Au Grand-Duché, les objets connectés ou Internet of Things (IoT), qui connectent notre monde physique à l’environnement numérique, ne relèvent plus de la science-fiction, et suscitent l’intérêt de nombreuses entreprises.
Sous un nom un peu obscur, l’Internet of Things (IoT) ou «Internet des objets», désigne tout simplement la connexion, via toutes sortes de capteurs, entre notre monde physique et l’environnement numérique. On ne s’en rend pas forcément compte, mais ils nous entourent déjà : à l’hôpital, dans les transports, au bureau, dans l’agriculture, l’industrie, et bien sûr, à la maison.
Si plusieurs acteurs se partagent le marché luxembourgeois, Post Telecom dispose depuis quelques années d’une équipe dédiée et a fait de l’IoT l’un de ses axes de développement stratégique : «L’intérêt des clients est là parce qu’on répond à des besoins spécifiques de leur métier, en y associant notre propre expertise dans des domaines comme l’intelligence artificielle, la data ou la cybersécurité», décrit le directeur Cliff Konsbruck.
L’Internet of Things, c’est quoi?
Ce sont des objets physiques (véhicules, électroménager, prêts-à-porter, outils, etc.) équipés de logiciels et de capteurs spéciaux pour se connecter à internet. En transmettant leurs données vers des plateformes numériques dédiées, ils ouvrent la voie à d’innombrables applications.
Une technologie qui ne date pas d’hier puisque le premier objet «connecté à internet» remonte à 1982 : c’était un distributeur de boissons installé à l’université de Pittsburgh en Pennsylvanie, capable de transmettre à distance son taux de remplissage et sa température. Le concept de l’IoT est né bien plus tard, en 1999, au Massachusetts Institute of Technology (MIT).
Le nombre d’objets connectés en entreprise devrait tripler ces prochaines années pour atteindre plus de 25 milliards d’ici 2030, d’après les experts.
Alors que l’opérateur compte couvrir tout le territoire avec son réseau 5G d’ici la fin de l’année prochaine, permettant la connexion massive de capteurs sur une même antenne, l’IoT est sur le point d’entrer dans une nouvelle ère. Même si des applications concrètes existent déjà dans de très nombreux secteurs.
Ainsi, pour la détection des crues, l’IoT constitue un outil précieux dans la vallée de l’Ernz blanche, qui a connu plusieurs épisodes d’inondations ces dernières années : depuis 2020, un nouveau type de système de mesure a été installé par l’administration de l’Eau.
Des capteurs limnimètres, des sondes de température, des pluviomètres, et des sondes d’humidité dans les sols, ont été disséminés tout au long du parcours dessiné par la rivière afin de mieux comprendre comment se produisent les épisodes de crues et pouvoir les anticiper. Au moment des inondations historiques de juillet 2021, un grand nombre d’informations ont pu être collectées et transmises via différents réseaux de communication. Une vraie mine d’or pour les scientifiques.
Du côté des communes, on peut citer la solution de gestion de l’eau Smart Water, déjà adoptée par neuf localités. À ce jour, près de 4 000 compteurs connectés ont été déployés dans le pays, permettant aux ménages de connaître leur consommation journalière et d’être alertés en cas de fuite, et aux administrations communales d’augmenter l’efficience de leur réseau sans plus avoir à passer dans les rues pour les relevés. Dans les prochains mois, 3 500 autres terminaux doivent être installés.
Des poubelles qui communiquent
Au niveau de la gestion des déchets, l’IoT présente aussi des atouts : sur ce segment, Post Telecom travaille avec la société Polygone qui cherche à réduire la consommation en carburant et la production de CO2 de sa flotte de camions, en ne collectant les déchets que lorsque cela est nécessaire, au lieu des traditionnels jours fixes.
«Des capteurs laser sont placés sous les couvercles des conteneurs pour mesurer le niveau de remplissage du bac», explique Laurent Rapin, conseiller IoT chez Post. «S’ajoute le développement d’une intelligence artificielle et d’une plateforme décisionnelle pour optimiser le ramassage. Au final, la tournée d’un camion est définie en fonction des informations remontées par les capteurs», ajoute-t-il. Un système qui équipe plus de 300 conteneurs de la marque et qui porte ses fruits.
Des entreprises encore à convaincre
Autre application bien utile pour les professionnels : la géolocalisation des engins, outils et véhicules dans le domaine de la construction ou de la location de matériel. Face aux pertes, aux vols ou aux heures consacrées aux inventaires manuels, l’IoT tire son épingle du jeu, en autorisant le traçage de tous ces objets, et en assurant la métrologie sur les chantiers. «Température, sons, niveaux d’eau, tout est monitoré en temps réel, ce qui permet d’agir en cas de besoin», poursuit Laurent Rapin, dont l’un des clients a opté pour l’IoT après avoir perdu l’un de ses engins les plus coûteux dans une inondation.
Comme celui-ci, de plus en plus de professionnels passent le cap, et investissent : «On a beaucoup de demandes, mais on n’est pas submergés non plus. En réalité, les entreprises ne se rendent pas encore compte de tout ce que la digitalisation peut apporter à leur cœur de métier», estime l’expert.
L’activité des abeilles surveillée à distance
Pourtant, l’IoT s’adapte à n’importe quel contexte et se niche vraiment partout, y compris là où ne l’attend pas : dans les concessions automobiles, les boîtes aux lettres, ou même les ruches! Dans un showroom, il cartographie les déplacements des visiteurs grâce à des caméras stéréoscopiques placées au plafond et pointe les zones de fort passage, correspondant aux modèles de voitures suscitant le plus d’intérêt. Il illustre également les zones d’attente et permet aux équipes de vente de s’adapter.
Pour garantir le bon fonctionnement de la relève du courrier postal, 130 boîtes jaunes à travers le pays sont déjà équipées de capteurs aimantés sur leur clapet ainsi que leur porte, permettant à Post de contrôler leur niveau de remplissage et les horaires des levées. L’objectif final étant, à terme, d’optimiser les déplacements des facteurs.
Quant aux abeilles, elles aussi sont connectées, pour surveiller leur activité à distance. C’est le cas des six ruches que l’entreprise exploite derrière son bâtiment de la Cloche d’or : des balances sont placées sous les structures de bois pour peser la production de miel, permettant à l’apiculteur de savoir exactement quand passer, et d’être alerté en cas de chute ou de vol.
De l’Internet of Things à l’Internet of Everything
Et demain? Avec les possibilités offertes par le réseau 5G, l’Internet of Things sera bientôt remplacé par l’Internet of Everything (IoE), projette Laurent Rapin : «Au-delà des seuls objets, on parle désormais de connecter les données que produisent les gens, mais aussi les processus – donner la bonne information à la bonne personne ou la bonne machine au bon moment – et de transformer les données en intelligence.»
Par exemple, dans l’analyse de l’occupation d’espaces (locaux, bureaux, salles de réunion, ou parkings), l’IoE peut s’appuyer sur les données de capteurs de présence et de comptage IoT, dans le but de mettre en place des systèmes de réservation prédictive dynamique des ressources, avec des suggestions d’optimisation et des ajustements énergétiques à la clé.
Des modes de fonctionnement encore rares aujourd’hui, mais qui seront sans doute la norme dans un futur pas si lointain.