Octavie Modert n’est pas parvenue à obtenir la majorité des suffrages lors du vote de désignation du futur bourgmestre de Stadtbredimus. Prenant acte de cette situation inattendue, elle a décidé de retirer sa candidature.
Les élus du nouveau conseil communal n’ont pas apporté à Octavie Modert le soutien qu’elle espérait.
Libérée de ses charges ministérielles depuis les dernières élections législatives et l’arrivée d’une nouvelle coalition sans les chrétiens-sociaux, Octavie Modert avait cette fois les coudées franches pour briguer l’hôtel de ville de sa commune mosellane : Stadtbredimus. Elle s’y est décidée avec succès, puisque le soir du 8 octobre, elle apparaissait en tête avec 539 voix (sur 903 bulletins valables dans l’urne). Juste derrière elle, Marco Albert – le bourgmestre de la mandature précédente – obtenait 27 voix de moins.
Dans ces conditions, la logique aurait voulu qu’elle s’installe dans le fauteuil de bourgmestre. « J’étais en tête et tout à fait prête à prendre mes responsabilités, expliquait l’ancienne ministre de la Culture vendredi. C’était la mission que m’avait confiée les électeurs. » Oui mais voilà, vendredi, elle envoyait un mail aux autres élus ainsi qu’à la presse où elle expliquait qu’elle retirait sa candidature pour diriger la commune.
Quatre voix pour, quatre voix contre
Que s’est-il passé? Petit retour en arrière. La semaine passée, une session du conseil communal a eu lieu pour désigner, justement, le bourgmestre. Et la réunion ne s’est pas du tout passée comme prévue. « J’avais envisagé des scénarios, avance Marco Albert, chef de séance en tant que bourgmestre sortant, mais certainement pas celui-là… »
Au lieu des neuf élus, seuls huit étaient présents car l’un des conseillers était absent. Un détail qui aura toute son importance. À l’heure du vote, seule la candidature d’Octavie Modert était sur la table. « J’ai toujours dit que si le candidat qui avait obtenu le plus de voix souhaitait être bourgmestre, je ne me présenterai pas contre lui, assure le bourgmestre sortant. À Stadtbredimus, cela s’est toujours passé comme ça et je ne voulais pas qu’il en soit autrement : c’était très clair. »
Il explique qu’il aurait d’ailleurs accepté sans souci un poste d’échevin. « Compte tenu de la notoriété d’Octavie Modert, qui est bien plus connue que moi, j’étais content de mon score. Lorsque l’on est bourgmestre, on ne peut pas plaire à tout le monde et, finalement, j’ai obtenu un nombre de voix pratiquement identique à celui d’il y a six ans. Cela montre que mon travail a tout de même été apprécié (NDLR : il a obtenu quatre voix de plus). »
Mais au décompte du vote qui a eu lieu à bulletins secrets, comme l’a souhaité les conseillers, il apparaît qu’Octavie Modert ne compte que quatre avis favorables sur huit. Cette égalité empêche toute décision, mais pour Octavie Modert, il s’agit d’un désaveu. « Nous avions alors décidé de programmer une nouvelle séance dès le retour du conseiller absent. Mais il n’est pas là pour une raison grave et légitime et ne peut prédire exactement la date de son retour », précise Marco Albert.
Il manque «la base de confiance»
Ce coup dur a forcément marqué Octavie Modert et elle a profité de ce laps de temps pour réfléchir à la suite. Vendredi, elle annonçait finalement qu’elle n’était plus candidate à la plus haute fonction communale. « Une base de confiance est essentielle pour former un collège échevinal et pour assurer ensuite le bon fonctionnement d’une commune », reconnaissait-elle, sous-entendant qu’elle ne s’attendait pas à l’avoir lors du prochain vote. Pour la députée qui a installé le cerf bleu emblématique de l’année culturelle 2007 devant la cave familiale (domaine Stronck-Pinnel, à Greiveldange), c’est une désillusion : « Je m’étais réjouie de remplir cette fonction, mais je ne suis pas la seule à qui ça arrive… C’est la démocratie. Je passerai vraisemblablement les six prochaines années en tant que conseillère. »
Pris de court par la nouvelle situation, Marco Albert a demandé un petit temps de réflexion avant de se prononcer sur la suite des évènements. Vendredi soir, il annonçait en fin de compte qu’il se présenterait à sa propre succession. « Puisque la candidate qui est arrivée en tête des élections a décidé de ne pas se présenter, je présenterai mon nom lors de la nouvelle session du conseil » a-t-il déclaré.
Pour l’instant, on ne sait pas s’il sera le seul ni quand aura lieu la réunion. A priori, elle ne sera pas convoquée la semaine prochaine car « nous ne la programmerons que lorsque tous les élus seront là ». Pas question, cette fois, de retomber sur un résultat aussi bancal que le précédent.
Erwan Nonet