets de la chimiothérapie, Marcia a tout de même décidé de participer à un défilé de mode qui se déroule aujourd’hui au complexe aquatique Aquasud à Differdange. «C’est une première pour moi. Je pense que les designers auront du mal à me trouver quelque chose, car j’ai une très petite taille», sourit-elle. Pour la Luxembourgeoise, ce défilé représente surtout un challenge et une façon de rendre hommage aux femmes victimes du cancer.
Avec ou sans foulard, elle défilera sur le podium en étant fière d’elle-même. «La féminité ne se résume pas à des cheveux qui repousseront de toute façon après le cancer.» Un geste fort pour la sexagénaire qui n’a pas toujours assumé sa chute de cheveux. En effet, lors de son premier cancer, Marcia refusait d’enlever son foulard devant ses enfants. «Ils ne voulaient pas me voir sans cheveux. Je les comprends tout à fait, car ils étaient très jeunes.»