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Nucléaire : 182 000 personnes ont retiré leurs comprimés d’iode au Grand-Duché


(Illustration : DR)

Près de 182 000 personnes ont retiré leurs comprimés d’iode à prendre en cas d’accident nucléaire.

La présence de réacteurs nucléaires à ses frontières (à Cattenom, à Tihange, voire à Doel) a obligé le Grand-Duché à prendre certaines mesures de protection des populations. Parmi elles, la distribution de comprimés d’iode.

L’utilisation de l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité est un sujet éminemment sensible au Grand-Duché. À Doel et Tihange, en Belgique, les réacteurs ont été relancés et leurs durées de vie ont même été prolongées. Des fissures avaient pourtant été décelées dans leurs cuves abritant le combustible radioactif! Furieuses, une quarantaine de communes luxembourgeoises ont même porté plainte contre les autorités belges pour avoir décidé la prolongation d’exploitation. Du côté de la France, ce n’est pas très reluisant non plus : la centrale nucléaire de Cattenom connaît de nombreux incidents.

C’est dans ce contexte légèrement anxiogène, il faut bien le dire, que les députés libéraux Max Hahn et Claude Lamberty ont pris leur plume pour questionner le gouvernement sur la distribution d’iode auprès de la population grand-ducale. Cette opération a débuté en 2014 avec l’achat par le gouvernement de 250 000 blisters à 10 comprimés d’iodure de potassium. Le coût total de cet achat s’est élevé à 95 000 euros (hors TVA). Chaque blister a coûté 0,38 euro (hors TVA).

Oui mais voilà, les députés se demandent si ces blisters sont bien arrivés dans les foyers luxembourgeois. Les pilules étaient en effet à récupérer auprès des pharmaciens.

Mais pourquoi ces comprimés sont-ils si importants? En cas d’accident, de l’iode radioactif peut être éjecté sous forme de gaz du réacteur endommagé. Cet élément radioactif se fixe très rapidement sur la thyroïde et provoque des cancers. L’iode de la pilule sature la thyroïde d’iode stable inoffensif et empêche l’iode radioactif de s’y fixer surtout chez les jeunes. Après l’accident de Tchernobyl en 1986, une véritable épidémie de cancer de la thyroïde avait été découverte au début des années 90 chez les enfants qui vivaient près de la centrale et qui avaient été pourtant évacués peu de temps après l’explosion.

La distribution de ce type de comprimés à la population est donc très importante. Le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, et le Premier ministre, Xavier Bettel, ont répondu aux questions sensibles des deux députés DP. Ils précisent que 182 000 personnes se sont procuré des comprimés d’iodure de potassium mis à leur disposition par le gouvernement à titre de prévention lors de cette campagne de 2014.

Des stocks dans les écoles

Les membres du gouvernement rappellent aussi que chaque personne qui se présente pour déclarer son nouveau lieu de résidence habituelle sur le territoire d’une commune luxembourgeoise se voit d’office proposer la remise d’un blister de comprimés d’iodure de potassium ainsi qu’une brochure d’information.

Mais il n’y a pas que les communes qui sont impliquées dans cette action de protection. À ce jour, quelque 15 000 blisters ont été distribués à 150 entreprises qui en ont fait la demande, précisent les membres du gouvernement. Ils ajoutent que la commande de comprimés d’iode par les entreprises est toujours possible et la division de la radioprotection du ministère de la Santé continue à recevoir régulièrement de telles demandes par les entreprises.

Des comprimés d’iodure de potassium sont également stockés en quantité suffisante dans l’ensemble des établissements scolaires du pays, ainsi que dans la majorité des infrastructures liées à l’enfance (crèches, maisons relais…). Les établissements souhaitant disposer d’un stock ou faire un ajustement du stock existant de comprimés d’iode peuvent faire une demande à la division de la radioprotection. Le stock de comprimés d’iode est livré et accompagné d’une note explicative dédiée au personnel enseignant. En cas d’accident nucléaire, c’est le personnel enseignant qui distribuera les pilules aux enfants. Le produit doit en effet être rapidement administré après l’accident. Rappelons que la prise d’iodure de potassium est non recommandée aux personnes de plus de 45 ans.

Les membres du gouvernement précisent aussi que l’exploitant de Cattenom, Électricité de France (EDF), a refusé de participé à l’achat de ces pilules au Luxembourg expliquant que son champ de «compétence se limite au périmètre du plan particulier d’intervention de Cattenom sur le territoire français». C’est bien connu que les nuages radioactifs s’arrêtent à la frontière en cas d’accident!

Laurent Duraisin