Le Liser avait conclu dans une étude de faisabilité en 2020 à l’urgence de créer un observatoire transfrontalier du logement. Les services du ministère y travaillent.
La problématique du logement a franchi les frontières du Grand-Duché depuis plusieurs années. Le phénomène s’amplifie chez nos voisins avec des prix de l’immobilier qui suivent la même courbe que celle entamée au Luxembourg.
Le député déi Lénk David Wagner s’était déjà enquis du projet d’Observatoire du logement transfrontalier en février dernier et le socialiste Mars Di Bartolomeo lui emboîte le pas pour connaître les avancées réalisées dans ce sens. Depuis l’étude du Liser réalisée en 2020 sur la faisabilité d’un tel observatoire, le sujet fait débat au sein du Comité de coordination du développement territorial (CCDT) qui rassemble un grand nombre d’acteurs utiles à la concrétisation d’un tel projet. Le 19 janvier dernier, sur une proposition du ministère du Logement et de l’Aménagement du territoire, les membres ont affirmé leur intérêt pour le lancement d’un projet Interreg sur un observatoire transfrontalier de l’habitat, selon la réponse apportée par Claude Meisch. Actuellement, des agents du ministère élaborent avec les équipes du Liser les premières esquisses d’un tel projet, assure-t-il.
Le Liser avait souligné dans son étude l’importance d’un tel observatoire dans la Grande Région, mais était bien conscient des obstacles à surmonter. Ainsi, par exemple, les régions présentent différentes capacités d’observation territoriale. Alors qu’il existe des possibilités de collaboration en Lorraine et en Wallonie, les acteurs institutionnels en Rhénanie-Palatinat et en Sarre ne disposent pas de structures dédiées à l’observation de l’habitat qui pourraient porter un projet transfrontalier.
La volonté politique, cependant, est bien présente de vouloir collaborer avec les pays et les régions voisines pour élaborer une politique transfrontalière relative au logement et à l’aménagement du territoire, «un défi à considérer en urgence», selon le Liser. L’institut luxembourgeois de recherche socio-économique avait ainsi listé les avantages d’une telle structure qui pourrait collecter et analyser les données sur les mouvements résidentiels transfrontaliers pour mieux répondre aux conséquences sociales, économiques et environnementales de la mobilité résidentielle transfrontalière.
«L’observation et la surveillance des prix de l’immobilier à l’échelle transfrontalière du Luxembourg sont des sujets importants à développer pour le Luxembourg et les communes limitrophes», écrivait le Liser dans ses conclusions. Il recommandait d’analyser si certains besoins en logements pourraient être pris en compte à une échelle transfrontalière, comme les logements étudiants, ainsi que les logements et les services d’accompagnement des personnes âgées.
Manque d’informations
De nombreux aspects restent à développer entre les partenaires de la Grande Région dans ce domaine, comme la surveillance et l’échange de bonnes pratiques en matière d’identification des logements vacants, de mise en place de logements abordables, de réalisation de projets résidentiels multigénérationnels, de projets de reconversion, de rénovation urbaine…
«À la lumière de ces constats, la mise en place d’un observatoire transfrontalier du logement nous paraît tout à fait indispensable et urgente», disait l’institut dans son rapport de 2020. Tous les acteurs institutionnels et méthodologiques de la Grande Région rencontrés lors de cette enquête ont plébiscité la mise en œuvre d’un tel observatoire.
Le Liser alertait également sur la méconnaissance des prix transfrontaliers et l’absence d’informations détaillées sur les mouvements résidentiels transfrontaliers. Ce manque d’informations ne permet pas aux élus «de prendre des mesures qui pourraient accompagner ou anticiper ces phénomènes, alors qu’ils affectent considérablement leurs communes».
Avec des données recueillies à une échelle plus fine, et en mettant régulièrement à jour ces informations, «l’observatoire pourrait faciliter la compréhension des phénomènes transfrontaliers et de leurs conséquences sociales, économiques et environnementales à court terme et à long terme».