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Numérique : 8e au classement européen, le Luxembourg s’essouffle


Même s’il y a plus de diplômés et spécialistes en TIC qu’ailleurs, le pays peine malgré tout à trouver des talents. (Photo : archives lq/didier sylvestre)

La progression du Grand-Duché en matière d’économie et de société numériques marque le pas en 2022 dans l’index de la Commission européenne, qui pointe un certain retard dans le déploiement de la 5G et la pénurie de main-d’œuvre spécialisée.

C’est le constat établi par la Commission européenne : comme en 2021, le Luxembourg stagne au 8e rang du Digital Economy and Society Index, qui compare chaque année les progrès des 27 pays de l’Union dans tous les domaines liés au numérique.

Alors que la Finlande, le Danemark et la Suède trustent le haut du classement, et que la moyenne des États membres progresse de 50,7 à 52,3 sur 100, le score du Grand-Duché, lui, accuse un léger recul, passant de 59 à 58,9, affichant le taux de progression le plus faible de l’UE en matière de numérique ces cinq dernières années : 6 points par an seulement.

Des efforts encore importants à fournir

Alors que, lors de sa visite à la Chambre des députés en avril dernier, Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission en charge de ce dossier, avait souligné que le Luxembourg disposait «d’une longueur d’avance en termes de digitalisation», il semble que le tableau global ne soit pas si glorieux, et que d’importants efforts restent à fournir.

Dans son rapport, la Commission pointe ainsi le retard accumulé par le Luxembourg dans le déploiement de la 5G, qui couvre à peine 13 % du territoire aujourd’hui, loin des 66 % des zones peuplées de l’UE désormais prises en charge. La commercialisation des services 5G, lancée relativement tard, ayant sans doute freiné les débuts prometteurs de cette nouvelle technologie. Pour y remédier, les opérateurs mobiles devront investir massivement dans les infrastructures 5G, notent les experts.

Autre point noir risquant d’entraver la numérisation de l’économie luxembourgeoise : la pénurie de main-d’œuvre spécialisée dans le domaine des TIC (technologies de l’information et de la communication). Si le pays affiche une proportion de diplômés et de spécialistes IT largement au-dessus de la moyenne de l’UE – 6,3 % de l’emploi total contre 4,3 % – il connaît malgré tout une pénurie de talents, tant la demande pour ces profils a explosé ces dernières années. En juin, ils figuraient ainsi en tête des postes vacants les plus recherchés par l’Adem.

Champion sur la formation

Du côté des bons points, la Commission salue en particulier les efforts du Luxembourg pour renforcer les compétences numériques de ses résidents : dans l’enseignement, on peut citer les cours de coding introduits à l’école fondamentale en 2020 ou le cours Digital sciences qui sera généralisé aux classes de 7e dès la rentrée, avant d’être étendu aux 6e et 5e.

Une politique qui porte ses fruits puisque 64 % des 16-74 ans du Luxembourg déclarent avoir des bases dans le domaine digital, contre 54 % seulement dans l’UE, et qui permet au Grand-Duché de prendre la 6e place de l’index concernant la généralisation des connaissances numériques.

En entreprise, même si les formations au digital proposées aux employés sont en léger recul, le pays reste au-dessus de la moyenne sur ce critère. En parallèle, les pouvoirs publics soutiennent l’éducation au numérique des demandeurs d’emploi à travers l’initiative Future Skills, tout comme la formation continue, boostée en 2021 par le programme Digital Skills et ses bons de 500 euros, qui a profité à environ 30 000 salariés en chômage partiel.

Les femmes de plus en plus présentes

Par ailleurs, près de 20 % des spécialistes en TIC du pays sont désormais des femmes, soit un peu plus que la moyenne de l’UE (19 %), avec une augmentation de quatre points depuis 2019. Les activités de l’association Women in Digital Empowerment (WIDE) pour favoriser l’accès des filles et des femmes à ces métiers, encouragées par le gouvernement, y auront sans aucun doute contribué. 

Dernière innovation en date dans cette branche, le lancement du Digital Learning Hub à Belval en mai dernier, en partenariat avec quatre grands acteurs privés du secteur IT, dont l’école 42, qui devrait contribuer à faire face aux besoins croissants de profils pointus à l’avenir.

Les projets à venir

En 2022, dans le cadre de son plan national pour la reprise et la résilience, le Luxembourg prévoit la mise en service du registre numérique unique des professions de santé destiné à mieux gérer les forces vives du secteur, mais aussi le développement d’une solution permettant des rendez-vous en visioconférence entre les particuliers ou les entreprises et l’administration publique.